L’Union européenne tente depuis plusieurs semaines, mais sans succès, d’imposer un embargo sur le pétrole en provenance de Russie. Une « ligne rouge », selon la Hongrie qui a affiché son opposition à la mesure, la bloquant. Pour autant, elle ne devrait guère inquiéter : selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), un embargo sur la Russie ne créera pas de pénurie.
Le pétrole russe sera compensé en cas d’embargo
Dans un avis publié le 12 mai 2022, l’Agence Internationale de l’Énergie a voulu rassurer les pouvoirs publics et, surtout, les industries : le monde ne manquera pas de pétrole à court terme. L’inquiétude face à la volonté de l’Union européenne d’interdire les importations de pétrole depuis la Russie, dans le cadre des sanctions contre le Kremlin, se faisait en effet de plus en plus importante. Une pénurie de brut aurait conduit à une hausse des prix qui se serait ajoutée à l’inflation ambiante.
Ce ne sera pas le cas, selon l’AIE : l’embargo sur le pétrole russe serait largement compensé. D’un côté, l’AIE s’attend à une augmentation de la production mondiale de brut de 1,8 million de barils par jour à l’horizon de fin 2022, soit une production quotidienne de 99,4 millions de barils par jour.
Mais, surtout, c’est la demande qui va baisser : la Chine est frappée par des confinements massifs qui font chuter le besoin de pétrole pour les particuliers et les usines. La baisse de la demande permettrait donc de compenser la suppression de l’offre russe sur les marchés.
Les prix du brut toujours élevés, donc les prix des carburants aussi
Si l’AIE exclut désormais une pénurie de pétrole sur les marchés, ce qu’elle n’excluait pas en mars 2022 lors d’un précédent avis sur la question, l’agence ne prévoit pas de réelle amélioration sur le front des prix. Sur l’ensemble de l’année 2022, l’AIE s’attend à un prix du baril du brut proche de celui de début mai 2022, soit légèrement au-dessus des 100 dollars (entre 100 et 110 dollars). Les prix devraient donc se stabiliser à un niveau élevé.
Des fluctuations saisonnières peuvent également survenir, et ce dès cet été avec les grands déplacements de populations pour les congés qui vont faire augmenter la demande de carburant, et donc la demande de pétrole. De quoi faire grimper temporairement le prix du baril.
Dans tous les cas, l’AIE prévoit un prix du baril élevé qui continuera de peser sur les ménages du monde entier : en France, au 6 mai 2022, avec un prix du baril de Brent à 108,9 dollars, l’essence affichait un prix à la pompe de plus de 1,8 euro le litre, et même 1,9 euro pour le gasoil… en comptant la baisse de prix de 18 centimes d’euro en vigueur depuis le 1er avril 2022. Soit plus de 2 euros le litre sans ristourne de l’État.