Le Très haut débit est-il encore un privilège réservé aux villes en 2014 ?

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Par Damien Nevers Publié le 14 août 2014 à 3h50

Fin juin avait lieu en Eure-et-Loir l'ouverture de la première école de formation aux métiers du numérique en zone rurale, nommée « Simplon village ». Ce projet veut permettre l'émergence d'un écosystème local en proposant de former gratuitement des futurs professionnels du monde digital. Soutenue par la Mission Très Haut Débit, cette initiative interroge justement l'état d'avancement du développement de la fibre optique en milieu rural. A l'heure où le télétravail se démocratise et où le tout-connecté fait loi, nos campagnes souffrent-elles encore de lacunes en termes de raccordements ? Longtemps oubliées, ces « zones blanches » bénéficient d'une considération croissante de la part des pouvoirs publiques et des opérateurs privés.

Un Très Haut Débit porté par les opérateurs privés, Numericable en tête

Adopté début 2013, le Plan France Très Haut Débit (THD) a pour ambition de couvrir l'intégralité du territoire français en très haut débit d'ici 2022. Basé principalement sur le déploiement de la fibre optique, ce chantier va bénéficier d'un investissement colossal de 20 milliards d'euros. Si l'État et les collectivités participent au financement, les opérateurs privés sont également de la partie et voient dans le développement de la fibre optique un moyen d'enrichir leur offre et de renforcer leur capacité à capter des abonnés. Quand les efforts de Bouygues et Orange sont remarqués, Numericable avance des résultats et des objectifs qui le placent parmi les plus volontaristes en la matière.

163 millions d'euros, c'est la somme qu'a dépensée Numericable au cours du premier semestre 2014 afin de raccorder pas moins de 400 000 foyers supplémentaires en fibre optique. Avec un réseau qui compte à ce jour 5,6 millions de foyers équipés en très haut débit, la société dirigée par Patrick Drahi fait figure de renfort providentiel au développement de cette technologie. Porté par des résultats économiques solides, le groupe prévoit d'honorer son objectif de 800 000 foyers éligibles au très haut débit d'ici la fin de l'année, en intervenant dans les zones à population dense, mais pas que.

Ruralité 2.0

La France est un des pays d'Europe les plus ruraux. Sur les 55 millions d'hectares que compte l'Hexagone, seulement 7 millions ne sont pas agricoles. La population rurale représente près de 25 % de la population française et 25 % des actifs français travaillent dans ces communes, dont près de 50 % dans le secteur tertiaire. Beaucoup de données qui tranchent avec le visage d'une France trop souvent résumée par sa capitale et ses métropoles. Des données longtemps ignorées lorsqu'il s'agissait de parler raccordements, fibre optique et accès très haut débit. Question de rentabilité, les zones à populations denses ont bénéficié de la primeur de ces nouvelles technologies, les opérateurs y trouvant davantage de clients qu'à Beynac-et-Cazenac par exemple, charmant village de Dordogne de 542 habitants. Plus intéressant économiquement certes mais pas très branché plan France Haut Débit.

Des faiblesses qui devraient être corrigées notamment grâce au récent lancement de la première « obligation de projet » française. Ce projet initié par la Banque européenne d'investissement, a permis à la société Axione infrastructures de lever 189 millions auprès d'institutionnels européens et qui seront utilisés pour financer le déploiement de la fibre optique dans les zones à faible densité de population. Lancée dans le cadre du plan France Haut Débit, cette initiative fait figure de premier « project bond » européen dans le secteur du numérique et a pour ambition d'être une réelle alternative à l'emprunt bancaire et à la subvention publique. Cette opération est une nouvelle chance pour les communes rurales française de voir le débit alloué à leurs foyers dépasser les 30 mégabits par seconde (niveau requis pour que la mention très haut débit soit accordée). L'État met également la main à la poche pour répandre le THD en dehors des agglomérations. C'est ainsi qu'il prévoit par exemple d'investir 350 millions d'euros en Alsace pour équiper 73 % des communes les plus rurales de la région en prises raccordées à la fibre optique.

En 2011, Orange et SFR ont signé un accord qui devait marquer un grand pas en avant dans la course au très haut débit en zone rurale. Les deux opérateurs s'étaient en effet partagés le territoire en dehors des grandes villes pour leur fournir la fibre optique. Numericable étant en passe de racheter SFR, Patrick Drahi, PDG d'Altice (maison mère du câblo-opérateur), a fait savoir son intention de se substituer à SFR pour honorer cet engagement et aller au bout de ce chantier. Devant l'ampleur du travail à effectuer, l'État, Free et Bouygues Telecom auront aussi leur rôle à jouer dans le renforcement de la couverture numérique. Sujet qui selon un sondage CSA, apparaissait il y a encore quelques mois comme une des principales priorités pour les habitants des campagnes.

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Entrepreneur dans le numérique après de nombreuses expériences comme Chef de projet dans les secteurs du BTP et des Télécoms. 

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