Nucléaire : le Livret A pour financer les réacteurs ?

Le plan d’Emmanuel Macron pour relancer le nucléaire français, et notamment la construction de plusieurs petites centrales, se heurte à un problème : son financement. Et la question se pose : pourquoi ne pas utiliser l’épargne du Livret A pour soutenir le développement du nucléaire ? La Caisse des Dépôts et Consignations, qui gère les sommes déposées par les épargnants sur leurs Livret A et Livret de Développement Durable et Solidaire, n’est pas contre.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 28 mars 2024 à 9h39
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3,3 MILLIARDS €L'EPR de Flamanville devait coûter 3,3 milliards d'euros.

Le livret A au service de l'énergie nucléaire ?

Avec un programme ambitieux de six nouveaux réacteurs EPR, évalué à 51,7 milliards d'euros, la question du financement est plus que jamais cruciale. Le Livret A, outil d'épargne plébiscité par les Français et dont l’encours atteint des records, détient peut-être la clé de ce financement plus que nécessaire. Il faut dire que l’encours total des deux livrets d’épargne défiscalisés a atteint le montant inédit de 571,5 milliards d’euros fin février 2024 soit dix fois le montant nécessaire pour la construction des EPR.

Éric Lombard, à la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), juge l’hypothèse plausible et même logique. « La proposition de financer ce programme de centrales nucléaires par les fonds du Livret A est sur la table, ce serait logique parce que c'est un élément important de la décarbonation de notre économie », a-t-il déclaré le 27 mars 2024 dans l’émission Ecorama. En effet, un tiers du programme pourrait être financé par cette épargne, une somme tout à fait dans les cordes des capacités d'investissement françaises.

Le Livret A : que finance-t-il aujourd’hui ?

Malgré cette ouverture vers le nucléaire, la CDC n'oublie pas ses engagements premiers, notamment le financement du logement social. C’est l’usage premier des 59,5% des montants gérés par la Caisse des Dépôts et Consignations. Les banques, qui gèrent les 40,5% restants, priorisent de leur côté les prêts bancaires aux PME, nécessaires pour leur développement.

Lombard met également en garde contre une dispersion des efforts, notamment vers le financement de l'industrie de la défense, une voie que ni la CDC ni Bercy ne favorisent actuellement. La création d'un produit d'épargne européen dédié à la défense est semble privilégiée, alors que plusieurs propositions de loi visant à flécher les sommes déposées sur le Livret A vers la défense ont été déposées mais ne sont pas accueillies favorablement par la majorité des parlementaires.

Le financement des EPR va-t-il exploser ?

Reste que sur le plan du chantier des nouvelles centrales nucléaires françaises, la question du montant est loin d’être tranchée. Si le gouvernement table sur un montant de 51,7 milliards d’euros, EDF a déjà revu ses prévisions à la hausse et estime le coût de la construction à 67,4 milliards d’euros.

Le prix final va-t-il exploser ? La question se pose alors que l’EPR de Flamanville pourrait être rattaché au réseau dès l’été 2024. La construction de cette nouvelle centrale devait coûter 3,3 milliards d’euros et être terminée en… 2012. En 2024, à quelques mois de son lancement, l’EPR de Flamanville affiche un coût de 13,2 milliards d’euros… plus de quatre fois sont budget initial.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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1 commentaire on «Nucléaire : le Livret A pour financer les réacteurs ?»

  • Alors, les dépôts des Livret A, c’est pour le nucléaire civil ou le nucléaire militaire ? Vous rendez-vous compte, utiliser les économies des « petits économes français » pour entretenir la guerre en Ukraine ! Quelle ignominie !

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