Jean-Bernard Lafonta : « Pour sauver la planète, sauvons la Méditerranée »

Nous prenons chaque jour la pleine mesure de notre addiction à la matière plastique. Elle est omniprésente dans notre vie, dans nos emballages, dans nos objets du quotidien, dans nos industries… et elle empoisonne, lentement et sûrement, notre planète. La Terre en est recouverte, les chaînes alimentaires sont contaminées et nous en avalons involontairement 5 grammes par semaine.

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Par Rédaction Publié le 21 avril 2024 à 14h00
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0,8%La Méditerranée représente 0,8% de la surface maritime du globe

Cette pollution frappe en particulier l’un des écosystèmes les plus remarquables de la Terre : la mer Méditerranée. Creuset de plusieurs civilisations, la Méditerranée est la principale zone de contact entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe. C’est un foyer de peuplement de près de 500 millions d’habitants sur ses côtes et l’un des principaux carrefours d’échanges. C’est la première destination touristique mondiale et elle pourrait accueillir en 2030 près de 500 millions de touristes chaque année. Elle voit aussi passer près de 25% du trafic maritime mondial. Et si elle ne représente que 0,8% de la surface maritime du globe, elle abrite des habitats uniques (coraux, grottes, canyons) et près de 17 000 espèces maritimes, dont 30% sont endémiques, comme les herbiers de posidonie, le grand dauphin ou la tortue caouanne.

La concentration des hommes et des activités sur ses littoraux a un impact sur l’environnement et fait de la Méditerranée l’une des mers les plus polluées au monde. D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), entre 150 000 et 610 000 tonnes de déchets plastiques sont rejetées tous les ans dans la Méditerranée. La teneur de l’eau en plastique y serait bien plus importante que celle du « 7ème continent » dans le Pacifique. Ce phénomène est accentué par le faible renouvellement de ses eaux (10 000 ans !), la Méditerranée étant une mer quasi-fermée.

Il y a donc urgence à agir. Hélas, avec une problématique si complexe et des parties prenantes aux intérêts divergents, les négociations sont lentes et un traité international ne pourrait voir le jour qu’en 2025, pour une hypothétique mise en œuvre nationale.

Que faire en attendant ? Répondre à un enjeu crucial : le manque de stations d’épuration qui entraîne le rejet des eaux usées dans la mer. Près du tiers des villes méditerranéennes de plus de 2 000 habitants n’en sont pas équipées. Rendre également ce combat collectif en fédérant les initiatives locales, associatives, politiques et scientifiques : se coordonner pour le nettoyage les plages, favoriser les échanges entre les différents acteurs de la mer, financer la recherche… Mais surtout informer le plus de monde possible en organisant des ateliers pédagogiques pour les plus jeunes comme pour les adultes avec la projection de documentaires, avec l’exposition de photographies des fonds marins...

Pour agir, il faut d’abord mesurer. L’urgence est de mettre à disposition des outils simples pour évaluer l’étendue des pollutions aquatiques, pour affiner la prise de décision de nos politiques et pour rendre notre action plus efficace. En effet, si de nombreux indices de la qualité de l’air en ville existent, il n’y a en revanche aucun baromètre de la qualité de l’eau en Méditerranée ! C’est pour cela que nous avons lancé en juin 2023 « Le BaroMed » avec le soutien de l’Agence de l’eau, de l’Ifremer et de l’Institut Océan de Marseille.

Sensibiliser, collecter des données, encourager les initiatives locales, monter des partenariats et des coalitions qui gagnent chaque jour en importance, c’est la démarche menée depuis plusieurs années et que nous avons concrétisée à Ajaccio pour le 4ème Festival de la Méditerranée. Pour que la plus belle des mers ne soit plus abimée.

Jean-Bernard Lafonta

Associé fondateur de HLD

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