Pour un affichage clair et crédible des produits écologiques

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Par Vincent Chriqui Publié le 8 février 2013 à 1h56

De nombreux observateurs, au premier rang desquels l’Agence Internationale de l’Energie, ont fait le constat que l’évolution des modes de consommation est indispensable pour lutter contre le changement climatique.

Nous savons que sans cette évolution, certes complexe à mettre en œuvre, il nous sera impossible de réduire suffisamment nos émissions de gaz à effet de serre pour espérer atteindre l’objectif « facteur 4 ». Il en est de même pour la préservation de la biodiversité ou la diminution de la pollution des milieux naturels. Et pour cause : comment imaginer que les marchés des produits « verts »- c’est-à-dire des produits à moindre impact écologique- se développent véritablement sans que les consommateurs ne les plébiscitent ? Comment espérer que les travaux de rénovation thermique dans les logements permettent de réaliser de véritables économies d’énergies, sans comportements économes de leurs habitants ?

La consommation des ménages, en France, a une empreinte environnementale conséquente. Concernant le seul domaine du climat, par exemple, le Commissariat général au développement durable estime que l’empreinte carbone par an d’un Français serait de 12 tonnes CO2e, soit six fois celle du secteur des transports sur le territoire national. C’est évidemment une moyenne estimée, mais l’indicateur est solide. Ces émissions sont essentiellement dues à nos déplacements (2,5 tonnes CO2e/personne/an), mais également à notre alimentation, qui serait responsable de l’émission de 2,2 tonnes CO2e par individu chaque année. Il y a donc un intérêt majeur à diminuer l’empreinte environnementale des produits de consommation. L’affichage environnemental de ces produits, expérimenté à partir de juillet 2011 suite à la loi de juillet 2010, qui consiste à donner une information sur l’impact écologique aux consommateurs, table sur l’implication des citoyens pour développer une offre plus écologique.

Les Français sont sensibilisés aux questions environnementales, comme en témoigne la progression des ventes de produits marqués par l’écolabel européen ou la marque « NF Environnement ». 64 % d’entre eux sont également demandeurs de plus d’informations sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent, qu’ils estiment insuffisantes (Ethicity, 2012).

L’empreinte environnementale des produits de consommation fait déjà l’objet d’informations, diffusées sous forme d’emballages, de slogans, d’étiquettes ou de labels attribués par divers organismes, indépendants ou non des fabricants eux-mêmes. On trouve une profusion de labels et de signaux, dans laquelle le consommateur ne peut guère se retrouver. Pire, la multiplication des allégations environnementales incite les consommateurs à douter de la crédibilité des informations, voire à les rejeter : 35 % des Français déclarent « ne plus supporter les messages des marques en faveur de l’environnement » (Ethicity, 2012).

Trois propositions pour que l’affichage environnemental soit l’outil qui réponde au besoin d’information qu’attendent les consommateurs, pour que ceux-ci puissent se l’approprier sans crainte d’être « menés en bateau » ou d’être restreints dans leurs envies et leurs besoins :

- Annoncer dès aujourd’hui une obligation d’affichage environnemental sous forme d’étiquette sur les produits de consommation, effective dans trois à cinq ans. D’ici là, il serait utile de poursuivre l’expérimentation engagée afin d’asseoir la notoriété et la crédibilité de l’étiquette, sur la base d’un nombre restreint de formats différents.

-Retenir une étiquette aisément reconnaissable et crédible sur la base d’une concertation avec l’ensemble des acteurs. Idéalement, elle devrait être estampillée d’un logo officiel émanant d’une entité publique.

-Accompagner le déploiement de l’affichage environnemental d’une politique visant à sensibiliser les consommateurs, notamment pour éviter l’association « produit vert égal produit cher », mises en avant dans les magasins et incitations comportementales innovantes. Nous proposons par exemple que le ticket de caisse mentionne le contenu en CO2 et l’impact sur la biodiversité des produits achetés.

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Vincent Chriqui est le Directeur général du Centre d’analyse stratégique.  

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