Compétitivité : les syndicats de Renault acceptent de signer un accord historique

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Par Laure De Charette Modifié le 13 mars 2013 à 3h53

Les efforts consentis par les salariés sont immenses, mais au moins, leurs usines vont pouvoir continuer à tourner. Trois syndicats de Renault -CFE-CGC, CFDT et Force ouvrière- vont apposer aujourd'hui leur paraphe sur l'accord demandé par Carlos Ghosn, PDG de Renault. Evidemment, la CGT s'est abstenue. Les négociations ont duré des mois, les sacrifices exigés sont immenses, mais l'accord est là et bien là. Il faut dire que la direction menaçait, faute d'accord, de fermer deux usines, étant donné la panne que connaît actuellement le marché automobile : les ventes de véhicules neufs ont chuté dans l'Hexagone de 14% en 2012, pour atteindre leur plus bas en quinze ans.

D'un côté, les 44 600 salariés acceptent d'avaler un certain nombre de couleuvres : ils doivent entériner un nombre élevé de suppressions de postes - plus de 8 200 d'ici à 2016 via le non-remplacement des départs à la retraite, soit une baisse de 15 % des effectifs du groupe en France. Ils vont travailler plus -35 heures à nouveau par semaine, contre moins de 33 heures actuellement sur certains sites en raison d'accords sur la pénibilité-, pour gagner moins –leurs salaires vont être gelés cette année, alors que l'inflation est estimée à 1,75% en 2013, d'où une perte significative de leur pouvoir d'achat.

De l'autre côté, Renault prend elle aussi des engagements majeurs : pas de fermeture d'usines dans les trois années à venir –ces dernières sont situées notamment dans le Nord (à Maubeuge et à Douai) et en Seine-Maritime (à Dieppe et à Sandoubille), pas de plan social pendant cette même période, et la mobilité géographique entre les différentes usines se fera sur la base du volontariat et non pas de manière obligatoire comme le voulait la direction à l'origine. Et surtout plus de voitures neuves à produire chaque année. Les sites français vont en effet récupérer une partie de la fabrication des véhicules haut de gamme et utilitaires, vecteur de fortes marges, qui était jusque-là en partie confiée à des usines turques et portugaises.

Avec cet accord, le constructeur automobile espère doper la compétitivité de ses sites de production français, sachant que dans les usines Renault situées dans les Ppys de l'Est (qui fabriquent notamment la Twingo) mais aussi en Turquie (la Clio), en Espagne ou au Maroc, certains employés travaillent jusqu'à neuf heures de plus par semaine, tout en coûtant jusqu'à cinq moins cher à l'entreprise.

Reste à savoir si les deux parties vont tenir leurs engagements jusqu'en 2016...

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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