Aux États-Unis, Dennis Gartman est surnommé le « roi des commodities », ce qui bien évidemment inclut les métaux précieux et l’or en premier.
Cet analyste précisait récemment sa pensée lors d’une émission sur CNBC qui reste LA chaîne de référence des affaires et de l’économie en Amérique.
Pour lui, la corrélation entre l’or et les obligations est une aberration économique puisque si l’or est une protection et donc un « pari » sur l’inflation, les obligations, quant à elles, sont un pari sur la déflation.
Pour résumer, obligations et or ayant des objectifs et des raisons d’être totalement opposés, il est impossible que leurs cours évoluent durablement dans le même sens.
Or… contre toute attente, les obligations et l’or évoluent dans le même sens.
Pour Dennis Gartman, cette tendance inhabituelle entre l’or et les obligations pourrait être sur le point de se briser « violemment ».
Un krach haussier pour l’or et baissier pour les obligations !
Dennis Gartman a déclaré sur CNBC qu’il “parierait qu’ils se déplacent tous les deux violemment dans une direction – l’or cassant à la hausse et les obligations cassant à la baisse”.
Pour ce spécialiste, si la tendance actuelle se rompt, les investisseurs obligataires pourraient avoir des problèmes. De gros problèmes même !
Pour lui, le problème se trouve dans les taux historiquement bas qu’impose la FED à l’économie américaine, mais les remontées de taux prévues et déjà faites font baisser le prix des obligations, et cette baisse, pour le moment contenue et marginale, pourrait prendre une ampleur problématique et confiner au krach obligataire.
Enfin, il indique aussi que “si vous remontez à plus de deux ans, cinq ans, dix ans, 15 ans, 50 ans, 100 ans, l’or et les obligations ne vont jamais aller dans la même direction”.
La seule chose incertaine pour Gartman, c’est le « calendrier ». Si le fait que cette anomalie va prendre fin ne fait plus débat, le « timing », lui, est nettement plus délicat à prévoir.
“Cela se passera peut-etre cette semaine. Peut-être que ce sera ce mois-ci “, a prévenu Gartman. Mais, “quand cela arrivera, cela se produira violemment, et la tendance historique de long terme se réaffirmera une fois de plus”. L’or et les obligations ne peuvent pas évoluer dans le même sens.
A-t-il raison ? Peut-être pas !
Je m’explique : si jusqu’à présent l’or monte et les obligations également, ce qui est effectivement aberrant, il se pourrait, aussi absurde que cela puisse paraître, que ce paradoxe perdure également quelques jours en cas de correction violente sur le marché obligataire.
On pourrait imaginer que lorsque les obligations s’effondreront, l’or suivra également pendant quelques temps un mouvement baissier.
Il y aurait une certaine logique à cela. En augmentant les taux, la FED évidemment casserait le risque d’une inflation importante, et redonnerait de la valeur à la monnaie. Dans un tel cas, la détention d’or n’est pas le meilleur investissement.
D’un autre côté, au bout du compte, si les taux montent, ce sera la faillite d’un système financier mondial qui croule sous les dettes.
Cela veut dire qu’il ne restera que l’or.
Mais il faudra un petit laps de temps pour que cette vérité se fraye un chemin dans l’esprit embrumé de nos psychopathes de « marchés ».
Quand les marchés auront compris, alors ils se rueront sur l’or et là, à ce moment et pas avant, l’or explosera et les obligations s’effondreront en tendant vers 0.
MAIS l’or n’explosera à la hausse que lorsque les investisseurs comprendront que les dettes ne seront jamais remboursées, et que leur épargne vaudra 0, puisque l’épargne repose essentiellement sur des dettes.
Alors, oui, la corrélation inverse de long terme entre or et obligation reprendra ses droits. Mais pas avant.
Hélas, lorsque cela se produira, vous n’aurez sans doute pas la possibilité de vous positionner sur le métal jaune, et c’est la raison pour laquelle on achète de l’or régulièrement, et pour se couvrir, il ne faut pas attendre le dernier moment que les portes se referment. L’or est un investissement en anticipation.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae