« Le train à destination de… partira avec un retard de 10 minutes »… Celles et ceux qui prennent le train régulièrement le savent : cette petite phrase est une de celles qui nous font haïr la personne qui a prêté sa voix à la SNCF. Heureusement qu’elle ne donne pas le résultat des statistiques de l’Autorité de la Qualité de Service dans les Transports (AQST)… car il y aurait de quoi halluciner.
L’AQST a calculé le retard cumulé par les trains chaque année
La SNCF, lorsqu’elle donne les statistiques des retards de ses trains, tente d’arrondir les angles : elle ne considère « retard » que tout retard supérieur à 5 minute pour les trajets de moins de 1h30 puis augmente sa tolérance : moins de 10 minutes de retard ce n’est pas un « retard » pour les trajets d’une longueur comprise entre 1h30 et 3h et ne prend pas en compte les retards de moins de 15 minutes pour les trajets supérieurs à 3h.
L’AQST, qui dépend du ministère du Développement Durable, a décidé de fignoler les statistiques afin de comparer la qualité de service de la SNCF avec celle de ses voisins européens. Tout retard supérieur à 5 minutes est comptabilisé. Et la somme est astronomique : 2 milliards de minutes de retard sont cumulés chaque année.
L’unité « milliards de minutes » est peu parlante : alors voilà ce que ça donne lorsqu’on les met bout à bout : 3 805 années, soit quasiment 4 millénaires. Il y a 2 milliards de minutes d’aujourd’hui l’Homme était au milieu de l’Âge du bronze…
80 % de régularité contre 90 % selon les données de la SNCF
Outre le chiffre impressionnant qu’ont trouvé les auteurs de l’étude, personne ne se serait attendu à 4 000 ans de retard cumulé chaque année, la technique utilisée par la SNCF permet aussi d’avancer des chiffres de régularité bien supérieurs : avec les statistiques fines de l’AQST le taux de régularité des trains en France n’est que de 80,3 % contre près de 90 % selon le calcul de la SNCF.
Naturellement, ces retards ont un coût : 1,5 milliard d’euros par an pour la France.