Quand les écologistes s’opposent à l’écologie

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Par Gérard Kafadaroff Modifié le 27 juillet 2014 à 19h39

Les écologistes politiques ont contribué à la prise en compte des problèmes environnementaux, parfois au-delà du nécessaire.

Le principe de précaution de Chirac , le Grenelle de l'environnement de Sarkozy ou l'agroécologie du Ministre actuel de l'agriculture en sont l'illustration. Mais ces écolos verts ont-ils bien compris l'écologie, science qui étudie les relations des êtres vivants entre eux et avec leur environnement ?

Le combat sans concession des écolos contre les OGM depuis plus de quinze ans est à cet égard significatif et mérite d'être approfondi à travers l'exemple du maïs génétiquement modifié MON 810.

Ce maïs, seul OGM dont la culture est autorisée dans l'Union européenne depuis 1998 et qui suscite d'interminables controverses, reste interdit en France suite à plusieurs moratoires instaurés par les gouvernements successifs, contre les avis répétés des instances d'évaluation françaises, européenne et internationales réunissant les meilleurs experts. Ce maïs a été rendu résistant à deux chenilles (pyrale et sésamie) responsables de pertes de rendement importantes, par l'introduction d'un gène d'une bactérie commune du sol (Bacillus thuringiensis ou Bt) qui a la capacité de produire une protéine insecticide naturelle spécifique de certains insectes et inoffensive pour l'homme. Ce maïs Bt est utilisé avec succès par les agriculteurs de très nombreux pays agricoles depuis 18 ans sans connaître de problème sanitaire ou environnemental.

En Europe, l'Espagne avec 137000 hectares de maïs Bt cultivés en 2013 à travers 61 variétés comportant l'élément de transformation MON 810, est l'un des rares pays qui a laissé le libre choix à ses agriculteurs d'opter pour les semences améliorées par génie génétique.

Pourquoi les écologistes refusent d'admettre la réalité ? Pourquoi contestent-ils systématiquement les avis des experts de la communauté scientifique internationale? Pourquoi, pour les plus radicaux d'entre eux, préfèrent-ils la violence, le refus d'expérimenter et le refus de savoir ?

Au-delà des bénéfices économiques (gains de rendement, meilleure qualité du grain, simplification du travail), les avantages environnementaux du maïs Bt auraient dû, en toute logique, convaincre les écologistes adeptes de l'écologie :

Supprimer l'utilisation d'insecticides, n'est-ce pas une réponse biologique séduisante à la volonté de réduire l'utilisation des « pesticides », réclamée par les écolos et par le plan Ecophyto 2018 issu du Grenelle de l'environnement ? N'est-il pas préférable de semer un maïs résistant à la pyrale et à la sésamie que d'utiliser des insecticides avec le risque, pour certains d'entre eux, de détruire les insectes auxiliaires utiles comme les abeilles ou les coccinelles ? N'est-ce pas mieux pour la biodiversité ? Supprimer une ou plusieurs interventions dans les champs avec un tracteur et un pulvérisateur, n'est-ce pas un moyen d'économiser du carburant et de réduire l'émission de CO2 ?

S'ajoutent des avantages sanitaires non négligeables :

D'abord la réduction de l'exposition des agriculteurs aux insecticides, avantage déterminant dans le cas du cotonnier où l'arrivée des variétés issues de la même technologie Bt a permis de réduire les cas d'intoxications souvent mortelles pour les petits paysans indiens ou chinois qui intervenaient dans les champs de nombreuses fois avec des pulvérisateurs à dos.

Ensuite l'amélioration de la qualité sanitaire du maïs : Le maïs Bt protégé des attaques d'insectes aériens empêche l'installation de champignons à l'origine du développement de mycotoxines dont certaines sont connues pour leurs propriétés cancérigènes. Les éleveurs utilisant ce maïs Bt ont pu constater ses effets bénéfiques pour leurs animaux.

Bénéfices économiques, sanitaires et environnementaux, le maïs Bt répond aux trois piliers économique, environnemental et social d'une agriculture durable revendiquée par les écologistes. Certains et non des moindres l'ont compris et d'opposants aux OGM ils sont devenus des adeptes convaincus à l'instar de Patrick Moore, cofondateur de Greenpeace ou Mark Lynas, célèbre écologiste britannique.

Mais les écologistes, prisonniers de leur dogmatisme, restent sourds et aveugles à la réalité, même si elle leur est favorable et continuent leur combat, jouant sur la désinformation, la l'idéologie sécuritaire, le retour en force du naturel et la peur.

L'écologie de la peur s'est substituée à l'écologie de la science !

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Gérard Kafadaroff est ingénieur agronome et fondateur de l'Association française des biotechnologies végétales.

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