La Samaritaine, victime d’un happening anti-riches

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 5 juillet 2021 à 7h37
Lvmh Gucci Arnault Kerring Slimane
750 MILLIONS €La rénovation de la Samaritaine a coûté 750 millions d'euros.

Pour ce premier samedi des soldes, le mythique grand magasin rouvert depuis peu a été la cible d’un happening mené par l’association ATTAC. Dans le même temps, les activistes s’en prenaient au siège de LVMH afin de dénoncer « les profiteurs de la crise ».

Des images choc censées ouvrir les yeux sur les inégalités liées à la crise : c’est ce qu’étaient venus chercher les militants d’ATTAC en débarquant de bon matin devant les vitrines de la Samaritaine avec leurs bombes de peinture et leurs combinaisons de chimistes. Quelques minutes plus tard, les baies vitrées donnant sur la rue de la Monnaie étaient couvertes de noir et de graffitis hostiles à Bernard Arnault, propriétaire des lieux depuis 2001.

De l’autre côté de la rue, le même Bernard Arnault se retrouvait, en compagnie de Patrick Drahi, François Pinault et Françoise Bettencourt-Meyers (actionnaire principale de L’Oréal), sur la banderole déployée par un groupe complice devant le siège de LVMH. Sur cette banderole, on pouvait lire des slogans sans équivoque : «Le Gang des Profiteurs. Faisons payer les #ProfiteursDeLaCrise».

Dans un message publié sur Twitter, Aurélie Trouvé, porte-parole de l’ONG anticapitaliste, a justifié cette double opération par des considérations d’équité sociale : « Pendant que la fortune des milliardaires français explose, profitant de l'évasion fiscale, d'aides massives sans condition et cadeaux fiscaux... Le gouvernement prévoit de faire payer la crise aux chômeurs et aux retraités. » Si l’activiste a pris soin de préciser que la peinture employée sur les vitres de la Samaritaine était de la peinture à l’eau, l’opération, spectaculaire, a pu être assimilée à une tentative de dégradation.

La Samaritaine, symbole du Paris du XIXe siècle

Le mythique bâtiment parisien aurait sans doute rêvé mieux, pour sa réouverture, que d’être profané par ceux qui l’assimilent, de façon péjorative, à un « temple du luxe ». Voilà seize ans que cet immeuble à la silhouette bien connue des Parisiens avait fermé ses portes au public. Le temps qu’il fallait pour procéder à la rénovation intégrale de ses 20 000 mètres carrés et des nombreux trésors qu’il renferme, notamment la célèbre fresque des paons.

Cette rénovation, assurée par LVMH à hauteur de 750 millions d’euros, a permis de redonner à la Samaritaine son lustre d’antan, avec 600 marques de mode, cosmétiques, joaillerie, des restaurants, un hôtel de luxe. A terme, le site devrait employer près de 3 000 personnes.

Présent lors de son inauguration le 21 juin dernier, Emmanuel Macron a salué « ce formidable trésor patrimonial français, Art Nouveau et Art Déco, qui témoigne d'une architecture de notre capitale, et de cette capacité à réinventer les lieux qui ont fait l'histoire de nos villes ». Un peu plus d’une semaine après cet événement, alors que les soldes y attirent quotidiennement des milliers de visiteurs, les militants anticapitalistes ont offert à la Samaritaine un coup de projecteur dont elle se serait bien passée.

Condamnations de toutes parts

L’intervention d’ATTAC a eu le don de provoquer la colère de nombreux commentateurs. Ainsi la journaliste de l’Opinion Emmanuelle Ducros s’est-elle indignée, sur Twitter, qu’on jette à la vindicte « des emplois, des salariés » qui font le « luxe à la française » et participent au rayonnement du pays. Le journaliste tech Sébastien Couasnon, ex-BFM TV a rappelé que pendant la crise, 600 000 salariés de LVMH avaient vu leur emploi maintenu en France « sans recours aux aides de l’Etat ».

A droite comme à gauche, les politiques ont exprimé leur désaccord avec la méthode employée. Nouvellement réélue à la tête de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a manifesté son soutien à l’un de « nos champions nationaux, créateurs d’emplois et moteurs de l’attractivité dans le territoire ». Dans la soirée, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a condamné « un acte de vandalisme » sur un bâtiment récemment rénové, source de « rayonnement pour Paris et les Parisiens ».

D'autres Twittos n'ont pas manqué de rappeler l'apport de LVMH à l'économie française, notamment par l'impôt sur les sociétés et les emplois, ou encore l'engagement des usines du groupe à produire du gel hydroalcoolique dès 2020 pour lutter contre la Covid-19.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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