Ces technologies qui détruisent des emplois…

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Par Michèle Debonneuil et David Encaoua Modifié le 12 novembre 2013 à 9h28

La 6ème édition des Journées de l’économie (Jeco) de Lyon ouvre ce jeudi 14 novembre. Mario Monti sera le grand témoin de cette édition déclinée autour d’un fil rouge, « Reconstruire la confiance » ! Les Jeco, organisées par la Fondation pour l’Université de Lyon, proposent aux citoyens des clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure grâce à un éclairage économique.

6000 personnes sont attendues cette année encore pour participer aux 60 conférences au cours desquelles universitaires reconnus, chefs d’entreprises, personnalités politiques et journalistes confronteront leurs points de vue. Chaque jour, un expert vous présentera une de ces conférences! Aujourd’hui, David Encaoua et Michèle Debonneuil nous parlent de « Ces technologies qui détruisent l’emploi ! ».

Ces technologies qui détruisent des emplois…

Deux types de statistiques tombent tous les jours. Des milliers d’emplois sont supprimés dans l’industrie. En même temps, le flux d’innovations annoncées ne cesse de s’accroître. N’est-ce point là un paradoxe ? L’innovation technologique n’est-elle plus le pourvoyeur de prospérité économique, comme elle l’a été au cours des deux premières révolutions industrielles, à partir du milieu du 18ème siècle jusqu’au 20ème siècle ? Cette question est au centre de nombreuses préoccupations et réflexions contemporaines.

Pour y répondre il convient de distinguer trois types d’innovations : innovations de remplacement, de rationalisation et d’autonomisation. Les innovations de remplacement, les plus fréquentes de nos jours, améliorent simplement les performances des biens ou introduisent de nouvelles fonctionnalités. Elles permettent au mieux un renouvellement de la demande existante mais ne créent pas de nouveaux emplois dans les pays développés, notamment parce que la production des biens industriels requiert du travail non qualifié dont le prix est moins cher dans les pays en développement. Les innovations de rationalisation consistent à abaisser les coûts de production, le plus souvent en remplaçant des emplois par des machines (robots, automatismes, etc.). Quant aux innovations autonomisantes, elles confèrent une autonomie renouvelée aux usagers et sont à l’origine d’une nouvelle demande, impulsée tout autant par la nouvelle technologie que par les transformations des modes de vie qu’elle requiert. Par exemple, le passage de la traction animale à la traction motrice a créé une très forte demande de moyens de locomotion individuels et a entrainé une série de multiples conséquences sur l’urbanisme, l’habitat, le transport, etc. Elle a été accompagnée de grandes avancées dans la vie courante (confort domestique, raccordement aux réseaux, électricité, chauffage, etc.)

Développer "l’être mieux" plutôt que d’accroître "l’avoir plus" !

Aujourd’hui les innovations de remplacement et de rationalisation l’emportent sur les autonomisantes, ce qui peut expliquer la longueur inhabituelle de la phase de récession contemporaine. Dès lors que les technologies numériques apparaissent centrales dans le processus de destruction créatrice auquel nous assistons et qu’elles ne permettent plus un renouvellement des emplois industriels comme par le passé, Il semble que nous arrivons avec l’Internet des objets à un développement des technologies numériques qui va permettre un changement radical des modes de vie, fondé sur le fait que les technologies numériques décuplent les capacités mentales des hommes, comme la mécanisation de la révolution industrielle précédente avait démultiplié leurs capacités physiques.

Plutôt que d’accroître "l’avoir plus", il va être possible de développer "l’être mieux". L’internet des objets va permettre de passer d’une situation où les biens étaient achetés à une situation où ce sont les services à domicile que rendent ces biens qui seraient facturés aux utilisateurs. Les emplois perdus dans la production industrielle des biens pourraient être surcompensés par la demande de nouveaux produits-services révolutionnant les modes de vie. Ces produits-services, à l’aube d’une révolution quaternaire, sont des "solutions" dont le développement est coordonné à l’aide de capteurs embarqués pour donner naissance à des plateformes de "bouquets de solutions".

David Encaoua, Professeur émérite Université Paris I'Ecole d'Economie de Paris

Michèle Debonneuil, Economiste, chargée par le premier ministre d'une mission sur « l'économie quaternaire »

Retrouver toute l’actualité des Jeco 2013 : https://www.journeeseconomie.org/

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David Encaoua, Professeur émérite Université Paris I'Ecole d'Economie de Paris Michèle Debonneuil, Economiste, chargée par le premier ministre d'une mission sur « l'économie quaternaire »

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