Pollution automobile : Michelin critique les tests Euro 7 sur l’usure des pneus

Alors que l’Union européenne veut encadrer pour la première fois la pollution liée à l’usure des pneus, Michelin alerte sur le risque d’erreurs méthodologiques. Le groupe clermontois craint qu’un mauvais choix de tests entraîne un « Dieselgate du pneu », avec des conséquences majeures pour l’industrie automobile et pour l’efficacité réelle de la norme Euro 7.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 4 septembre 2025 6h15
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Pollution automobile : Michelin critique les tests Euro 7 sur l’usure des pneus - © Economie Matin
24,7 MILLIARDS €Le chiffre d'affaires de Michelin a été de 27,2 milliards d'euros en 2024.

La question de la pollution générée par l’abrasion des pneus s’est invitée depuis quelques temps au cœur du débat européen. La norme Euro 7, prévue pour entrer en vigueur à partir de 2027, inclut pour la première fois des limites sur les émissions de particules issues du frottement du pneu sur la chaussée. Michelin, leader mondial du secteur, reconnaît la nécessité de cette réglementation mais met en garde contre les méthodes de mesure envisagées… qui risquent de lui porter préjudice.

Euro 7 : une nouvelle étape dans la lutte contre la pollution automobile

La Commission européenne entend imposer des seuils précis afin de réduire les émissions liées à l’automobile. Pour la première fois, la norme Euro 7 inclut l’usure des pneus, source encore méconnue de pollution mais particulièrement préoccupante. Comme le rappelle Michelin dans un communiqué publié le 2 septembre 2025, « chaque année, le transport routier génère près de 500 000 tonnes de particules d’usure des pneus en Europe ». Ces microparticules, souvent constituées de microplastiques, se dispersent dans l’air, l’eau et les sols, accentuant la pression environnementale sur les écosystèmes.

Le groupe Michelin, tout en se disant favorable à l’objectif de réduction de la pollution, critique fortement la méthodologie proposée par Bruxelles. Florent Menegaux, président de l’entreprise, a déclaré dans Les Échos le 2 septembre 2025 : « Si l’Europe choisit une méthode de test en laboratoire qui ne correspond pas à la réalité, nous courons au Dieselgate du pneu. » Selon le dirigeant, la méthode retenue pourrait favoriser certains types de pneus conçus pour exceller en laboratoire, sans refléter leur comportement réel sur route.

Cette critique repose sur une divergence technique importante. Michelin a calculé que les résultats des tests de laboratoire pouvaient différer de 28 % par rapport aux conditions réelles d’usage, selon son communiqué du 2 septembre 2025. Une telle marge d’écart fausserait l’évaluation de la pollution et pourrait conduire à l’homologation de pneus émettant davantage de particules dans la vraie vie. Pour l’entreprise, le risque est double : perte de confiance des consommateurs et inefficacité environnementale. « Nous demandons des tests en conditions réelles, pas uniquement en laboratoire », a insisté un représentant du groupe auprès d’Auto Infos.

L’innovation industrielle face aux exigences environnementales

Michelin se présente comme un acteur déjà engagé dans la réduction de la pollution issue de ses produits. Selon son site britannique, la marque a réduit les émissions de particules de ses pneus de 5 % entre 2015 et 2020, soit 100 000 tonnes évitées. Cette amélioration provient notamment d’innovations de design et de matériaux. Les pneus Primacy 5 émettent ainsi 14 % de particules en moins que les Primacy 4+, tandis que le CrossClimate 3 Sport affiche une réduction de 23 % par rapport au Pilot Sport 5.

Le groupe souligne aussi son leadership reconnu par l’ADAC, principale organisation automobile allemande, qui a qualifié Michelin « d’incontestable leader de la réduction des particules d’usure ». Pour l’entreprise, ce positionnement doit être pris en compte dans l’élaboration des tests européens.

Euro 7 : encore un peu de temps pour convaincre

L’Union européenne doit trancher dans les prochaines semaines sur la méthodologie qui s’appliquera dès 2027, selon le Journal de l’Automobile. Le choix est délicat : une réglementation trop laxiste laisserait perdurer une pollution massive, mais une méthodologie trop éloignée de la réalité risquerait de décrédibiliser l’ensemble du dispositif.

Comme l’a résumé un porte-parole de Michelin cité par le Journal de l’Automobile le 3 septembre 2025 : « L’Europe a une opportunité historique de réduire significativement la pollution générée par les pneus, mais elle doit le faire avec des outils fiables. »

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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