Santé : Les pénuries de médicaments ne sont pas une fatalité !

Douze heures par semaine. C’est le temps que passe en moyenne un pharmacien d’officine à chercher des médicaments disponibles pour ses patients. En cause ? La pénurie récurrente de médicaments qui concerne de nombreuses molécules dans notre pays.

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Par Pascal Fontaine Publié le 20 mars 2024 à 5h30
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1 EUROLe gouvernement a fait augmenter le reste à charge pour les médicaments à 1 euro par boîte.

Si nous alertons sur cette situation, c’est parce qu’elle n’a rien d’une fatalité. L’une des raisons est la forte augmentation de la consommation de médicaments au niveau mondial. Hausse à laquelle les outils de production ne parviennent pas à répondre, mais ce n’est pas la seule explication.

Acheter au juste prix

Il y a aussi ce « match » qui se joue entre des industriels à la recherche de la meilleure équation économique ; et des politiques qui privilégient des modèles de santé, exclusivement axés sur les économies budgétaires. En France, nos politiques achètent les médicaments à trop bas prix auprès de laboratoires qui, selon toute logique commerciale, préfèrent vendre aux plus offrants : la Suisse ou l’Allemagne par exemple. Dans ces pays qui leur garantissent de meilleures conditions tarifaires, étonnamment, la pénurie de médicaments n’est pas d’actualité.

Des économies immédiates à portée de main

Nous vivons dans un pays qui se dit en avance, mais ne fait pas cas de nos officines aujourd’hui en danger. Pourtant des solutions existent et il devient urgent de prendre des décisions fortes. La relocalisation de la production de médicaments en fait partie, avec un effort à fournir pour relocaliser des molécules techniques. Une bonne chose serait de parvenir à favoriser l’implantation d’industries pharmaceutiques qui jusqu’à présent, nous ont préféré l’étranger.

Nous nous sommes battus aussi pour l’inclusion effective des médicaments biosimilaires au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Cette mesure, pourtant inscrite dans le PLFSS, semble tarder à se mettre en place. Elle est soumise à l’autorisation de l’agence nationale de sécurité du médicament et à des discussions avec des associations de patients. Mais il faut craindre une logique protectionniste et un lobbying bien huilé qui font traîner sa mise en place. Pourtant, les médicaments biosimilaires sont des produits essentiels aux soins curatifs de nombreux patients. Ils coûtent cher et les substituer par des produits biosimilaires « génériqués », 30% moins chers, aurait un effet immédiat sur le budget de la Sécurité Sociale : une économie immédiate de 3 milliards d’euros.

Actuellement seules les grilles de correspondances qui autorisent les pharmaciens à proposer d’autres médicaments et ajuster les grammages des médicaments, donnent des alternatives face aux pénuries. Mais ce n’est pas sans susciter des interrogations de la part des patients.

La loi Rabault un premier pas qui reste insuffisant

Quant à la récente proposition de loi portée par la députée Valérie Rabault sur l’obligation pour les industriels de constituer des hausses de stocks et des sanctions en cas de pénuries. Bien sûr, elle va dans le bon sens, mais elle passe malheureusement par la sanction, un mode de fonctionnement très « culturel » en France. Or le commerce contraint ne va jamais dans le bon sens, et nous plaidons plutôt pour une modification du modèle d’économie budgétaire.

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Directeur Commercial Hygie31

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