Neelie Kroes, vous vous souvenez ? Non, sans doute pas. C’était le scandale de la semaine dernière mais comme entre-temps, on a eu un noir abattu et des émeutes aux USA, le divorce d’Angelina et de Brad (qui en plus se permet de gueuler sur ses gosses comme le dernier des criminels) et Hollande qui n’est pas candidat et pas en campagne mais qui vient de promettre de démanteler la jungle de Calais – Calais devenue d’ailleurs ville où tout le gratin par encore gratiné de la campagne à venir doit aller se faire voir comme ce fut le cas pour la ville de Florange lors de la dernière élection. Et pourtant, Florange ferma (l’usine) et pour Calais, on nettoiera, puis ça repoussera…
Bref, comme il y a eu tout cela et bien d’autres choses encore, il est évident que tout le monde a oublié le scandale Neelie Kroes. Tout le monde ? Non, un petit groupe d’inpertinents et d’insolents invétérés résiste encore et toujours à l’envahisseur du court-termisme et de la perte de mémoire. Si vous lisez ces lignes, alors vous êtes la résistance à la bêtise ambiante, et côté bêtise, dans l’édition du jour, vous allez être servis et pas qu’un peu !
Bref, détaillons qui est cette charmante femme.
Elle est née le 19 juillet 1941 à Rotterdam, et elle est une femme d’affaires et politique néerlandaise, membre du parti populaire libéral et démocrate. (On se fiche comme d’une guigne de sa date de naissance, mais ça fait bien dans une « bio »!)
Ministre des Transports des Pays-Bas entre 1982 et 1989, elle est plus tard commissaire européenne à la concurrence dans la Commission Barroso I entre 2004 et 2009, puis vice-présidente de la Commission européenne et commissaire européenne à la société numérique au sein de la Commission Barroso II entre 2009 et 2014…
Bon, en gros, elle va être l’une des plus importantes dirigeantes de l’UE pendant presque 10 ans !
Elle a épousé en secondes noces Bram Peper, ancien maire travailliste de Rotterdam et ministre de l’Intérieur des Pays-Bas… On s’en fiche aussi mais ça renforce son profil « House of Cards » – pour ceux qui ne connaissent pas la série, c’est l’histoire d’un couple d’Américains prêts à tout pour accéder au pouvoir le plus élevé… y compris à tuer toutes celles et ceux qui pourraient entraver leur ascension.
Dès le départ, sa nomination dans l’équipe de José Manuel Durão Barroso fut critiquée par le Parlement européen en raison de nombreux conflits d’intérêts potentiels : elle a détenu un mandat d’administrateur dans 43 grandes entreprises (Thales, Volvo, Lucent Technologies, etc.) et siégé au bord de 12 entreprises européennes. Pour cette raison, il est prévu que Neelie Kroes soit dessaisie d’un dossier dès qu’il fait intervenir une entreprise pour laquelle elle a travaillé. (Bon, ça, c’est ce qu’on dit aux couillons qui s’empressent de le croire et pour sauver l’honneur, mais en vrai, on continue à s’en mettre plein les poches sur le dos des mêmes couillons appelés peuples européens).
Elle a également été mise en cause aux Pays-Bas pour la gestion de son patrimoine immobilier et des relations d’affaires peu claires avec le promoteur Jan-Dirk Paarlberg, proche d’un groupe mafieux dirigé par Willem Holleeder…
Il n’y a pas à dire, c’est une femme exquise. D’ailleurs, la Commission européenne est un ramassis de gens absolument exquis qui prennent soin de vos intérêts… Hahahahahahahahahaha…
Après la Commission ? Un emploi du temps chargé…
Après avoir quitté la Commission européenne, Neelie Kroes a confirmé le 22 mars 2016 avoir rejoint le conseil d’administration de Salesforce, une entreprise américaine spécialisée dans le cloud computing.
Depuis 2016, elle siège au Comité de conseil en politique publique d’Uber.
Et enfin, elle est aussi salariée de la Bank of America Merrill Lynch, ce qui l’a fait citer dans des enquêtes anti-lobbying…
Le plus sympa en fait, en terme de résultat de lobbying, c’est évidemment l’affaire UBER car si chaque pays a tenté de défendre sa législation, au niveau européen, ce sont des portes grandes ouvertes qui attendaient la société Uber. Merci qui ? Merci Neelie !
Son action est évidemment de la vente au privé d’une influence acquise dans le public dans ses fonctions à la Commission. Mais il n’y a pas que cela. La réalité c’est que la Commission européenne n’est plus qu’un immense machin opaque, au service du totalitarisme marchand.
Encore des preuves de plus pour ceux qui continuent dans leur naïveté d’un rêve européen de paix devenu cauchemar démocratique des peuples d’Europe.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae