Obsèques : quand les contrats profitent plus aux assureurs qu’aux familles

Alors que le marché des contrats obsèques explose, l’UFC-Que Choisir dénonce de graves dérives. L’association de consommateurs met en cause un système opaque, coûteux et souvent désavantageux pour les familles, malgré un capital versé censé couvrir les frais d’obsèques.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 31 octobre 2025 6h22
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Obsèques : quand les contrats profitent plus aux assureurs qu’aux familles - © Economie Matin
2%Les contrats obsèques représentent 2% des litiges en assurance de personnes

Le 31 octobre 2025, l’UFC-Que Choisir a publié une enquête approfondie sur les contrats obsèques, en partenariat avec l’Union nationale des associations familiales (UNAF). L’étude révèle un déséquilibre flagrant entre les cotisations collectées et les prestations réellement fournies.

Des contrats obsèques rentables pour les assureurs mais coûteux pour les familles

Les conclusions de l’UFC-Que Choisir sont sans appel : le système actuel profite davantage aux compagnies d’assurances qu’aux consommateurs. Selon l’association, « 32 % des décès sont couverts par un contrat d’assurances obsèques. Pour les assureurs, ce produit s’avère particulièrement rentable : 1,8 milliard d’euros de cotisations sont collectés chaque année, mais seuls 40 % de ces montants sont reversés aux familles endeuillées ». Cette proportion souligne un déséquilibre structurel dans la répartition des fonds, les frais de gestion et commissions absorbant une large part du capital.

Le montant des cotisations peut d’ailleurs largement dépasser la valeur garantie. Dans certains cas, l’assuré verse « le double du capital prévu », selon la même étude. Ces excès concernent particulièrement les formules dites à cotisation viagère : tant que l’assuré est en vie, il paie, sans limite ni réévaluation du capital. À terme, la somme totale versée dépasse parfois le coût moyen des funérailles, estimé entre 3 500 euros et 6 000 euros selon les régions. Ces chiffres s’inscrivent dans un marché massif : environ 5,3 millions de contrats obsèques étaient actifs en France en 2023, selon la Banque de France.

Obsèques : un manque de transparence persistant dans les contrats et les prestations

L’UFC-Que Choisir dénonce également un déficit d’information préoccupant. Beaucoup de souscripteurs confondent contrat d’assurance obsèques et contrat d’épargne. Or, dans le premier cas, l’argent versé ne reste pas disponible : il sert à financer un service, non à constituer un capital transmissible. Selon l’association, « les documents sont souvent illisibles, les valeurs de rachat peu claires et la nature des prestations mal définie ».

Ce manque de lisibilité favorise les malentendus, notamment sur le rôle du bénéficiaire. Les familles doivent parfois avancer les frais avant de récupérer le capital prévu, ce qui contredit l’objectif même du contrat obsèques. Dans les contrats en prestations, certains opérateurs funéraires limitent par ailleurs le service ou facturent des suppléments, faute d’encadrement explicite.

Le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) a d’ailleurs reconnu que les contrats obsèques représentent « 2 % des litiges en assurance de personnes », une proportion élevée au regard de leur part de marché.

Vers un encadrement plus strict des contrats obsèques depuis 2025

Face à ces dérives, de nouvelles règles ont été introduites. Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, les assureurs sont tenus de présenter un tableau d’information normalisé. Ce document récapitule le coût total du contrat selon l’âge de souscription, le mode de paiement et le capital garanti.

L’UFC-Que Choisir demande cependant d’aller plus loin : elle réclame un plafonnement du cumul des cotisations viagères à deux fois le capital garanti, ainsi qu’un recensement national des contrats en déshérence. L’association propose aussi d’intégrer l’Agira – organisme chargé de centraliser les informations sur les contrats d’assurance – dans la liste des structures informées automatiquement des décès par les communes. Cela permettrait d’activer plus rapidement le versement des fonds aux ayants droit.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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