Dans la guerre entre VTC et Taxis, finalement, ce sera un match nul. Le perdant est ailleurs, c'est l'Etat (et par conséquent les contribuables). Afin de clore le sujet une fois pour toutes le gouvernement a opté pour la solution proposée par Laurent Grandguillaume, le médiateur. Le principe ? Racheter purement et simplement les licences de Taxi qui ont coûté un bras aux taxis et coûteront un oeil aux finances publiques.
Seules les licences achetées seront rachetées
Aujourd'hui pour obtenir une licence de Taxi et donc se lancer dans cette profession il y a deux solutions : s'inscrire sur les listes d'attente de la préfecture (seule habilitée à délivrer les licences qui sont en nombre fermé) ou racheter la licence d'un autre taxi. Les premières sont donc gratuites pour le chauffeur qui doit attendre plusieurs années avant de l'obtenir, les secondes payantes et obtenues immédiatement.
Le médiateur nommé pour résoudre le conflit VTC/Taxi a donc proposé un plan pour racheter les licences... mais uniquement celles qui ont été achetées. Alain Vidaliès, secrétaire d'Etat aux Transports, a estimé que c'était là la meilleure solution : ça devrait permettre de remettre les choses à plat et de rembourser l'investissement de celles et ceux qui ont acheté la licence et qui voient leur travail menacé par les VTC comme Uber. Il a donc présenté un début de feuille de route lundi 4 avril 2016.
Ces derniers ont parfois investi plusieurs centaines de milliers d'euros (une licence de Taxi à Paris pouvant atteindre 350 000 euros) qu'ils pourront récupérer.
Une facture de plusieurs milliards d'euros qui va être payée par...
Le problème majeur de cette décision de racheter les licences et dont la mise en place sera précisée avant l'été selon le gouvernement (délais, modalités...) reste le financement de la mesure. Au prix de quelques centaines de milliers d'euros par licence, le coût total du rachat va dépasser, et de loin, le milliard d'euros.
Terra Nova, en mars 2016, estimait le coût du rachat des licences de taxi à 4 milliards d'euros au total. Mais certaines estimations parlent de 8 milliards... bref, quel que soit le montant final, elle sera très très élevée.
Cette facture va-t-elle incomber à l'Etat (qui cherche à faire des économies à tout va) et donc aux contribuables ? Alain Vidaliès répond "non". Le gouvernement devrait tenter de créer un "fonds" financé par la profession par le biais d'une taxe, par exemple (mais rien n'a été encore défini), prélevée sur chaque course. La taxe s'appliquerait à la fois aux taxis et aux VTC.
Tout ça devrait être précisé dans les mois à venir mais on sent déjà les tensions possibles : les VTC vont-ils accepter de financer le rachat des licences de leurs concurrents, surtout après les manifestations, parfois violentes, à leur encontre ? Les taxis n'ayant pas payé leur licence vont-ils accepter de payer pour ceux qui ont racheté la licence et qui n'ont donc pas attendu plusieurs années... alors que la leur ne vaut rien aux yeux de l'Etat ?