Relance post-Covid, un environnement plus complexe

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Par Sébastien Galy Publié le 14 juillet 2020 à 5h01
Etat Actions France Marches Bourse
@shutter - © Economie Matin
60%Selon Sébastien Galy, la probabilité que la Fed adopte des taux négatifs est de 60%.

Au moment de sortir de la crise du Covid-19, nous pensons que les évolutions du marché vont devenir plus complexes. D’ici quelques semaines, la partie facile de la relance post-covid sera terminée et le crédit et les actions seront nettement plus chers. À l’approche de la phase suivante, nous recommandons d’ajouter des solutions flexibles afin de réorienter rapidement les capitaux par l’intermédiaire d’un gestionnaire de portefeuille ou d’une solution automatisée.

Deux thèmes séculaires subsistent toutefois :

1) un rebond économique en Chine qui s’étend à la région Asie-Pacifique;

et 2) le thème ESG, représentant une priorité croissante pour de plus en plus d’investisseurs de tous âges.

Deux tendances séculaires émergent

Le Covid-19 a asséné un coup de massue à l’économie mondiale, avec des chocs de l’offre et de la demande comme on en avait rarement vus en plus d’un siècle. Les mesures prises par les autorités en matière de santé, de soutien aux travailleurs et entreprises, ainsi que d’assouplissement de la politique monétaire ont contribué à amortir le choc et à lancer la reprise. Nous nous trouvons actuellement dans une phase de relance, qui sera probablement en forme de U selon nous. Les données récentes semblent indiquer qu’elle sera légèrement plus rapide aux États-Unis. Au-delà de cela, la question est de savoir si les pouvoirs publics sont parvenus à stabiliser les attentes de croissance à long terme qui guident bon nombre de comportements à long terme et à court terme. À l’exception de l’Italie, les initiatives des gouvernements semblent bien fonctionner et nous permettent d’espérer en l’avenir. La conséquence en a été un rebond du crédit et des actions, avec un S&P500 proche de son point le plus haut de tous les temps. La suite, par contre, sera plus complexe.

L’envolée des actions devrait se poursuivre, avec quelques revers temporaires, grâce à l’assouplissement très agressif des politiques monétaires par les banques centrales, aux expansions budgétaires (y compris un deuxième train de mesures aux États-Unis) et à la poursuite de la réouverture de l’économie mondiale. Il est possible de se positionner dans cette perspective via des fonds climatiques, contenant généralement une grande quantité d’actions de croissance de deuxième niveau. Dans la dernière phase de la relance, nous pourrions assister à une surperformance des actions de croissance et de qualité par rapport aux actions « value » et cycliques, qui sont évaluées de manière plus fiable par des indicateurs à court terme tels que le rapport cours-bénéfices prospectif.

Cela semble indiquer une tendance en faveur de la croissance et de la qualité et, vu la concentration croissante des risques, nous recommandons de renforcer les stratégies susceptibles de s’adapter facilement aux régimes de marché, que ce soit par le biais de machines ou de gestionnaires de portefeuille.

À l’avenir, nous prévoyons l’apparition de deux thèmes séculaires. Le rebond de l’économie chinoise devrait avoir lieu avant les autres, et s’étendre au reste de l’Asie sur une période de un à trois mois. Dans ce domaine, nous nous concentrons sur la montée des classes moyennes et sur le secteur informatique riche et innovant, avec des entreprises allant des moteurs de recherche aux fabricants de microprocesseurs. On peut exploiter cette tendance par des actions ou des obligations des marchés émergents. Les écarts se sont considérablement resserrés dans l’obligataire, mais il subsiste des opportunités idiosyncratiques pour l’analyse « bottom-up ». Il existe une forte probabilité que la Fed adopte le contrôle des taux (environ 40%) et des taux d’intérêt négatifs (environ 60%, même si le marché ne le prévoit pas). Une telle politique de la Fed profiterait aux obligations en devises fortes et en devises locales des marchés émergents dans les pays étroitement liés au dollar. Les actions et les obligations des marchés émergents continuent de nous sembler attractives en tant qu’investissements à long terme.

Le second thème séculaire, l’investissement axé sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), devrait gagner encore en importance. En effet, les crises entraînent typiquement de grands changements et les investisseurs sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’urgence climatique. Les investisseurs rejettent de plus en plus le statu quo, et les bouleversements culturels qui en découlent vont déterminer les flux d’investissement et les cours. L’avantage de l’investissement ESG est qu’il réduit typiquement les risques de baisse, les entreprises de ce domaine étant généralement mieux gérées. La qualité se traduit souvent en performance.

Implications

En conclusion, la dernière phase de la relance post-Covid offrira des opportunités importantes au cours des deux prochains mois. Au-delà de cela, l’environnement va probablement se complexifier, depuis les solutions gérées et automatisées jusqu’à l’émergence de la chine et de l’ESG. Nous nous définissons par notre perspective et notre gestion des risques – des facteurs qui vont certainement gagner en importance à l’avenir.

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Sébastien Galy est macro-stratégiste senior chez Nordea Asset Management. Il analyse les tendances macroéconomiques et financières.  Sébastien a travaillé pour la Deutsche Bank et UBS.  Il détient un doctorat en finance de l'Université Concordia ainsi qu'une maîtrise et un bachelor en économie de l'Université Laval. 

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