Prix du stationnement des SUV à Paris : la fausse bonne idée

Après la consultation menée le 4 février par la Mairie de Paris sur les tarifs de stationnement des SUV, la CSIAM appelle urgemment à repenser l’approche de la transition écologique dans le secteur automobile, afin de réduire la pollution des véhicules grâce à des mesures réellement équitables et incitatives.

Photo Athina Interviews
Par Athina Argyriou Publié le 13 février 2024 à 5h30
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51%Les SUV ont représenté 51% des ventes au premier semestre 2023 en Europe.

Dimanche 4 février 2024, les habitants de Paris étaient invités à exprimer leur avis sur la proposition suivante : « Êtes-vous pour ou contre l'instauration d'un tarif spécifique pour le stationnement des véhicules individuels lourds, volumineux et polluants ? ». Au terme de cette consultation, seuls 3% des parisiens se sont prononcés en faveur de l'application d'un tarif spécial pour les voitures considérées comme 'lourdes et encombrantes'.

La CSIAM regrette cette campagne, qui visait particulièrement les SUV sans pour autant définir clairement cette catégorie de véhicules. Un raccourci trompeur a été établi entre l'impact environnemental des voitures et leur poids, omettant de prendre en compte à la fois les données scientifiques et les évolutions technologiques du secteur.

La transition écologique, un enjeu majeur dans le domaine de la mobilité et particulièrement pour le secteur automobile, qui est en pleine mutation, nécessite plus que jamais de faire l’objet d’un débat nuancé et éclairé. L’adoption de mesures efficaces par les politiques est nécessaire pour répondre à ce débat de santé publique. Compte tenu de l'importance de ces enjeux, et face à la confusion entourant les discussions et déclarations sur ce sujet, la CSIAM souhaite éclairer le débat :

  • La pollution liée aux automobiles ne dépend pas tant du modèle de véhicule, mais plutôt de sa technologie et de son utilisation. Ainsi, un ‘SUV’ thermique récent, doté de technologies propres et efficaces, peut avoir un impact environnemental inférieur à celui de voitures plus anciennes ou moins bien entretenues, même si ces dernières sont plus légères.
  • Le stationnement payant pour les véhicules hybrides et électriques va à l’encontre de l’accompagnement de la décarbonation de la mobilité. La transition vers l'électrification, l'hybridation, et l'utilisation de carburants alternatifs est essentielle pour réduire les émissions de tous les véhicules. En stigmatisant les ‘SUV’, la mairie de Paris passe à côté de l'objectif plus large de réduction des émissions polluantes des véhicules et envoie un signal négatif à ceux qui avaient fait le pas de l’électrification ou qui envisagent de le faire.
  • La tarification au poids annoncée par la Mairie de Paris ne s’appuie pas sur des bases scientifiques et réglementaires solides. Si la Mairie de Paris souhaite moduler le tarif de stationnement en fonction des 3 critères (durée du stationnement, surface occupée par le véhicule ou son impact sur la pollution atmosphérique) que lui permet le Code général des collectivités (art. L.2333-87), il faut que la méthode soit revue. La surface occupée par un véhicule n’est pas liée à son poids (aucune corrélation) et le critère scientifique établi pour évaluer la pollution atmosphérique des véhicules est les vignettes CritAir et non le poids.
  • Cette politique s’appuie sur une démarche à la fois injuste et exclusive : cibler exclusivement les visiteurs et discriminer les utilisateurs de ‘SUV’ ayant des justifications légitimes telles que des besoins familiaux ou des impératifs liés à leur mode de vie, remet en question le principe fondamental de la liberté de choix individuel. Les ‘SUV’ ont été construits pour répondre à des besoins de mobilité des familles.

La CSIAM appelle donc à repenser cette approche et à rechercher des solutions inclusives et efficaces pour permettre la réduction de la pollution et la transition écologique du secteur sans exclure ou discriminer. Des initiatives telles que les tarifications modulées en fonction des émissionsles primes à la conversion pour les véhicules propres, ou encore les avantages pour les véhicules électriques et hybrides, l'investissement dans les transports publics sont des exemples de mesures qui peuvent contribuer à un environnement plus propre et plus inclusif pour tous les citadins.

La solution aux défis environnementaux ne réside pas dans la division ou la stigmatisation, mais dans l'adoption d'une vision holistique qui promeut des alternatives durables pour tous grâce à un véritable débat éclairé sur cette question avec les citoyens et la Mairie de Paris. Cette démarche inclusive doit s'appuyer sur des stratégies éprouvées, comme les Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui ont déjà montré leur efficacité à l'échelle européenne dans la réduction des émissions de polluants atmosphériques nocifs tels que les oxydes d'azote (NOx) et les particules fines (PM10 et PM2.5). En limitant l'accès des véhicules les plus polluants, la Mairie de Paris joue un rôle décisif dans ce processus, non seulement en appliquant le cadre réglementaire des ZFE, mais aussi en assurant que ces mesures soient adaptées, acceptées et efficaces localement.

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Photo Athina Interviews

Présidente déléguée générale de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM). Elle a suivi une formation de haut niveau en gestion d'entreprise et en marketing à l'American College of Greece, ainsi qu'un double master en politique publique européenne et en affaires européennes de la London South Bank University, complété par un executive MBA de la London Business School. Elle est également titulaire d'un diplôme de l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur (IHEMI) en intelligence économique et sécurité des entreprises, attestant de son expertise en matière de sécurité et de gestion des risques. Sa carrière professionnelle a débuté en 1998 en tant que responsable des relations publiques à l'Office français d'exportation d'armement (ODAS), où elle a acquis une solide expérience en relations internationales et diplomatie. Elle a ensuite travaillé pour des entreprises de renommée mondiale telles que la Compagnie européenne d'intelligence stratégique, VIPARIS Unibail-Rodamco Group et Publicis Groupe. Elle a également occupé le poste de Directrice Générale de l'Académie Diplomatique Internationale pendant 10 ans, sous la présidence de SA l'Agha Khan. En tant que directrice du développement commercial et des affaires publiques chez GEOS - Group ADIT, une entreprise spécialisée dans l'intelligence économique appliquée aux pays étrangers pour les exportateurs français, Athina ARGYRIOU était chargée d'identifier les opportunités commerciales et de développer la stratégie de déploiement de projets dans des zones sensibles. Sa capacité à développer des stratégies efficaces dans des environnements complexes et exigeants en matière de sécurité a été largement reconnue dans le secteur.

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1 commentaire on «Prix du stationnement des SUV à Paris : la fausse bonne idée»

  • Mdr l’article « objectif » rédigé par la Présidente déléguée générale de la Chambre syndicale internationale de l’automobile et du motocycle (CSIAM)…..

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