Mauvaise passe pour le Crédit Agricole. La banque verte, qui détient par ailleurs LCL (ex Crédit Lyonnais) en France, est contrainte d'admettre que toutes les acquisitions réalisées ces dernières années n'étaient pas de si bonnes affaires.
Pour faire simple, le Crédit Agricole a soit payé trop cher, soit acheté au mauvais moment, soit manqué de chance sur certains dossiers. C'est le cas avec la banque grecque Emporiki, en quasi faillite, cédée cet été à Alpha Bank. Non seulement elle a été cédée à la casse, mais Crédit Agricole a du renflouer la banque avant d'en donner les clefs à Alpha. L'affaire lui coûte 3,2 milliards d'euros, et apparaissait déjà dans les comptes de la banque, en rouge de plus de 2,5 milliards sur 2012.
Aujourd'hui, le Crédit Agricole a annoncé dans un communiqué ajouter encore 3,8 milliards de charges exceptionnelles sur le quatrième trimestre de l'année écoulée pour "dépréciation d'actifs". Dans ce cas, la banque n'a pas vendu (et donc, selon l'adage, n'a pas perdu) mais constate que la valeur des biens qu'elle détient n'est plus la même qu'au dernier arrêté comptable. En l'occurence, le Crédit Agricole admet que ses parts dans Newedge, une banque américaine spécialisée dans le courtage ne valent plus autant qu'évalué. Idem pour ses parts dans la banque portugaise BES. D'autres filiales ou activités en difficulté pésent dans ces charges, comme les entités chargées du financement des entreprises ou du crédit à la consommation.
Cependant, si ces chiffres restent impressionnants, ils ne présentent pas de menace quant à la viabilité de la banque. Elle constate avoir perdu beaucoup d'argent, mais l'argent est déjà parti en fumée. Le cours de l'action pourrait être chahuté un temps, mais cette opération transparence sur les comptes peut paradoxalement lui profiter dans le futur. La question que tout le monde se pose désormais : quelle sera la prochaine banque à faire le ménage dans ses comptes et à accepter de dévaloriser ses actifs ?