Aide à l’achat immobilier à Paris : Griveaux persiste et signe

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 4 février 2020 à 12h35
Paris Biennale Art Danger France
31%À Paris, l'investissement locatif représente désormais 31 % des acquisitions.

Le candidat LaRem à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, député et ancien membre du gouvernement, a été fortement décrié par les professionnels de l’immobilier concernant sa proposition de campagne : une aide à l’achat immobilier de 100.000 euros pour les Parisiens, sous la forme d’un apport. Loin d’écouter celles et ceux qui vendent des biens immobiliers pour vivre, le candidat persiste et signe.

« Moi, je contrôle les prix »

Sur FranceInfo, le 3 février 2020, Benjamin Griveaux est revenu sur sa proposition d’aide à l’achat. Il précise que, naturellement, cet apport est soumis à des conditions de revenus mais également que le projet immobilier ne sera éligible qu’en cas de « prix raisonnable » avant d’annoncer, peut-être un peu précipitamment, « moi, je contrôle les prix ».

« Je vais plafonner les montants sur lesquels on investit. Si les clients de Monsieur Vimont voient arriver des personnes avec 100.000 euros de plus et rajoutent 100.000 euros au prix de vente, eh bien moi je ne participerais pas. Ça sera plafonné », a déclaré le candidat, en réponse à la critique faite par Laurent Vimont, président de Century 21. Sauf que ça ne changera rien.

Un marché extrêmement tendu à Paris

Le marché immobilier à Paris est extrêmement tendu, ce qui signifie que sur un même bien il y a potentiellement plusieurs offres… et le propriétaire qui vend peut faire son choix entre les offres présentées. Lorsque Benjamin Griveaux dit qu’il ne participera pas à une potentielle hausse des prix, il crée tout simplement de la méfiance envers les acheteurs qui bénéficieraient de cette aide.

Car la question est la suivante : comme va-t-il décréter que tel prix est « raisonnable » ou non ? Et quand est-ce que l’apport sera validé ? Avant ou après le compromis ?

Lorsqu’un acheteur demande un crédit pour son projet immobilier, il y a une clause dans le compromis de vente qui dit que si la banque n’accorde pas le prêt, alors la vente ne se fait pas : le vendeur prend donc un risque, généralement assumé, d’accepter une offre sous condition de crédit. Mais si l’offre est sous condition de crédit et sous condition d’acceptation de l’apport par la mairie de Paris, cela représente une double clause risquée : aucun vendeur ne prendra ce risque sachant qu’il a, peut-être, une offre similaire soumise au seul critère d’acceptation du crédit.

Si les ventes commencent à sauter, les ménages avec cet apport seront pénalisés

La situation pourrait même rapidement empirer si plusieurs ventes sautent à cause des conditions d’acceptation de cet apport : les propriétaires seront d’autant plus méfiants, tout comme les agents immobiliers qui doivent expliquer le montage financier derrière l’offre d’achat. Certains sont en effet plus « risqués », pour la conclusion de la vente, que d’autres.

Par exemple, un acheteur qui achète « cash », ce qui est très rare, est le cas le moins risqué : il a déjà l’argent à la banque et ne doit que signer un chèque. Le cas le plus classique est celui de l’offre sous condition de prêt : si les acheteurs potentiels ont bien fait leurs démarches auprès des banques et des courtiers, le risque est minime car ils savent ce qu’ils peuvent investir. Il y a également le cas plus complexe du « prêt-relais » : l’acheteur est propriétaire d’un bien dont il paye un crédit et qu’il va revendre pour payer une partie du nouveau crédit.

Le projet de Benjamin Griveaux ajoute une nouvelle option avec cette histoire d’apport de la mairie… qui paraît être encore plus risquée pour les vendeurs.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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