Industrie : les ONG à l’assaut des fleurons français

Nucléaire, automobile, textile… L’industrie française est en péril, tout comme la plupart des grands secteurs européens. Certains activistes et ONG, sous des airs de bienveillance, ne sont pas étrangers à ces maux…

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 23 janvier 2025 à 10h13
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Industrie : les ONG à l’assaut des fleurons français - © Economie Matin

La chute annoncée de l'industrie française

L’industrie française traverse une crise profonde, accélérée par des décisions politiques (volontairement ?) mal calibrées. Michelin en est l'un des derniers exemples, avec l'annonce de la fermeture des usines de Vannes et de Cholet, qui emploient près de 1 200 personnes, d'ici à 2026. Pour donner une échelle, en 2000, la France était le deuxième exportateur mondial de véhicules. Aujourd’hui, elle chute à la sixième place, enregistrant un déficit commercial de 17 milliards d’euros en 2023. Le secteur automobile est un exemple parmi tant d'autres. Compétitivité en berne, normes ESG, coûts de l'énergie, concurrences écrasantes... aujourd'hui, rien ne semble pouvoir enrayer cette déliquescence de l'industrie française.

Pis, la Commission européenne est l'orchestre de cette chute annoncée avec l'interdiction de vente de moteurs thermiques d’ici 2035 et les ZFE. Fait nouveau, les actes de forfaiture fièrement affichés par certains de nos politiques, en témoigne l'interview polémique de Dominique Voynet (réélue députée en 2024) qui se félicitait d'avoir contribué au sabotage de la filière nucléaire française au profit des énergies renouvelables (politique énergétique pro-allemande). On assiste parfois même à une forme de schizophrénie de la part de certains élus, à l'image de Sandrine Rousseau (députée écologiste), Clémence Gaité (députée LFI), ou encore Aurélie Trouvé (députée LFI), qui ont toutes trois apporté leur soutien aux salariés de Michelin après avoir à maintes reprises asséné l'industrie automobile pour son impact environnemental. La situation est dramatique. Selon la Plateforme automobile, en effet, plus de 100 000 emplois sont directement menacés d'ici à 2035 dans le secteur automobile, un secteur dans lequel la France faisait autrefois partie des leaders mondiaux.

Les dessous d’une offensive idéologique et étrangère

Les ONG ne sont pas étrangères à la désindustrialisation de la France, et plus largement, du Vieux continent. Elles seraient plus de 3 500 à arpenter les couloirs de Bruxelles. Or, ces dernières bénéficient bien souvent de financements étrangers. En témoigne Greenpeace, qui se défend de tout financement privé mais accepte ceux de fondations, notamment d'Open Society Foundations (le réseau de fondations de George Soros) ou encore de la Fondation Gates. Ces financements, souvent opaques, posent la question de l’indépendance de ces organisations, en particulier lorsque celles-ci s’attaquent à des industries stratégiques pour la France.

Somme toute, pour que ces activités de lobbying soient réellement efficaces, elles doivent obtenir le soutien de l'opinion publique. C'est ainsi que l'on voit des rapports du WWF ou de Greenpeace être largement relayés dans les médias qui en font, de facto, des références difficilement contestables, tant du point de vue de leur méthodologie que de leurs résultats. En jouant sur les émotions à travers des images chocs, des slogans simplistes, ces ONG manipulent l’opinion publique. Cette stratégie est particulièrement efficace, surtout lorsqu'elle cible des secteurs méconnus du grand public, tels que celui de la défense ou de l'énergie. En témoigne l'absence de réaction des Français suite à la perte du « contrat du siècle » de Naval Group en Australie, ou encore le dénigrement constant à l'encontre de TotalEnergies. Le ton est donné : face à cette guerre économique déguisée, c’est tout l’avenir industriel français, et in fine celui de la France, qui est mis en danger de mort. Il est grand temps que les Français comprennent ce qui se cache derrière cette fausse bienveillance de ces ONG, et qu'ils ouvrent les yeux sur les positions de certains de nos politiques, qui n'hésitent pas à se vendre au plus offrant.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

1 commentaire on «Industrie : les ONG à l’assaut des fleurons français»

  • de Kermel

    Permettez-moi, cher Jean-Baptiste, de participer au débat que vous lancez, car il est majeur. En complément de votre analyse, il me semble que l’Union européenne, les 27 Chefs d’Etats et le Parlement européen ont une responsabilité écrasante dans la situation que vous décrivez.

    Un peu d’histoire.

    C’est au 18 ème siècle, en Europe, que l’économiste britannique David Ricardo, va démontrer que la spécialisation des Etats dans les secteurs économiques où ils sont compétitifs, et le libre-échange qui en découle, sont mécaniquement une source d’enrichissement pour tous.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Ricardo
    LES PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT
    Sur la page wikipédia de David Ricardo, on lit que celui-ci-avait fixé quatre conditions au bon fonctionnement du libre-échange :
    1 – la valeur du travail est égale au prix multiplié par la quantité de travail
    2 – la concurrence doit être parfaite
    3 – il doit y avoir immobilité des facteurs de production au niveau international (seules les marchandises circulent)
    4 – et enfin la productivité doit être constante.
    On peut ajouter que dans la démonstration de Ricardo, il était évident que les échanges avaient lieu entre pays de niveau de développement comparables. Les fabrications étaient réalisées dans chacun de ces pays. Les colonies et leurs produits n’entraient en aucun cas dans le raisonnement sur le libre-échange.
    LA REALITE QUOTIDIENNE
    Or, aujourd’hui :
    1 – La valeur du travail n’est plus égale au prix multiplié par le travail.

    2 – Loin d’être parfaite la concurrence est totalement faussée. Les dumpings sont légion.

    3 – Les marchandises circulent certes, mais l’argent circule en un clic, et surtout les usines circulent sans freins sur la planète, pour s’installer dans les pays à bas coûts.
    4 – La productivité n’est pas constante, étant donné les progrès techniques.
    Cela signifie que l’on a retenu le concept de libre-échange, en faisant l’impasse sur les quatre conditions de sa réussite, et en faussant la concurrence, notamment par l’installation d’usines dans des pays à très bas coûts.
    Conséquences : les fortes baisses des droits de douane décidées en 1994 et les mesures visant à supprimer les «obstacles aux échanges», ont rendu extrêmement simple :

    1. D’abord la fermeture des usines en France pour les installer dans des pays à bas coûts,

    2. Ensuite l’exportation vers la France, des produits fabriqués dans ces nouvelles usines à des prix de dumpings, sans droits de douane, et sans aucune contribution pour compenser les effets les émissions de Gaz à effets de serre résultant du transport des marchandises.
    L’opération est toujours gagnante. La concurrence est bien totalement faussée d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. Il est impossible à une entreprise française de rivaliser. Pour ne pas mourir, cette entreprise est en pratique condamnée à délocaliser à son tour. D’où la désindustrialisation et le chômage de masse qui est la conséquence mécanique de cette politique.

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