Troubles visuels de l’enfant : comment réagir au plus vite ?

Le système visuel n’est pas définitif avant l’âge de 10 ans. Un contrôle régulier de la vue de l’enfant est donc crucial afin de diagnostiquer d’éventuels troubles et les corriger quand cela est encore possible. Une mauvaise vue a des conséquences dramatiques sur le développement de l’enfant et son parcours scolaire.

Alix De Nicolay Paysage (1)
Par Alix de Nicolay Publié le 17 décembre 2022 à 9h26
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80%80% des apprentissages passent par la vue

Consulter dès les premiers mois de l'enfant

Pour détecter un problème, il faut être attentif à tous les signes d’alerte de la part du jeune enfant, comme par exemple appuyer sur ses yeux ou encore pencher la tête. De telles attitudes doivent conduire les parents à consulter un médecin au plus vite.

Parmi les déficiences les plus fréquentes figure la vision unilatérale, qui n’est pas toujours simple à diagnostiquer. En effet, dans le cas de « l’œil paresseux », ainsi que l’on nomme de manière simplifiée « l’amblyopie », le jeune enfant compense avec l’œil sain.

Mais si l’œil paresseux n’est pas rééduqué avant l’âge de 7 ou 8 ans, la déficience risque de devenir définitive. Ce diagnostic est donc effectué par les médecins pédiatres et dans les centres de PMI (Protection maternelle et infantile) au cours de la première année de l’enfant par l’analyse du comportement du jeune enfant. La rééducation se fait souvent en occultant l’œil sain pour obliger l’œil paresseux à travailler. Il n’y a aucune correction particulière à apporter à l’œil déficient. Cette anomalie est la plupart du temps réversible.

Dépistage obligatoire entre 4 et 6 ans, suivi essentiel

Chez l’enfant plus grand, les troubles de la réfraction qui sont responsables de gêne dans la vie quotidienne et de difficultés scolaires doivent être identifiés par les professionnels de santé qui sont au contact de l’enfant : médecins et infirmières scolaires. Ceux-ci orientent l’enfant, en cas de besoin, vers un orthoptiste ou un ophtalmologiste. Mais les enseignants et les parents doivent être sensibilisés car ils jouent un rôle essentiel dans la détection de ces problèmes.

Un dépistage des troubles visuels est souvent effectué en petite ou moyenne section de maternelle, et une visite avec le médecin scolaire l’année des 6 ans permet également de dépister les élèves. Cependant, cette visite n’est pas toujours assurée, faute de personnel de santé scolaire, et il est donc essentiel que les parents prennent le relai. Des mentions figurent dans le Carnet de Santé de l’enfant afin de lui faire suivre le parcours de santé complet.

Les troubles les plus fréquents sont le strabisme (défaut de convergence qui se traduit par la déviation d’un œil), l’astigmatisme (qui déforme les images), l’hypermétropie (on distingue mal les objets proches) et la myopie (mauvaise vision de loin) qui peut, elle, se révéler dès l’âge de 5 ans.

Quand on sait que 80% des apprentissages passent par la vue et que 25% des élèves de primaire selon l’Asnav* souffrent de troubles visuels, il est essentiel d’agir : la mauvaise vision multiplierait par 3 le risque de redoubler une classe et un tiers des échecs scolaires en primaire serait liés à des troubles de la vue. Ce lien semble évident : difficultés de concentration, maux de tête, fatigue visuelle, confusion des lettres ressemblantes ...

Il faut donc renforcer le suivi systématique de chaque enfant car l’évolution des troubles visuels peut être très rapide.

L'épidémie de myopie

On parle désormais d’une épidémie de myopie qui touche nos sociétés occidentales : en effet, si dans les années 2000, on évaluait la prévalence de la myopie à 22% de la population, ce chiffre est déjà passé à 33% depuis 2020 et les études laissent à penser que 50% de la population mondiale sera myope en 2050.

Chez les enfants, si la myopie peut apparaître dès l’âge de 5 ans, c’est surtout au début de l’adolescence qu’elle se développe. Or plus la détection est précoce, plus on pourra réduire le risque d’évolution vers une forme grave.

Écoutons les conseils du Pr. Antoine Labbé, Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts et administrateur de l’association Helen Keller Europe : « Il faut inciter les enfants à jouer dehors à la lumière naturelle, chaque jour, veiller à ce qu’ils ne lisent pas à moins de 30 cm de leurs livres, diminuer les temps d’écrans et entrecouper ces périodes de lecture et de consultation de pauses régulières. Ces précautions permettent de freiner le développement de la myopie et peuvent même l’éviter chez les enfants qui voient bien. »

Il faut aussi lutter contre des idées reçues : certains parents pensent qu’il n’est pas bénéfique de faire porter des lunettes à un enfant au motif que les yeux ne feront plus d’efforts. Ceci est faux et peut avoir des conséquences graves. Dans tous les cas, il faut consulter et suivre scrupuleusement les choix faits par les spécialistes de la vue.

Vigilance et prévention

Pour préserver la santé visuelle d’un enfant, chaque adulte doit être attentif à son comportement au quotidien : il faut l’inciter à jouer dehors en l’équipant en lunettes de soleil car la lumière naturelle freine la myopie ; il faut aussi protéger ses yeux en limitant le temps d’écran, veiller à ce qu’il lise à bonne distance, dans une pièce bien éclairée et lui faire faire des pauses régulièrement. Il faut enfin s’assurer qu’il porte bien ses lunettes lorsqu’il en a besoin !

Alix De Nicolay Paysage (1)

Directrice Générale d’Helen Keller Europe

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