Vins de Bordeaux en crise : les viticulteurs arrachent leurs vignes

Le secteur viticole bordelais, confronté à une crise sans précédent due à la surproduction et à la baisse de la consommation, entreprend des mesures drastiques. Entre arrachage de vignes et réorientation des productions, les viticulteurs tentent de naviguer dans une période de turbulences économiques et environnementales.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 13 février 2024 à 11h35
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44%Les ventes de vin rouge ont plongé de 44% en dix ans.

Le vignoble bordelais est en pleine tourmente. Depuis une décennie, les ventes de vins rouges, qui constituent 85 % de la production de la région, ont subi une chute vertigineuse de 44 %, particulièrement dans les appellations d'origine protégée (AOP). Cette régression est d'autant plus significative que les consommateurs se détournent progressivement des vins rouges au profit des vins rosés et blancs, perçus comme plus légers.

La baisse alarmante des ventes de vins de Bordeaux

Ce changement de goût est influencé par une baisse de consommation de viande rouge et par l'évolution des modes de consommation, en privilégiant par exemple les apéritifs dînatoires aux repas traditionnels. Face à cette désaffection, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) a lancé des campagnes publicitaires pour tenter de redorer le blason des vins de la région.

Pour faire face à l'excédent de production, qui atteint plus de 150 millions de bouteilles invendues, les viticulteurs bordelais ont opté pour l'arrachage de vignes, une solution soutenue financièrement par l'État et le CIVB avec un fonds de 57 millions d'euros destiné à l'arrachage de 9.500 hectares.

Cette démarche vise également à lutter contre la propagation de la flavescence dorée, une maladie menaçant la santé des vignobles. Néanmoins, cette solution n'est pas sans douleur pour les exploitants, qui expriment le « crève-cœur » que représente l'arrachage de vignes productives. La complexité administrative et l'incertitude quant au montant réel de l'aide financière contribuent au sentiment de frustration parmi les viticulteurs.

L'arrachage des vignes, une mesure controversée

Malgré ces défis, certains viticulteurs envisagent des alternatives pour renouveler leur activité. Certains prévoient de se tourner vers la culture de céréales sur les parcelles libérées, espérant que cette diversification permettra de stabiliser leurs revenus. Cette crise souligne également un changement profond dans les habitudes de consommation des Français, qui, en soixante ans, sont passés de plus de 120 litres de vin par an et par habitant à moins de 40 litres. Cependant, une tendance à la consommation de vins de meilleure qualité se dessine, signe d'une évolution vers des pratiques plus durables et respectueuses de l'environnement et de la santé.

Le vignoble bordelais traverse une période critique, marquée par la nécessité d'adapter ses pratiques et sa production aux nouvelles réalités du marché et aux attentes des consommateurs. Entre mesures d'urgence et perspectives de renouvellement, l'avenir du secteur viticole bordelais reste incertain mais ouvert à l'innovation.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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