Mercredi 12 novembre 2025, au moment où le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale est débattu à l’Assemblée nationale, le gouvernement soumet un amendement important sur les retraites. Il vise à suspendre — de façon élargie — la montée de l’âge légal de départ et l’augmentation de la durée de cotisation inscrites dans la réforme. Derrière cette concession politique se cachent des effets budgétaires non négligeables.
Suspension élargie : des bénéficiaires plus nombreux, un coût accru
L’amendement explique que l’élargissement de la suspension de la réforme des retraites entraînera un coût de 200 millions d’euros en 2026, selon Boursorama. Pour 2027, ce coût atteindra 500 millions d’euros, confirme TF1Info.
Le ministre du Travail, Jean‑Pierre Farandou, a précisé que « cette suspension de la réforme des retraites, clairement, c’est d’abord un acte de stabilité politique ».
L’amendement mentionne que l’élargissement concerne notamment : les carrières longues, certaines catégories “actives et super-actives” de la fonction publique (pompiers, contrôleurs aériens, égoutiers), ainsi que les personnes nées au cours du premier trimestre 1965.
Ainsi, la mesure va au-delà d’un simple gel : elle ouvre la suspension à un ensemble plus large de salariés, ce qui tire mécaniquement les coûts à la hausse.
Financement, arbitrages et fragilité des comptes sociaux
Pour combler ce surcoût budgétaire lié à la suspension de la réforme des retraites, le gouvernement prévoit de recourir à une hausse de la CSG sur les revenus du capital : « il y a 1,4 point de CSG supplémentaire qui sera de nature à être utilisé », a indiqué Jean-Pierre Farandou, dont les propos sont rapportés par Boursorama.
Or, ce financement par prélèvement sur le capital pose un double défi : d’une part, il reporte la charge sur des revenus qui ne sont pas directement liés au système des retraites, d’autre part, il soulève des questions de justice fiscale et de soutenabilité.
Par ailleurs, l’amendement intervient dans un contexte d’équilibre fragile des finances publiques. Comme l’a rappelé le gouverneur de la Banque de France, « il faut maximum 4,8 % de déficit l’an prochain, je le souhaite fortement parce que c’est l’intérêt national ».
En clair, la suspension élargie de la réforme des retraites ne coûte pas seulement à court terme, mais elle contribue à fragiliser encore un peu plus les équilibres du régime de retraites et de la Sécurité sociale, à un moment où les marges de manœuvre sont réduites.
Enjeu politique et calendrier parlementaire
La mesure, certes financière, est d’abord politique. Elle permet au gouvernement de répondre à une demande de la gauche — notamment des écologistes et communistes — pour éviter la censure de l’exécutif. Comme l’indique un communiqué : « L’amendement a été déposé ce matin à 8 h », rapporte Notre Temps.
A l’Assemblée nationale, le vote sur l’article du PLFSS qui suspend la réforme des retraites est prévu l’après-midi, selon Le Dauphiné Libéré.
Mais plusieurs acteurs syndicaux et politiques soulignent que la question ne s’arrêtera pas là : selon la secrétaire générale de la CGT, « on sera dans la séquence décisive de la discussion sur ce budget ».
Autrement dit, le surcoût de la réforme des retraites s’inscrit dans un arbitrage plus large : il s’agit de « stabilité politique », comme l’a dit le ministre, mais aussi d’une anticipation des échéances électorales et d’un calendrier budgétaire contraint.