Russie : boycott et embargo lui coûtent 100 milliards par an

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 25 novembre 2014 à 6h43

Envahir l'Ukraine était-ce réellement une bonne idée ? Vladimir Poutine le pensait peut-être lorsqu'il a décidé d'aider les rebelles et, surtout, d'annexer le port de Sébastopol, mais là il est en train de s'en mordre les doigts. Car outre les coûts de l'opération militaire, les sanctions prises à l'encontre du pays par les alliés dans ce qui ressemble fort à une nouvelle Guerre Froide, heureusement pour l'instant uniquement économique, lui font perdre un tas d'argent. Et ce n'est pas comme si la Russie roulait sur l'or...

Les banques russes boycottées, les capitaux s'enfuient...

Premier impact de cette guerre politique que se font la Russie et les Etats-Unis (et leurs alliés) c'est la fuite des capitaux : selon le ministre des Finances russe, Anton Silouanov, les investisseurs, craignant pour leur pognon, quittent le pays et avec eux ce sont 104 milliards d'euros qui sont partis ailleurs.

De crainte, notamment, de mesures de confiscation mais également à cause d'un rouble qui ne vaut plus rien du tout et s'est écroulé de près de 30% face à l'euro. Forcément, quand le change n'est pas en votre faveur, vous préférez mettre l'argent ailleurs ; d'autant plus que le conflit Est-Ouest ne va pas se résoudre demain, Vladimir Poutine campant sur ses positions et étant convaincu du bien-fondé de ses manœuvres.

Et le pire c'est que ce n'est pas fini. Même si les alliés n'ont pris aucune mesure militaire en Ukraine, à part fournir quelques armes aux militaires ukrainiens pour compenser celles que Poutine fournit aux rebelles, ils ont pris des sanctions économiques. Résultat : les banques russes en souffrent, les industries également.

Et le pétrole ne va pas arranger les choses

Poutine, de son côté, maintient le cap d'une poigne de fer. Il ne va pas lâcher l'Ukraine facilement, surtout que maintenant c'est plus une affaire personnelle qu'autre chose. Et puis il y a toujours le pétrole pour faire tourner l'économie russe n'est-ce pas ?

Eh bien non ! Le cours du pétrole a chuté ces derniers mois : -30% suite, notamment, à une baisse du prix par les pays arabes qui, eux, craignent de ne plus contrôler le marché face aux Etats-Unis. Pour mettre la pression sur le pétrole de schiste ils cassent les prix et bradent l'or noir.

Une perte considérable d'argent pour l'Etat russe (les industries pétrolières sont publiques en Russie), qui comptait sur un baril à 100 dollars pour équilibrer ses comptes publics. Manque de chance, le pétrole se négocie sur les 80 dollars le baril. Au total, ce seraient près de 80 milliards de dollars qui manqueraient dans les comptes de la Mère Russie.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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