France : un record d’emprunt à 310 milliards d’euros en 2026

Pour financer un déficit public persistant et faire face à l’augmentation des remboursements de dette, la France prévoit d’emprunter 310 milliards d’euros en 2026. Un niveau inédit qui reflète à la fois les contraintes budgétaires structurelles du pays et les conséquences d’une instabilité économique et politique durable. Ce record d’emprunt, bien que stable en proportion du PIB, s’accompagne d’un alourdissement du coût de la dette et d’un climat de défiance croissante des marchés.

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By Rédacteur Published on 2 novembre 2025 8h30
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Censure de Barnier : la dette va s'enflammer - © Economie Matin
3,70%L’AFT anticipe un taux à dix ans de 3,70 % en janvier 2026

Un endettement toujours plus massif

En 2026, l’État français lèvera 310 milliards d’euros sur les marchés, selon l’Agence France Trésor (AFT), chargée de la gestion de la dette publique. Ce montant, jamais atteint auparavant, dépasse les 300 milliards d’euros prévus pour 2025 et s’explique principalement par une hausse des remboursements arrivant à échéance. « La France doit rembourser 175,8 milliards d’euros en 2026, contre 168 milliards en 2025 », précise l’AFT dans son communiqué du 14 octobre.

À cette contrainte s’ajoute un déficit public estimé à 4,7 % du PIB, soit environ 130 milliards d’euros à financer. Le recours au marché obligataire permet de maintenir ce niveau d’endettement sans hausse massive d’impôts à court terme, mais il creuse une trajectoire budgétaire jugée préoccupante. D’autant que la dette publique atteint désormais 115,9 % du PIB en 2025, et devrait grimper à 117,9 % en 2026, contre seulement 20,8 % en 1980.

La dette, deuxième poste budgétaire de l’État

Le coût de la dette s’impose désormais comme une contrainte budgétaire majeure. En 2026, la charge des intérêts atteindra 59,3 milliards d’euros, soit près de 4,5 milliards de plus qu’en 2025. Cela en fait le deuxième poste de dépense de l’État derrière l’Éducation nationale. Cette explosion s’explique par la remontée du taux d’intérêt français à dix ans : il est passé de 3,10 % en juin 2024 (avant la dissolution de l’Assemblée nationale) à 3,60 % en septembre 2025, avant de retomber légèrement à 3,47 % début octobre 2025.

L’AFT anticipe un taux à dix ans de 3,70 % en janvier 2026, puis 4,00 % en 2029. « La succession de crises a mis fin à l’ère de l’argent gratuit, rendant chaque euro emprunté plus coûteux », analyse Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum AM, dans Les Échos. Cette évolution rend les arbitrages budgétaires de plus en plus complexes et expose la France à un effet boule de neige si les taux poursuivent leur ascension.

Instabilité politique et inquiétude des marchés

Le climat politique français, particulièrement instable depuis la dissolution de 2024, alimente l’incertitude sur la capacité du pays à tenir sa trajectoire budgétaire. Cette incertitude se traduit par une prime de risque accrue exigée par les investisseurs pour financer la dette française. « Les marchés attendent de la visibilité et une crédibilité budgétaire qui, pour l’instant, ne sont pas au rendez-vous », a indiqué l’économiste Véronique Riches-Flores, lors d’une interview sur France Info le 10 octobre 2025.

Dans ce contexte, la stratégie du gouvernement, dans le budget 2026 présenté récemment, repose sur un effort budgétaire de 30 milliards d’euros : 17 milliards d’économies et 14 milliards de hausses de recettes. Reste à savoir si cet ajustement sera jugé suffisant par les agences de notation et les créanciers internationaux. À mesure que le poids de la dette s’alourdit et que les taux montent, la marge de manœuvre économique de la France se réduit dangereusement.

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