Telegram : vos données personnelles désormais partagées avec les autorités ?

Pavel Durov, fondateur de Telegram, annonce une modification radicale des règles de l’application : les adresses IP et les numéros de téléphone de certains utilisateurs seront désormais transmis aux autorités judiciaires sur demande légale.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 24 septembre 2024 à 10h00
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Telegram : vos données personnelles désormais partagées avec les autorités ? - © Economie Matin

Telegram cède finalement à la justice

Depuis sa création en 2013, Telegram offre un refuge aux utilisateurs désireux de protéger leur vie privée. Jusqu’à présent, l’application ne collaborait qu'en cas d'accusations de terrorisme avec la justice. Cependant, Pavel Durov, fondateur et PDG, a confirmé sur son compte Telegram le 23 septembre 2024 que la plateforme répondrait désormais aux demandes légales valides, en partageant des informations sensibles telles que les adresses IP et numéros de téléphone des utilisateurs suspectés d’activités criminelles. Pavel Durov a été mis en examen fin aout 2024 en France pour plusieurs infractions liées à son application et interdit de quitter le pays. Début septembre, il a exprimé sa surprise d'être tenu responsable du contenu publié par d'autres. Ce changement de politique marque un tournant historique pour l'application. Dorénavant, Telegram semble contraint de collaborer plus étroitement avec les autorités, au détriment de sa promesse initiale de confidentialité absolue.

Face à de nombreuses accusations, notamment en France, sur la prolifération de contenus illicites, Telegram a été forcé de revoir sa modération. En septembre 2024, Durov avait promis un renforcement des outils de contrôle, y compris l'utilisation de l'intelligence artificielle pour bloquer les mots-clés associés à des activités illégales comme le trafic de drogue ou la vente d’armes. Le Monde a pu constater que des mots-clés en français qui permettaient très facilement de trouver des armes, des produits volés ou de la drogue il y a encore deux semaines, ne renvoient à présent plus aucun résultat. Cependant, Telegram, plateforme souvent accusée de favoriser les criminels en raison de son haut niveau de cryptage, tente maintenant de redorer son image en mettant en avant une modération renforcée et une coopération plus claire avec les autorités judiciaires.

L'arrestation de Durov a accéléré les choses 

Le changement de politique de Telegram pose une question fondamentale : où tracer la limite entre sécurité et vie privée ? Bien que Durov ait insisté sur le fait que seules les personnes suspectées d'activités criminelles seront concernées, cela ne rassure pas pleinement les défenseurs de la vie privée. Selon lui, ce changement est une tentative de montrer « patte blanche » aux gouvernements tout en restant fidèle aux principes de base de Telegram.

L’arrestation de Pavel Durov en France et sa mise en examen pour publication de contenus illégaux sur sa plateforme ont accentué la pression sur l'entreprise. En plus de la justice française, d'autres pays suivent cette évolution de près, notamment la Belgique. Ce changement dans la politique de Telegram pourrait avoir des répercussions profondes sur son modèle économique et son image auprès des utilisateurs. Certains craignent que la modification des conditions d’utilisation ne conduise à une baisse du nombre d’utilisateurs, en particulier parmi ceux qui utilisent la messagerie pour protéger leur anonymat. Telegram compte près de 950 millions d’utilisateurs dans le monde.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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