La créativité est une richesse, cultivons–la

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Par Nathalie Brun Publié le 25 mai 2014 à 2h03

Toute crise économique, sociale, ou culturelle, porte en elle ses solutions. Encore faut-il que chacun bouscule ses schémas de pensée, n’hésite pas à remettre en cause les systèmes défaillants et surtout à mettre en œuvre des idées originales, source de renouvellement et de richesse.

En décembre 2012, Laure Kaltenbach et Olivier Le Guay membres du Forum d'Avignon publiaient dans Le Monde une tribune proclamant sans appel "La culture nous sortira de la crise !". Pour ces deux observateurs, "l'investissement culturel public et privé dans la culture et la formation artistique et créative constituent les leviers pour enrichir et dessiner notre futur". Et pour eux, ce principe se vérifie largement dans le monde des affaires : "Les entreprises qui investissent deux fois plus que la moyenne dans les ressources créatives ont 25 % de chances supplémentaires de créer des produits innovants. Faut-il citer Apple, première capitalisation mondiale, et la part du design créatif dans cette réussite ?… Toutes les industries ont à gagner des créateurs pour imaginer leurs produits et services de demain. "

La créativité est une qualité liée aux artistes mais c’est aussi l'un des moteurs de l’activité économique. Les nouvelles technologies en sont un vecteur de prédilection. Qui pouvait imaginer il y a quelques années que nous pourrions lire des textes de Victor Hugo, Michel Houellebecq, ou Guillaume Musso sur smartphones et tablettes aussi facilement que sur papier ? De ces réussites industrielles, on retient surtout des objets qui ont radicalement modifié nos façons de communiquer et de s’instruire, mais ils ne restent que de simples outils. Aucune tablette tactile aussi performante soit-elle n’aura une quelconque utilité sans un accès à des contenus. Des contenus à inventer, à puiser dans les fonds de bibliothèques, ou chez les éditeurs.

La créativité au royaume de l'Internet

Etre plus cultivé grâce aux nouvelles technologies et à Internet ? Personne ne doute plus que ce soit possible et les outils pour le faire sont séduisants. Mais ces innovations favorisent-elles vraiment la création ? Les auteurs y sont-ils suffisamment protégés ? En 2010, Olivier Donnat sociologue au département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et de la Communication constatait "que l’essor du numérique a favorisé l’accès à l’information et aux contenus culturels, mais qu’il a pu contribuer à réduire la consommation payante de certains produits culturels, les disques par exemple."

Un risque qui aurait pu toucher le monde de l’édition confronté lui aussi à la dématérialisation des œuvres et à leur diffusion sur Internet. Mais les éditeurs ont pu tirer le bilan de la malheureuse expérience de l'industrie du disque, bousculée par l’apparition du numérique. Depuis, en produisant des artistes de qualité et en adaptant ses modes de diffusion, ce secteur a pu annoncer début 2014 une légère "reprise du marché".

Dans le secteur du livre, les maisons d'édition ancestrales ont essayé plusieurs modèles d'adaptation au numérique. Hachette Livre notamment a porté tous ses efforts sur la préservation, puis la valorisation de son patrimoine dans l'ère du digital, en investissant dans le livre numérique : "nous avons simplement voulu empêcher que l'industrie du livre en France ne subisse le même sort que celle de la musique. Je crois au contraire que grâce à nous, un écosystème vertueux et équilibré s'est installé" précise Arnaud Nourry. Sur la base de ce modèle concentrique dont la créativité constitue le noyau, l’édition semble d’ailleurs être le seul secteur culturel à avoir réussi son "virage numérique ".

Désormais c'est une équipe composée d'ingénieurs et de graphistes multimédias qui gravite autour du couple éditeur-auteur pour donner naissance à des objets culturels enrichis par rapport au livre d'origine. Mais Laurence Santantonios auteure d’Auteur- éditeur, création sous influence (Loris Talmart, 2000) prévient tout de même : "La numérisation des livres via l’Internet... C’est à la fois l’ange et le démon. Quand l’Internet permet de trouver un livre oublié, c’est un relais formidable. Mais quand Google veut numériser, d’ici à dix ans, 15 millions de titres en partenariat avec des universités anglo- saxonnes et mettre à disposition des extraits gratuits de ces œuvres... Quels seront les risques de piratage ?" Toute médaille a son revers.

Internet peut être perçu comme une opportunité ou une menace pour la créativité, et la position des pouvoirs publics sur ce sujet n’est pas tranchée, pour autant qu’elle puisse l’être. Cette année, la ministre de la culture semble vouloir favoriser la créativité dans l'audiovisuel à l'heure d'internet. Tout comme pour l'édition et la musique, ce secteur est malmené depuis des années par le piratage sur le web et réclame de l'aide. La réponse du gouvernement a un double objectif : faire en sorte que les géants du web comme Google, qui perçoivent des revenus des œuvres diffusées, paient leurs taxes dans le pays de consommation, et non dans celui d'établissement, et mieux financer la création, notamment grâce au concours Du Centre national du cinéma (CNC). Et là encore, il ne sera pas question de contribuer à l'avènement des programmes à bas coûts mais bien de favoriser les documentaires patrimoniaux, historiques ou scientifiques par exemple.

A l'instar des industries culturelles, la créativité est une clé de la réussite dans de nombreux domaines, depuis les petites entreprises qui veulent développer la créativité de leurs collaborateurs jusqu'aux industries qui recherchent la créativité collective au service de l'innovation... et en passant par les parents et les enseignants dont l'objectif devrait être avant tout de cultiver la créativité des enfants !

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