Poursuite des violences dans le Cabo Delgado

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Par Louise Tavares Modifié le 6 novembre 2020 à 14h39
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La problématique de la violence dans le Cabo Delgado, loin de faire la une des journaux occidentaux, se pose actuellement comme un sujet majeur pour le gouvernement mozambicain.

En effet, le 4 novembre, des insurgés islamistes ont de nouveau frappé le nord du pays, en décapitant une vingtaine d’hommes et d’adolescents qui participaient à une cérémonie d’initiation dans le district de Muidumbe, dans la province du Cabo Delgado.

Peu après, le ministre de l’Intérieur du Mozambique, Amade Miquidade, s’est exprimé en déclarant que la situation sécuritaire demeurait très compliquée dans cette région du pays.

Depuis le 16 octobre 2020, la capitale de la province du Cabo Delgado, Pemba, a vu affluer, selon les données du gouvernement, plus de 11 000 déplacés arrivant du nord de la province.

Toutefois, il est fort probable que ce chiffre soit largement en dessous de la réalité.

Par ailleurs, la ville portuaire stratégique de Mocímboa da Praia, prise le 23 mars 2020 par les insurgés, est toujours à leurs mains.

Alerte de MSF

Le jour de l’attaque, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a alerté sur le fait que « des centaines de milliers de déplacés avaient besoin d’une aide d’urgence », en particulier sur le plan sanitaire.

En mars, l’ONG avait dû suspendre ses activités médicales dans la ville de Mocímboa da Praia, puis en mai à Macomia suite à plusieurs épisodes de violences.

L’ONG a ainsi demandé au gouvernement du Mozambique le déploiement immédiat de ressources humaines et matérielles dans la province.

Réponses du gouvernement

Malgré les déclarations d’intentions, les réponses du gouvernement sont insuffisantes pour enrayer ces violences.

Le 5 novembre, le président Filipe Nyusi a présenté le renforcement du pouvoir judiciaire et le développement économique comme des moyens pour contrer la radicalisation des insurgés islamistes.

Mais pour le moment, largement dépassées, les forces armées du pays ne semblent pas à la hauteur du problème et le gouvernement a dû faire appel à plusieurs sociétés de sécurité privées, notamment celle de Lionel Dyck, le Dyck Advisory Group.

Toutefois, selon des sources bien informées, le président Filipe Nyusi ne serait pas satisfait du travail de la société, dont l’objectif principal est depuis août dernier de former les policiers du Cabo Delgado. Récemment, le gouvernement a fait appel à d’autres sociétés de sécurité privée pour lui venir en aide.

Plusieurs États sont également engagés dans le soutien financier et logistique au Mozambique sur la question du Cabo Delgado. C’est par exemple le cas du Japon, qui a récemment fait un don de 4,2 millions de dollars au gouvernement.

L’Union européenne est particulièrement engagée aussi sur la question : après plusieurs mois de négociations, un accord d’assistance entre l’UE et le gouvernement du Mozambique pourrait voir le jour. Il serait composé par trois volets : la formation de l’armée, la logistique militaire et la gestion des déplacés.

Bien que la dimension humanitaire soit réelle dans l’offre européenne, son aide n’est pas dénuée d’intérêt. Le potentiel du secteur gazier mozambicain intéresse de nombreuses entreprises au niveau mondial et l’Union Européenne n’a pas l’intention d’abandonner le pays aux groupes chinois ou américains.

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Louise Tavares : chercheuse en sciences politiques, spécialisée sur les pays d'Afrique lusophone.

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