Sortir du piège de la dette

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Par Pierre Khalfa Modifié le 4 mai 2012 à 15h49

Une spirale absurde est aujourd’hui en train de se mettre en place : pour réduire les déficits publics, les gouvernements mettent en œuvre des plans d’austérité drastique, ceux-ci vitrifient l’activité économique, ce qui réduit les recettes fiscales… et accroît les déficits, justifiant ainsi de nouveaux tours de vis qui aggravent encore la situation.

La crise financière et la récession qui a suivi ont évidemment joué leur rôle dans l’accroissement des déficits (perte de recettes fiscales, dépenses supplémentaires avec les plans de relance et sauvetage des banques). Ainsi, le déficit public de la France est passé entre 2007 et 2009 de 2,7 % à 7,5 % du PIB et sa dette publique de 63,8 % à 77,6 % du PIB.

Il s’agit donc de savoir si la petite minorité de dominants qui, par son avidité, a été responsable de la crise va en faire les frais ou si le coût de la crise va être supporté par la grande majorité de la population. Le choix des plans d’austérité montre que les gouvernements ont choisi la seconde solution.


Cependant, la dette ne date pas de la crise financière. Avant celle-ci, son accroissement est dû essentiellement aux cadeaux fiscaux fait aux ménages les plus riches et aux entreprises, notamment les plus grandes. Le rapport d’information, que le député UMP Gilles Carrez a établi en juillet 2010 dans le cadre du débat d’orientation budgétaire, donne des éléments qui permettent d’évaluer l’impact de « dix années de pertes de recettes non compensées ». En l’absence de ces cadeaux fiscaux, le déficit budgétaire n’aurait été que de 3,3 % en 2009 au lieu de 7,5 %, la France connaissant même, dans ce cadre, un léger excédent budgétaire en 2006, 2007 et 2008.

L’accroissement de la dette publique repose aussi sur le fait que les États sont obligés d’emprunter sur les marchés financiers car les traités européens qui interdisent à Banque centrale européenne (BCE) de financer les États membres. Nous sommes donc dans une situation hallucinante dans laquelle les banques privées se refinancent à un taux dérisoire auprès de la BCE et prêtent aux États à des taux nettement supérieurs voire carrément usuraires. Les États et l’Union européenne se sont ainsi mis volontairement sous l’emprise des marchés financiers.

Pour en sortir, il faut d’abord une autre politique monétaire. En particulier la BCE et les banques centrales nationales doivent pouvoir, sous contrôle démocratique, financer les États et les politiques publiques européennes. Il faut aussi une réforme fiscale d’ampleur qui redonne des marges de manœuvres à l’action publique. Il s’agit fondamentalement de repenser radicalement la construction européenne en mettant fin à des politiques d’austérité injustes et inefficaces et en mettant en œuvre des politiques économiques et sociales au service des populations.

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Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic, membre du Conseil scientifique d'Attac, représentant de l'Union syndicale Solidaires au Conseil économique, social et environnemental.

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