Insolite : un défi TikTok tourne mal, une mère condamnée

Casser un œuf sur le front de son enfant, le tout filmé en direct, pour surfer sur une mode numérique ? Derrière la légèreté apparente, l’histoire cache une sanction bien plus lourde que prévu.

Un œuf, une plaisanterie... et 1 800 euros sur l'addition

C'était censé être une simple "farce". Sur TikTok, le "egg crack challenge" a enflammé la plateforme en 2023 : le principe ? Écraser par surprise un œuf cru sur le crâne d'un enfant en pleine session de cuisine. Mais en Suède, l'initiative a pris un tournant judiciaire. Une mère de 24 ans, originaire d’Helsingborg, a été condamnée par le tribunal de district local à verser 20 000 couronnes suédoises (soit environ 1 800 euros) de dommages et intérêts à sa fille de cinq ans. À cela s'ajoute 725 euros d'indemnité pour le père, ulcéré par la diffusion de la scène.
Selon Sydsvenskan, la justice a jugé que le comportement de la jeune femme était "imprudent" et qu’il avait "profondément perturbé" l’enfant, malgré l'absence de blessure physique constatée.

Initialement, le défi avait pour but de capturer des réactions "spontanées" d’enfants. Souvent, les vidéos montraient des éclats de rire... ou des pleurs. Mais dans cette affaire, la fille, sidérée, a simplement crié : « Oh ! Ne fais pas ça » avant que sa mère, hilare, ne continue de filmer. La séquence, diffusée en direct, a été visionnée plus de 100 000 fois, selon Expressen.
Un internaute, choqué, a anonymement alerté la police. Le procès a confirmé que la mère avait non seulement abusé de la confiance de l'enfant, mais avait aussi amplifié l'humiliation en partageant la scène auprès de "plusieurs milliers de téléspectateurs", comme l'a souligné la procureure Cecilia Andersson devant le tribunal.

TikTok : quand l'œuf devient une arme d'humiliation

Le tribunal a écarté l'accusation d'agression, faute de preuve de préjudice physique. Mais il n’a pas minimisé l’impact émotionnel : l’exposition publique, la moquerie, et l'humiliation sont devenues centrales dans la décision judiciaire.
Comme l'indique Le Parisien, la procureure a précisé : « Enregistrer et humilier l'enfant puis le diffuser à plusieurs milliers de téléspectateurs, je pense que c'est terriblement humiliant et c'est mon opinion personnelle. »
La jeune femme s’est défendue en expliquant qu’elle avait pour habitude de "faire des farces" à sa fille sur les médias sociaux et qu’elle n’avait jamais eu "l’intention de lui nuire". Des explications qui n’ont pas convaincu la justice.

Derrière cet épisode ubuesque, se dessine une réalité préoccupante : TikTok et autres plateformes numériques valorisent les contenus rapides, viraux, et parfois à la limite de la décence. Lorsque le buzz prend le pas sur le respect, même une blague en apparence anodine peut déboucher sur une lourde sanction.