Smartphones : une double révolution en marche pour la photographie

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Par Oleg Tscheltzoff Publié le 19 octobre 2013 à 3h15

Avec l'arrivée de l'iPhone, il y a plus de cinq ans, les smartphones ont tout d'abord offert à la photographie un nouveau langage. Depuis l'essor plus récent des applications de partage et de places de marché iconographiques, ils en redéfinissent aujourd'hui le modèle économique.

Presque 15 ans après l'arrivée des premiers reflex numériques professionnels, la photographie est au cœur d'une nouvelle mutation. La nouveauté ? Tout a commencé en 2007, lorsque le lancement de l'iPhone première génération et des 2 millions de pixels de sa caméra a offert aux photographes un nouveau terrain de jeu : le smartphone. Concomitantes avec le lancement d'applications de retouches d'images et de périphériques dédiés aux iPhone (objectifs Fisheye, grand angle, téléobjectif, macro...), l'arrivée de nouvelles générations d'appareils toujours plus performants a peu à peu comblé le fossé entre terminaux mobiles et appareils photographiques traditionnels, sans s'y substituer.

Les conséquences de ce changement ont d'abord été artistiques

L'ultra-portabilité des smartphones a permis de capter plus aisément l'instant, le vif, l'émotion. S'ils sont loin d'être adaptés à tous les cas de figure, leurs spécificités ont ainsi permis de dépasser les limites inhérentes aux appareils traditionnels, contraints par leur masse et par leur caractère trop ostensible, qui peut affecter le naturel des situations. En ouvrant de nouvelles potentialités, les smartphones ont ainsi créé les conditions d'un nouveau langage photographique, vers lequel de nombreux professionnels et semi-professionnels se sont rapidement tournés. Ce fut d'abord le cas des photojournalistes, dont la mission exige une restitution optimale de l'instant. De Ben Khelifa, qui a couvert les manifestations au Yémen à partir de son iPhone, à Ben Lowy, dont un des nombreux clichés sous iPhone 4S s'est invité en Une du Time, la liste des professionnels qui ont choisi de s'exprimer avec un smartphone ne cesse de s'allonger. Mais c'est aussi vrai pour les photographes d'art ou de mode. Nick Fancher, professionnel expérimenté spécialisé dans la photographie de portraits et beaux-arts, a ainsi réalisé une session de shooting largement saluée par ses pairs à l'aide d'un simple iPhone 4S. En ouvrant ces potentialités au plus grand nombre, l'essor des smartphones a certes submergé chacun d'entre nous de clichés de qualité très inégale. Mais parallèlement, les professionnels et les semi-professionnels ont profité de ce nouvel outil pour renouveler leur propre langage. Résultat, entre blogs, sites spécialisés et reconnaissance médiatique, cette nouvelle expression photographique est d'ores et déjà en voie d'institutionnalisation, à peine cinq ans après son arrivée.

D'abord artistique, le changement est devenu économique

A l'origine de cette nouvelle mutation, la montée en puissance des applications mobiles d'échange iconographique a favorisé la vitesse de circulation des clichés de façon inédite. Après les plateformes sociales sur smartphones, comme Instagram, ou les émanations mobiles de plateformes web, comme Flickr ou Pinterest, c'est aujourd'hui au tour des places de marché dédiées de se multiplier. S'y côtoient des pure players du mobile et les acteurs des microstocks. L'objectif ? Offrir un débouché commercial quasi-instantané à des clichés pris via un simple smartphone, dont la prise de vue ne précède la mise sur le marché que de quelques minutes. Avantage pour les photographes, qu'ils soient professionnels, semi-professionnels ou amateurs éclairés : profiter d'une source de revenu complémentaire à la mesure de la pertinence et de la qualité de leurs clichés. Avantage pour les utilisateurs : accéder à des photographies d'un genre nouveau, souvent plus spontanées et naturelles que ce que le marché des microstocks permettait jusqu'ici.

Mais cette innovation pose un risque : celui d'un nivellement généralisé de la qualité par le bas. Rien n'étant plus aisé que de prendre des photographies avec son smartphone, l'enjeu de ces nouvelles plateformes réside dans la garantie d'une exigence artistique minimum. Bref, dans la modération. Pour toutes ces raisons, le mariage entre les smartphones et les microstocks accompagnera la nécessaire mutation du secteur de la photographie, tout comme Deezer l'a fait pour l'industrie de la musique, apportant un moyen adapté pour monétiser ces nouveaux usages.

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Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs Electriciens de Grenoble (ENSIEG) et titulaire d'un MBA HEC (ISA) et d'un MBA de l'Université Leonard N. Stern School of Business de New York, Oleg Tscheltzoff est le président et co-fondateur de la banque d'images Fotolia.Entrepreneur et Business Angel spécialisé dans le web et l'e-business, il est également investisseur dans une quarantaine de start-up telles que Leetchi, Restopolitan, Joliebox, Tuto, Beyond the Rack, Alittlemarket, joliebox,Tuto, Kwaga, socloz, capitainetrain ou encore iadvize.Un parcours qui lui a d'ailleurs valu d'être classé, cet été, 6ème dans le Top 10 des business angels français du magazine Challenges.

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