Les petites lignes ferroviaires, dommageablement délaissées depuis les années 80, représentent environ un tiers du réseau ferroviaire français accueillant des voyageurs, soit 9.137 km sur un total de 28.364 km. Bien avant le règne de l’automobile, le train a favorisé l’essor du transport des marchandises et des personnes, tout en réalisant l’unification des territoires, qu’ils soient urbains ou ruraux.
Aujourd’hui, on observe le dynamisme démographique de l'espace rural qui a pour corollaire direct la nécessité d’accessibilité croissante des services publics. C’est à cet effet que le développement des moyens de transport joue un rôle primordial afin de désenclaver les zones rurales. Ainsi, les personnes qui décident de s'installer dans une zone périurbaine éloignée du lieu de leur travail ont besoin d'infrastructures performantes pour se rendre, chaque jour, de leur lieu de résidence à leur lieu de travail. Or, il appert que les populations rurales et périurbaines utilisent davantage la voiture que les urbains pour s'y rendre quotidiennement. Cette situation qui a un impact environnemental substantiel en termes de nuisances et de pollution est motivée d’une part par l’éloignement de l’emploi et des centres commerciaux et d’autre part la faible densité des transports en commun ou des dessertes mal adaptées.
Le village de Saint-Féliu d’Avall est dotée d’une gare TER qui accueille les voyageurs empruntant la ligne Perpignan-Villefranche - Vernet-les-Bains. La réouverture de la ligne aux passagers date du 25 mai 2020, et la fréquence actuelle est de trois allers le matin et cinq allers l’après-midi au départ de Perpignan et de cinq allers le matin et trois allers l’après-midi au départ de Villefranche. Toutefois, la liaison ferroviaire ne se fait qu’entre Perpignan et Ille-sur-Têt à cause de la voie affaissée toujours non réparée à Ria. Les autocars de substitution assurent la correspondance entre Ille-sur-Têt et Villefranche de Conflent et réciproquement.
Cette ligne met Perpignan à moins de quinze minutes de Saint-Feliu d’Avall en écartant tous les désagréments liés à l’usage de la voiture (embouteillages, difficultés de stationnement, amendes …). Les horaires proposés sont adaptés aussi bien aux salariés qu’aux lycéens et étudiants. De plus, le tarif de 1 euro par trajet est très attractif si on le compare à celui d’un véhicule particulier. N’oublions pas également « le petit train jaune » qui dessert les hauts cantons des Pyrénées Orientales entre Villefranche et Latour-de-Carol. Malgré une desserte difficile et plus longue en raison des travaux et du remplacement du train par des autocars entre Ille-sur-Têt et Villefranche, le mythique train jaune séduit de nombreux touristes et d’autochtones pendant la saison estivale. A Saint-Féliu d’Avall, nous sommes desservis aussi bien par la Compagnie Sankéo que par les bus du Conseil départemental mais nous tenons également à notre gare et à notre ligne ferroviaire.
Pourtant, il s’agit là d’un sujet bien délicat et encore très sensible. Le 14 décembre 2017 est survenue sur le passage à niveau n°25 de la commune de Millas la terrible collision entre un autocar transportant des collégiens sortant du Collège Christian Bourquin et une rame automotrice TER, qui assurait la liaison entre les gares de Villefranche - Vernet-les-Bains et de Perpignan. L'autocar a été coupé en deux et le bilan de cette catastrophe a été très lourd puisque six jeunes adolescents saint-féliciens sont morts et dix-sept autres enfants ont été blessés, dont certains très grièvement. Certes, le temps a passé, deux ans et demi, déjà ! Mais l’effroi et l’angoisse sont toujours présents et ne nous quitteront jamais.
Avant la réouverture de la ligne le 25 mai dernier, date à laquelle, en concertation avec les associations des victimes et des parents d’élèves, la municipalité était totalement opposée, les travaux nécessaires à la reprise de la circulation ferroviaire ont été réalisés sur le plan des opérations de maintenance et de la remise en état des installations endommagées.
Toutefois, l’objectif essentiel a été d’assurer un maximum de sécurité notamment sur le lieu de la tragédie de 2017. A cet effet, le carrefour du passage à niveau n°25 a été modifié, la signalétique a été réaménagée à hauteur des barrières, les horaires de desserte décalés et des radars pédagogiques de limitation de vitesse installés. Enfin, les horaires ont été modifiés pour ne plus être concomitants avec ceux des cars scolaires des élèves revenant du Collège Christian Bourquin.
Que la stèle inaugurée en décembre 2019 sur les lieux de l’accident inscrive dans nos mémoires les prénoms et les visages de ces enfants disparus et nous incite à plus de prudence et de vigilance. Le village continuera à vivre, bien sûr, mais il ne cessera pas de crier « Plus jamais ça ! ».