Sécurité routière : l’échec patent du radar pédagogique

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Par Cyrille Fonvielle Modifié le 23 novembre 2012 à 5h35

Il y a un peu plus d'un an, le 11 mai 2011, le gouvernement d'alors annonçait vouloir taper encore plus fort dans la lutte contre les décès sur la route. Une première mesure, censée interdire les avertisseurs communautaires et supprimer les panneaux d’avertissement de radars a été présentée en Conseil des ministres.

Devant le tollé des associations d’usagers, la mesure a finalement été changée à la va-vite pour calmer les oppositions et les avertisseurs de radars n’ont finalement eu droit qu’à une retouche cosmétique. Devenus « dispositifs d’aide à la conduite », leur utilité dépend maintenant de la qualité de l’interface et de leur capacité à désactiver la nouvelle interface pour éviter les signalements imprécis. Dans la même mesure, le gouvernement a également proposé de remplacer les panneaux jaunes et blancs, bien connus de tous par des « radars pédagogiques » aidant l’automobiliste de bonne foi à adapter sa vitesse. Une nouveauté que les fabricants de cinémomètres ne pouvaient que saluer.

Avec un an de recul, le motard et gros rouleur que je suis constate que loin de régler le problème, ces mesures ne font en fait que l’aggraver. En effet, on justifie l’installation des affichages déportés par la distraction des automobilistes qui ne pensent pas à regarder leur compteur à l’entrée des zones à risques (entendez par là qu’ils freinent tous comme des sourds à l’approche d’un radar).

Premier résultat : le conducteur est déresponsabilisé et est encore plus déconcentré de l’essentiel : la conduite… On m’a raconté il y a peu une situation analogue où un automobiliste trop préoccupé à regarder un gendarme sur un pont, avait oublié de remarquer que la voiture qui le précédait avait pilé : cinq voitures à la casse et heureusement, pas de blessés. Quand l’attention est mobilisée sur la vitesse ou la peur du gendarme, on en oublie les autres facteurs de risques.

La seconde conséquence est d’ordre technique : la qualité des cinémomètres et de leur installation est toute relative. Nombre d’indicateurs sont totalement imprécis et affichent des vitesses bien en deçà de la réalité. Cette différence de traitement de la vitesse entraine mécaniquement une hausse du nombre de flashs sur les radars signalés et de nombreux automobilistes ont l’impression d’être pris en traitres.

Quel est le problème ? Si le cahier des charges des constructeurs de radars fixes est très encadré et leur coût élevé (70.000€), celui des radars pédagogiques doit être proche du néant si on extrapole leur coût (de l’ordre de 3.000€). On comprend vite que l’on est à peu près aussi proche du radar qu’un sèche-main l’est du Mirage 2000 …

Ces changements totalement imprévus, de panneaux inertes à ces « chinoiseries », ont pourtant dû coûter cher aux préfets. En effet, pour économiser le raccordement au réseau électrique, souvent plus couteux que le cinémomètre, bon nombre de radars pédagogiques sont couplés à un panneau photovoltaïque. La suite est logique : en plus d’être imprécis, il n’est pas rare qu’ils soient simplement éteints, faute de courant.

Le plus dramatique, c’est que le citoyen automobiliste paye à tous les étages : il paye l’équipement du radar, celui du cinémomètre, la maintenance des équipements et repaye lorsqu’il se fait flasher… Le vrai sujet est là, à l’heure où il faut faire des économies je lance un appel à nos amis parlementaires pour étudier le coût de ces changements inutiles.

Pour conclure, rappelons quand même que les accidents de gaz, d’électricité, les chutes d’escabeaux, les tondeuses (…) tuent plus que votre voiture : oui il y a plus de morts par accident domestique que sur la route ! Et pourtant les budgets de prévention en la matière ne sont pas aussi fleuris ! Mais c’est vrai, on ne vous flashe pas encore à la descente de votre lit …

Alors, M. Hollande, prenez au moins une mesure de courage politique pendant votre quinquennat, démontez ces gadgets inutiles dont la fiabilité laisse à désirer et remettez-nous nos bons vieux panneaux !

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Cyrille est un ancien collaborateur parlementaire qui a travaillé pendant cinq ans au Parlement, auprès de plusieurs sénateurs et députés. Il s'occupe aujourd'hui des relations parlementaires et de l'influence d'une fédération d'assureurs. Intéressé par la transformation numérique des entreprises et les opportunités qu'elle provoque, il est passionné par la politique, surtout celle qui permet de créer des emplois !

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