Vers un euro sans Europe 

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Par Jacques Martineau Publié le 23 février 2016 à 5h00
Zone Euro Crise Union Europeenne
28L'Union européenne comprend 28 membres.

Aujourd’hui, la « zone euro » est malade. C’est ce qu’affirment de nombreux experts et économistes. Mais la question peut aussi être retournée : c’est plutôt l’Union européenne qui est aux « abois ».

Le plus inquiétant demeurent les perspectives économiques à court terme, avec un taux de croissance quasi atone et un taux de chômage encore élevé ce qui confirme le risque d’échec vis-à-vis des objectifs de désendettement pour la plupart des pays de la « zone euro ». La France elle-même n’est plus libre de ses choix souverains, politiques et financiers, économiques et sociaux sur l’échiquier européen.

Une Europe tenue par une politique de l’échec

La politique suivie surtout dans la « zone euro » est basée sur l’austérité et la rigueur. Elle doit servir à pallier les déficits en cours et contenir les dettes liées à la crise. La référence, c’est l’Allemagne, avec un « faites comme moi » dans un contexte de « chacun pour soi ». Cette « politique à l’allemande » est imposée en « zone euro » où les résultats sont loin d’être satisfaisants, pouvant entraîner progressivement certains pays européens dans la récession et la déflation.

L’Allemagne a profité des difficultés de la plupart des pays de la « zone euro », s’appuyant sur ses atouts (position géographique, sous-traitance, travailleurs détachés, pas de smic, valeur de l’euro, etc.). Les pays « hors zone euro » se sont mieux affranchis non sans effort du contexte contraint. Evoquer la crise économique est un bon prétexte.

Les situations exceptionnelles font apparaître les failles du système !

Au plan européen, mentionnons : la politique agricole européenne en décomposition ; les discussions avec le Royaume Uni et les conditions posées pour éviter un Brexit ; la Grèce qui voit croître son déficit et sa dette ; le flot de réfugiés et de migrants qui dépasse toutes les prévisions ; l’espace Schengen dépassé avec la Grèce et l’Italie en première ligne ; une monnaie « unique » qui divise ; une BCE en situation délicate face aux indécisions ; etc.

Ajoutons à cela au plan international : le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (le TTIP, ancien TAFTA) avec les Etats-Unis ; un accord douanier à revoir avec la Chine au plan commercial ; le conflit ukrainien inachevé ; les sanctions économiques avec la Russie ; l’absence de solidarité dans les interventions militaires en Afrique et au Moyen Orient (Syrie et Irak) ; l’attitude ambiguë de l’UE avec la Turquie à propos des réfugiés ; le concours de l’OTAN pour protéger l’espace Schengen ; etc.

La paralysie du système européen est quasi-totale dès lors qu’un problème important se pose et qu’il dépasse une certaine dimension.

Et si les Britanniques avaient raison ?

Le Royaume-Uni est déjà depuis la signature de Maastricht le « pays des passe-droits » dans l'Union européenne. Il serait trop long de les développer. Mais quelques rappels ne sont pas inutiles.

Une liste partielle des principaux avantages cédés aux britanniques est déjà édifiante. Il en ressort pour le Royaume-Uni : égalité dans la contribution budgétaire ; coopération administrative policière et judiciaire partielle ; exemption du respect de la charte des droits fondamentaux (individuels) ; nombreuses dérogations aux lois sociales; en dehors de l'Espace Schengen et dès 1992 à la signature du traité de Maastricht une clause pour ne pas faire partie de l'Eurogroupe pour rester « hors zone euro ». Et ce n’est pas fini…

Un pied dedans, un pied dehors... Et peut-être maintenant les deux dehors !

C'est à l'Union européenne de prendre ses responsabilités face à cette situation. Mais il est fort probable qu’elle n’en soit pas capable. L’Euro « monnaie unique » se devait d’être considéré comme un « outil » et non pas comme une « fin en soi ». L’idée d’une « monnaie commune », déjà évoquée dans « Une Europe sans euro ou un Euro sans europe », n’est pas nécessairement un leurre. C’est une forme de « souverainisme solidaire » d’Europe des nations qui porte à réflexion. Encore faudrait-il y croire, le vouloir et s’en donner les moyens…

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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