Municipales : à l’heure du développement durable, n’oublions pas les crèches

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Claire Grolleau Escriva Modifié le 29 novembre 2022 à 10h11

Les municipalités sont de plus en plus nombreuses à s'engager de façon concrète en faveur du développement durable, comme en témoignent l'élimination programmée des pesticides dans les espaces verts municipaux ou le développement des cantines scolaires bio. Pourquoi les crèches ne figurent-elles pas en bonne place dans cette démarche ?

Sans doute parce que la question de leur capacité d'accueil, si cruciale pour les jeunes parents -citadins en particulier-, occulte les autres. Pourtant, les crèches sont des lieux exemplaires où cohabitent des enjeux sociaux, pédagogiques, économiques, de bien-être et de santé : il est donc particulièrement intéressant d'y mener une démarche d'engagement vers le développement durable.

Les questions environnementales y ont leur place, tout d'abord parce qu'elles contribuent à la qualité de vie des jeunes enfants qui y sont accueillis. Chacun sait que la petite enfance est une période déterminante en terme de développement, et que l'organisme des bébés est plus sensible à tous les types de toxicité. Aussi, au quotidien, à la maison, les parents s'efforcent de privilégier le meilleur pour préserver leur santé : peinture, jouets ou biberons le moins toxiques possibles, alimentation saine et goûteuse... Plutôt que de renoncer à ces préoccupations au seuil de la crèche, il s'agit au contraire de leur redonner une place centrale et d'offrir la meilleure qualité de vie possible aux enfants.

Les questions environnementales y ont aussi leur place parce que le fonctionnement de la crèche a un impact sur l'écosystème. Par exemple, entre les couches usagées, les lingettes, les cartons d'emballages et les restes alimentaires, la quantité de déchets journaliers générés est impressionnante. Côté hygiène et entretien, l'aseptisation conduit souvent les structures à employer des produits ménagers dont les rejets entraînent une pollution de l'air et de l'eau. La question de la consommation d'eau et d'énergie (isolation et chauffage), comme celle des revêtements des murs et sols du lieu, entre aussi en considération.

Un certain nombre de bonnes pratiques et de gestes simples peuvent réduire l'impact sur l'environnement et améliorer la qualité de vie sur les lieux. Des crèches, réparties sur l'ensemble du territoire, en ont déjà fait l'expérience. Elles ont revu leurs pratiques professionnelles de façon à amener dans leurs établissements tri sélectif, recyclage, système anti-gaspillage de l'eau, produits d'hygiène et d'entretien plus naturels, alimentation à base de produits frais régionaux ou issus de l'agriculture biologique, sources d'énergies renouvelables...

Elle se sont engagées dans cette voie à leur rythme, suivant leurs priorités et spécificités, opérant les changements en douceur, dans un souci d'amélioration continue et de pérennisation. Adaptée aux pratiques de chaque établissement, cette démarche ne représente alors pas une contrainte supplémentaire pour le personnel.

Ces expériences conduites depuis plusieurs années par des crèches volontaires ont permis d'en mesurer l'impact positif. A court, moyen ou long terme, toutes les actions menées ont des répercussions sur la qualité de vie des enfants, l'environnement et le fonctionnement de la structure : économies de budget, économies d'énergie (jusqu'à -25 %), mais aussi baisse notable des jours d'absence du personnel. Car c'est l'un des bénéfices secondaires de cette démarche : réintroduire du sens dans leur métier comme dans leurs pratiques, en les invitant à une réflexion sur leurs valeurs professionnelles et leur rôle dans la transmission. Faire le choix du développement durable dans les lieux d'accueil de la petite enfance, c'est donc aussi mettre en place une dynamique positive, un cercle vertueux, bénéfique pour les enfants, les parents et le personnel de l'établissement.

Loin de discuter la qualité des lieux d'accueil tels qu'ils existent aujourd'hui, nous croyons simplement que le modèle actuel est perfectible. Avec le soutien d'experts et d'associations, en concertation avec les professionnels de la petite enfance, il doit s'ouvrir aux enjeux environnementaux et mettre en place les pratiques les plus respectueuses possibles de la santé et du bien-être des enfants comme du personnel. Il appartient en premier lieu aux élus et aux équipes municipales d'être les porteurs de ce changement, d'inciter et de soutenir les établissements qui s'engagent dans une démarche éco-responsable. Pour répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre le cadre de vie et les ressources des générations futures, et pour que les crèches d'aujourd'hui deviennent le modèle de demain.

Tribune initialement publiée sur le HuffPost et reproduite ici avec l'aimable autorisation de son auteur.

Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Ecotoxicologue de formation, Claire Grolleau Escriva a travaillé dans l’industrie chimique avant de mettre ses connaissances de l’impact des polluants sur les écosystèmes au service du public. Jeune maman, elle crée à Marseille, en 1998, une association pour mettre les sens des enfants en crèche au contact de la nature. Les crèches n’ont pas tardé à lui demander des conseils sur le choix des matériaux, des aliments ou des activités qu’elles mettaient en œuvre. Le concept Ecolo crèche® venait de germer.

Suivez-nous sur Google News Economie Matin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Municipales : à l’heure du développement durable, n’oublions pas les crèches»

Laisser un commentaire

* Champs requis