Pour un modèle économique et social transformé et plus résilient!

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Par Pierre Maurin Modifié le 11 mai 2021 à 10h08
Dette Pib France Premier Trimestre 1
122%La dette de la France devrait dépasser 122% du PIB en 2021.

Nous l’espérons tous, le retour à la vie normale n’est plus qu’une question de jours, la crise sanitaire serait bientôt derrière nous. En effet, la lente décrue se poursuit en France. Selon les derniers chiffres depuis deux semaines maintenant, entre 20 000 et 30 000 cas positifs, parfois même moins sont comptabilisées chaque jour, bien en dessous des 40 000 voire plus de 50 000 cas quotidiens que nous avions entre fin mars et début avril.

Mais nous sommes encore très loin du seuil de 5 000 cas qu’avait fixé en octobre le Président Macron pour sortir du deuxième confinement. Le niveau de circulation de l'épidémie reste encore "élevé", du côté des réanimations comme des hospitalisations.

Cette crise aura montré les limites de notre système de santé qu’on pensait être dans les meilleurs, voire même le meilleur du monde. Nous avons eu plusieurs épisodes chaotiques, avec l’absence de masques au départ, le manque de tests et les débuts très lents de la vaccination. Aujourd’hui, la campagne de vaccination s’est améliorée et le gouvernement a repris les arguments que j’avais proposés dans cette tribune https://www.economiematin.fr/news-strategie-vaccination-interrogations-covid pour un élargissement de la vaccination notamment vers des publics exposés, pour un raccourcissement des délais entre la première et le deuxième injection et aussi pour favoriser une hausse plus importante des vaccinodromes. Je m’en réjouis, car ces propositions étaient au service de la France, loin de toute logique partisane. Il faudra toutefois engager une réforme d’ampleur de l’hôpital en France, avec la réduction du personnel administratif et le recrutement de davantage de soignants mieux rémunérés, un transfert de pouvoir en faveur des médecins et de une délégation de la gestion des ARS aux régions. En effet, le déficit de la sécurité sociale est abyssal en 2020, il sera de près de 40 milliards d’euros, dont plus de 30 milliards pour l’Assurance Maladie. La résorption de ce déficit passe avant tout par une réforme de l’organisation et de la gouvernance du système de santé, avec une décentralisation plus forte plutôt que par la chasse aux coûts qui a montré ses limites au cours de ces dernières années.

Par ailleurs, cette crise a affaibli notre modèle économique et social durablement, notamment avec un déficit commercial de plus de 80 milliards d’euros, un endettement record de plus de 115% du PIB et un taux de chômage de plus de 8%, donc toujours loin du plein emploi. Certes, l’économie est en train de rebondir, avec un taux de croissance de 5% attendu en 2021. En plus des aides massives au chômage partiel et autre fonds de solidarité, notre pays a dépensé plus de 100 milliards, dans un plan de relance visant à redonner de la compétitivité aux entreprises, à les orienter vers une économie plus verte et à accélérer leur digitalisation. Toutefois, on peut s’interroger sur l’efficacité de ces dépenses, car au bout du compte, les cotisations sociales de nos entreprises restent à un niveau bien plus élevé que nos voisins européens et le salut économique de la France passe aussi par une mise à niveau de ces cotisations avec la moyenne européenne. Le gouvernement a bien baissé les impôts de production de 10 milliards, mais nous sommes encore loin des impôts sur la production du niveau de nos voisins européens. Avant, cette baisse, ils étaient 7 à 8 fois plus élevés en France qu’en Allemagne avec 0,7 % du PIB versus 4,6% du PIB pour nous. Mis à part des aides financières massives et indispensables pour la survie de notre tissu économique et des subventions pour moderniser l’appareil productif, aucune transformation d’ampleur de notre modèle économique et social n’a été engagé en faveur du plein emploi.

Reste la question des finances publiques qui ont dépassé 66% du PIB en 2020 : c’est tout simplement de la folie ! Et la faiblesse du dispositif repose sur le fait que même dans une situation normale, soit avant le covid_19, ces dépenses publiques représentaient déjà 56% du PIB, soit 10 points que la moyenne européenne. La France est donc un pays, totalement dépendant du secteur public sur le plan économique. Le gouvernement a certes mis en place la commission Arthuis sur la maitrise des finances publiques. Nous aurions pu attendre de cette commission quelques marqueurs forts, comme notamment pas de déficit public (hors charge des intérêts de la dette) en période de croissance, un organe d’audit des finances publiques rattaché au Parlement avec de vrais moyens, comme dans les démocraties modernes, voire même l’inscription dans la constitution d’un système de frein à l’endettement. Rien de tout cela n’est proposé, on se contente de la création d’un Haut Conseil des finances publiques avec quelque pouvoirs supplémentaires, du maintien de la hause des dépenses inférieur à la hausse des recettes et d’un engagement plus important du parlement, avec un programme d’évaluation pluriannuel des dépenses.

Nous restons au global, dans une discussion de salon, entre gens de bonne compagnie dont le souhait est de limiter la hausse des dépenses publiques, mais sans réelle culture des résultats. Et même si notre pays peut emprunter à des taux très bas, on parle notamment de 260 milliards d’euros en 2021, cette facilité risque un jour de s’arrêter avec la remontée des taux d’intérêt. Les chiffres sont en effet vertigineux, avec un déficit de l’état prévu de plus de 170 milliards d’euros sans compter les autres déficits qui sont aussi colossaux, comme la sécurité sociale (évoquée plus haut) ou le régime d’assurance chômage qui a atteint 54 milliards en 2020, et qui est sur un trajectoire à 70 milliards en 2022.

On le voit bien, notre modèle économique et social est très fragilisé depuis le début de cette crise sanitaire. Les mesures nécessaires pour provoquer un sursaut, nous les connaissons en France, c’est d’engager une réforme des retraites courageuse avec le report de l’âge de départ après la présidentielle de 2022, c’est aussi de donner plus de pouvoirs au parlement pour évaluer et engager la baisse ou du moins la stabilisation de la dépense publique. C’est également d’engager une décentralisation avec un transfert de pouvoirs vers les régions notamment de la formation professionnelle et les agences régionales de santé. La fusion de nos aides sociales en une allocation unique et la baisse des coûts de production de nos services publics sont aussi des enjeux majeurs pour transformer notre modèle et le rendre enfin compétitif pour retrouver de l’agilité, plus d’attractivité et le plein emploi.

Même si les enjeux de la présidentielle de 2022 porteront plus sur les questions de sécurité et d’immigration, il est urgent que nos partis d’opposition se mettent autour d’une table et engagent les travaux de refondation économique et sociale de notre pays autour de ces propositions pour revenir à une dette à 100% en 2027, avoir une situation de plein emploi, réduire la fracture sociale et assurer un avenir plus serein pour les jeunes générations. La France a de formidables atouts sur le plan économique, elle dispose de leaders mondiaux, sa culture continue de rayonner dans le monde entier, son modèle social est empreint de solidarité et il est temps de proposer des solutions crédibles, réalistes et justes pour ce prochain quinquennat, faute de quoi, nous connaitrons le déclassement. L’heure est donc au maintien d’un cap et d’une vision, nous avons la capacité de rebondir, comme d’autres pays qui ont connu des difficultés, mais pour cela, il s’agit de décider ensemble d’un nouvel avenir commun !

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Pierre Maurin est entrepreneur, Vice-Président des Centristes Paris et Membre du Comité Exécutif de Les-IDées.fr. Délégué Economie et Emploi Les Centristes Elu du 9ème arrondissement de Paris.

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