Un phénomène inquiétant prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux et touche une enfance de plus en plus connectée : la sextorsion gagne du terrain à une vitesse vertigineuse. Les autorités, de part et d’autre de l’Atlantique, dénoncent une menace insidieuse qui cible les mineurs sur les réseaux sociaux, laissant derrière elle des vies brisées.
Sextorsion : l’alerte rouge des autorités face à l’explosion des cas chez les mineurs

Le 9 août 2025, le quotidien britannique The Guardian révélait des données alarmantes : les tentatives de sextorsion visant des enfants et adolescents connaissent une hausse fulgurante. Cette technique d’extorsion, où des criminels obtiennent des images intimes avant de menacer de les diffuser, s’impose désormais comme l’une des menaces numériques les plus redoutées par le FBI et l’association britannique NSPCC.
Sextorsion : un mode opératoire qui cible l’enfance en ligne
La sextorsion repose sur un schéma éprouvé : prise de contact en ligne, séduction ou intimidation, puis obtention d’images ou de vidéos à caractère sexuel. Vient ensuite le chantage : argent, nouvelles images, ou humiliations publiques. Selon BFMTV, qui reprend The Guardian, plus de neuf mille six cents cas d’adultes manipulant des enfants en ligne ont été recensés au Royaume-Uni en seulement six mois, soit environ quatre cents par semaine.
Aux États-Unis, le Centre national pour les enfants disparus et exploités (NCMEC) a reçu plus de cinq cent quarante-six mille signalements sur la même période, une hausse de cent quatre-vingt-douze pour cent par rapport à 2023.
Réseaux sociaux : Snapchat en tête des signalements
Les plateformes constituent le théâtre principal de cette menace. Snapchat concentre à lui seul environ vingt mille signalements d’éléments préoccupants, incluant sextorsion et images pédopornographiques, selon BFMTV. Instagram et TikTok sont également concernés.
La NSPCC critique le chiffrement de bout en bout instauré par certaines messageries, qu’elle juge entraver la détection des contenus illicites. Snapchat, qui ne l’a pas généralisé, reste celui qui remonte le plus d’alertes. Pour la directrice des campagnes de l’association, les chiffres sont « choquants » et probablement en dessous de la réalité, relaye le journal britannique.
Une industrie criminelle structurée et mondialisée
Les enquêtes du FBI et des forces britanniques ont mis au jour un manuel de cent une pages, véritable guide de la sextorsion, découvert en décembre 2024 lors de l’arrestation de “Baron Martin”, vingt ans, qui se présentait comme le “roi de l’extorsion”, rappelle BFMTV. Ce document, partagé dans des communautés en ligne misogynes et violentes, détaille les téléphones à utiliser, les techniques de chiffrement, et les identités fictives pour approcher les victimes.
Des gangs opèrent de façon coordonnée : identification de cibles vulnérables, création de liens émotionnels, puis passage à l’extorsion, avec parfois des demandes extrêmes allant jusqu’à l’auto-mutilation ou la production d’images d’abus sur animaux, selon The Guardian. Depuis 2021, plus de trois dizaines de garçons adolescents à travers le monde se sont suicidés après avoir été piégés par ce type de chantage. Les autorités constatent aussi une montée de l’usage de l’intelligence artificielle pour générer de fausses images à partir de photos volées.
Comment se protéger contre la sextorsion?
Les associations et forces de l’ordre martèlent quelques principes : ne jamais céder, ne jamais payer, et signaler immédiatement les faits aux plateformes ou aux autorités compétentes. La campagne britannique “Stay calm. Don’t pay” (Restez calme. Ne payez pas) incite les jeunes à alerter le portail CEOP. La vigilance des parents et éducateurs, ainsi qu’une éducation au risque numérique dès l’enfance, sont jugées essentielles pour réduire l’exposition des mineurs à cette menace.
Les jeunes doivent apprendre à en parler avec leurs parents ou des personnes ayant autorité, et les faits ne doivent pas être passés sous silence. Une plainte peut toujours être déposée à la gendarmerie, puisque détenir (et encore plus demander et produire) des images pédopornographie est un crime passible de prison.
