Précarité ? Héroïsme ! (extrait)

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Par Katharina Zilkowski et Yves Hinnekint Publié le 15 novembre 2020 à 5h03
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65%Selon un sondage Opinionway, 65% des jeunes sont prêts à renoncer à une partie de leur pouvoir d'achat en faveur de la transition écologique.

Parlons de la précarité. Les jeunes entre 15 et 29 ans sont 50% à occuper des emplois précaires : CDD, stages à gogo, auto-entrepreneurs en services divers qui vont du chauffeur de VTC à livreur. Ces derniers circulent encore en ces jours de pandémie.

En ce singulier début d’année 2020 leur statut social a changé, le 16 mars 2020 à midi pile. « Aujourd’hui, les métiers essentiels sont ceux qui nous permettent de vivre. […] On peut aussi penser aux éboueurs, aux personnels des commerces alimentaires…Soudainement, les titulaires des métiers les mieux payés nous apparaissent bien inutiles… », analyse la philosophe et sociologue Dominique Méda dès le 22 mars 2020 dans les colonnes de Pour l’Éco. L’héroïsme a changé de camp, on te le dit, #jeune! Le directeur général de la Santé donnait un chiffre intéressant: 40% des Français sont éligibles au télétravail. Drôle d’instantané de la France des cols blancs/cols bleus. Pour ton après-guerre, ton futur miracle économique, nous avons des propositions à te faire. Nous y reviendrons plus tard.

Laisse-nous t’affubler de ce hashtag pour quelques lignes encore, car le #jeune est généralement traité comme le grand inconnu, sujet d’études sociologiques, mystérieux organisme vivant, évoluant de préférence la nuit, dont les autres peinent à reconnaître les ambitions, les aspirations et les rêves. Les instituts sondent les grandes lignes de ta pensée, t’observent. C’est ce que montre la dernière enquête, publiée par le CREDOC en décembre 2019 : « Les jeunes ont de fortes inquiétudes pour l’environnement, mais les comportements restent consuméristes »

Ou encore ce sondage #MoiJeune par l’institut OpinionWay du 21 janvier 2020 : 53% des 18-30 ans soutiennent le mouvement des Gilets jaunes car ils s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat. De plus, 65% des jeunes sont prêts à renoncer à une partie de leur pouvoir d’achat en faveur de la transition écologique. Le genre d’info qu’on écoute d’une oreille distraite au Journal de 20 heures avant de t’envoyer un message WhatsApp dans le groupe familial pour te prier de sortir de ta chambre pour le dîner d’ici 5 minutes.

Tu t’inquiètes donc de la transition écologique? Transition post-virale d’abord! Le reste suivra. La nouvelle dimension du monde – aujourd’hui en arrêt, demain à réinventer – est suspendue à l’infiniment petit. La taille d’un virus se situe tout en bas de l’échelle du mesurable. Ce sont les plus petits micro-organismes. Le virus de la fièvre jaune (nous n’avons pas ici la prétention de donner des informations sur la Covid-19, c’est bien trop tôt) mesure 2/100 de microns, une cellule humaine a un diamètre de 10 microns.

C’est donc ce petit organisme survivant seulement à l’intérieur d’une cellule, le no?1 transmis probablement quelque part d’un animal à un homme sur un marché à Wuhan en Chine centrale, qui changera ta vie à jamais.

Nous te proposons de prendre ton futur en main au moment même où nous n’entendons pas encore le grondement de la vague de la crise économique qui va demain s’écraser tel un tsunami sur les foyers et les dettes des États, dont le tien.

Oui, il faudra reconstruire quand cette guerre sanitaire sans précédent sera derrière nous! Il faudra tout remettre à plat, réinventer ton monde. Réinventer l’économie. Dans son premier discours solennel du jeudi 12 mars 2020, Emmanuel Macron l’a bien dit : une fois la sécurité sanitaire rétablie, des mesures de rupture seront prises.

C’est quoi ce b…?

Rompre notre désordre économique mondial, le train fou de la mondialisation qui vient de s’écraser contre le mur sous nos yeux ébahis, en live sur nos écrans, en boucle sur les chaînes d’information. Le fil de l’économie mondiale était prêt à rompre dès le début de la quarantaine chinoise. Le producteur du monde pliait boutique. Usines textiles fermées, chaîne d’approvisionnement de soda « light» en stress car les édulcorants viennent de Chine. Puis c’est la production des molécules composantes actives de nos médicaments – dont 80% proviennent de Chine – qui a été interrompue cet hiver.

L’Académie de Pharmacie alertait à la mi-février 2020 : « Il est indispensable de relocaliser la production des matières premières pharmaceutiques. » Tiens, tiens, un concept intéressant que ce retour en France et en Europe de ces productions qui sont aujourd’hui « de première nécessité ».

Prenons l’exemple de notre doudou préféré (qu’on adore détester, nous l’admettons bien volontiers) : notre très cher iPhone, repensé tous les ans à Cupertino en Californie pour créer de nouveaux gadgets, de nouveaux désirs, et, accessoirement, pour gonfler la courbe de croissance trimestre après trimestre et satisfaire les appétits hors norme des actionnaires. Le smartphone de Apple, le mythe américain since 1976 dans la vallée du Grand Ouest, est bien sûr assemblé en Chine à presque 100% par Foxconn Technology et ses filiales, dans des usines monstres employant près d’un million de personnes.

***

Voilà trois exemples, trois secteurs d’activité qui, comme la quasi-totalité des autres produits manufacturés, dépendent de l’usine du monde. La Chine, il faut le préciser, n’est plus seule sur ce créneau, l’Inde prend peu à peu des parts de marché. Trois pistes, cher #jeune, pour inventer de nouveaux métiers et circuits post-Covid-19.

Ceci est un extrait du livre « T'es chaud ? - Le manifeste - Jeune, et si... ? » écrit par Katharina Zilkowski et Yves Hinnekint paru aux Éditions L'Etudiant (ASIN : B08KFL6VXJ). Prix : 7,99 euros.

Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation des auteurs.

« Dix questions sur l'Europe post-covidienne : Entre défiance et puissance » de Pierre Ménat

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Yves Hinnekint est président de l’association Walt, dont la mission est de créer le lien entre les différents acteurs de l’apprentissage et les jeunes en quête d’informations, d’orientation et en recherche de formation pré-ou post-bac. Il est également ancien directeur général d'Opcalia, un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) par l’État français pour collecter les cotisations annuelles des entreprises au titre de la formation professionnelle continue des salariés.

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