Les professionnels de l’enseignement de la conduite alertent l’exécutif : le système du permis de conduire est au bord de la rupture. Dans un communiqué publié le 2 juillet 2025, les principales organisations représentatives du secteur – MOBILIANS, UNIDEC et UNIC – dénoncent une « pénurie dramatique de places d’examen » et exigent des mesures immédiates. Une situation explosive qui menace des centaines de milliers de jeunes candidats à quelques semaines de la rentrée.
Permis de conduire : les auto-écoles tirent la sonnette d’alarme sur le manque de places

Permis de conduire : un système arrivé à saturation totale
En 2024, 1,567 million de places d’examen ont été délivrées à l’échelle nationale. C’est non seulement insuffisant pour répondre à la demande actuelle, mais cela marque aussi une baisse par rapport à 2021, où 1,55 million de candidats s’étaient déjà présentés. Et le pire est à venir : avec l’abaissement de l’âge du permis à 17 ans, entré en vigueur début 2024, les auto-écoles estiment qu’il faudra au moins 2,19 millions de places d’examen en 2025 pour faire face à l’afflux. Soit une hausse de plus de 600 000 créneaux supplémentaires.
Dans le même temps, le nombre de candidats ne cesse de croître. En 2019, on recensait déjà 1,42 million de présentations. Ce chiffre est monté à 1,55 million en 2021, avant de retomber à 1,37 million en 2023, non pas à cause d’une baisse de la demande, mais parce que le système est saturé. Les auto-écoles n’ont tout simplement plus la capacité de présenter tous leurs élèves dans des délais raisonnables.
Examens : des délais illégaux… en toute impunité
Selon les données les plus récentes, le délai moyen national entre deux passages au permis de conduire atteint aujourd’hui 78 jours. Or, l’article L.225-5 du Code de la route est clair : l’État doit garantir un délai médian de 45 jours maximum entre deux tentatives. En théorie, l’administration peut recourir à des agents contractuels ou à des inspecteurs supplémentaires pour tenir ce délai. En pratique, rien n’est fait.
Les organisations dénoncent un immobilisme de l’État, alors que les conséquences sont lourdes : jeunes contraints de prolonger leur formation et de financer davantage d’heures de conduite (jusqu’à 60 heures dans certains départements), familles en difficulté, employeurs en manque de main-d’œuvre mobile, et même des cas de conduite sans permis par désespoir.
Le point de rupture est atteint pour les auto-écoles
Avec 12 700 auto-écoles en activité sur le territoire, c’est tout un écosystème qui se dit aujourd’hui au bord de l’asphyxie. La hausse continue du nombre de candidats, couplée à un taux de réussite au premier passage de seulement 60 %, génère un volume massif de seconds passages, sans que des places supplémentaires soient créées en parallèle.
Le nombre d’inspecteurs, lui, reste stable, malgré les promesses passées de renforcement. Les professionnels rappellent que les recrutements post-COVID n’ont jamais compensé les départs ni absorbé les effets de la réforme des 17 ans. Résultat : un engorgement national, sans perspective de régulation à court terme.
Face à cette crise, MOBILIANS, UNIDEC et UNIC demandent un plan d’urgence articulé autour de trois priorités :
- Mettre en œuvre les solutions déjà proposées : création d’une attestation temporaire de circulation, test préalable de préparation à l’examen, réforme de la grille d’évaluation.
- Augmenter le nombre d’inspecteurs ou recourir massivement à des examinateurs contractuels, avec un minimum de 11 jours d’examen pratique par mois dans les départements les plus touchés (contre 6 actuellement).
- Produire davantage de places d’examen, pour atteindre au plus vite le seuil des 2,19 millions en 2025.
Dans leur communiqué, les syndicats exigent une rencontre immédiate avec le ministre François-Noël Buffet, faute de quoi un mouvement national de mobilisation est prévu dès la rentrée à Paris.
