76 % des Français ne font pas confiance au gouvernement pour faire plier Mittal sur Florange

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Par Frédéric Latrobe Modifié le 6 décembre 2012 à 18h44

Au terme d'une semaine de rebondissements sur le dossier de Florange, qui a vu le Premier Ministre balayer la proposition de nationalisation temporaire du site portée par Arnaud Montebourg, les Français n'ont pas confiance à 76 % dans la capacité du gouvernement à faire en sorte maintenant que Mittal tienne ses promesses, d'après un sondage Tilder-LCI-OpinionWay paru ce jeudi 6 décembre... Plus que l'accord lui-même, c'est l'autorité du gouvernement qui est mise en doute.

Deux enseignements peuvent en effet être tirés de ces résultats. Les Français, la semaine dernière, nous disaient être majoritairement favorables à la nationalisation temporaire du site et à la méthode d'Arnaud Montebourg : celle d'un Etat fort qui manie la pression, le bras de fer, voir la menace. Cette communication du coup d'éclat qu'Arnaud Montebourg mène depuis le début, à l'inverse de celle de Matignon, a donc trouvé un écho dans l'opinion. Or, en rejetant la nationalisation, Jean-Marc Ayrault a aussi rejeté la méthode et face à cela, les Français restent cohérents : ils croyaient à l'une et donc ils ne croient pas à l'autre.

Le deuxième point est que ces résultats confirment en creux le doute qui plane sur l'autorité du chef du gouvernement et sur sa crédibilité. Le raccourci est facile : si le Premier Ministre ne peut avoir d'autorité sur ses propres Ministres, comment pourrait-il en avoir sur un géant de l'industrie comme Mittal ? Le rebondissement de ce matin vient d’ailleurs le prouver puisque le groupe Arcelor Mittal a déclaré qu’il se retirait du projet Ulcos, que le Premier ministre avait justement placé au coeur de son accord pour l’avenir de Florange. Cette semaine est donc une vraie semaine du "qui perd gagne : Arnaud Montebourg a perdu sur le plan industriel mais il a gagné sur le plan de l'opinion et de la communication.

Malgré le surcoût annoncé cette semaine par EDF pour le chantier de l'EPR à Flamanville, les Français souhaitent que la construction aille à son terme...

Là aussi, deux enseignements à tirer. D'une part, dans un contexte de crise économique et d'argent rare pour les finances publiques, l'argument entendu depuis deux jours sur le gaspillage économique que représenterait l'arrêt de ce chantier joue d'une manière assez forte. D'autre part, ces résultats montrent tout de même l'attachement - encore - d'une grande partie des Français au nucléaire. On sait qu'ils sont plutôt pour une sortie progressive promise d'ailleurs par Français Hollande : or, l'EPR n'est pas en contradiction avec cette sortie qui est surtout réclamée pour des raisons de sécurité post Fukushima. Cela montre que les arguments sur la sureté de ce réacteur nouvelle génération ont eux aussi convaincu. Enfin, le gouvernement va devoir gérer en communication ce gros point noir de désaccord avec les écologistes. Avec l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, cela fait beaucoup. Mais sur l'EPR en tout cas, Jean-Marc Ayrault est en accord avec l'opinion.

Fiche Technique :
Etude réalisée auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour Tilder et LCI. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Mode d’interrogation: L’échantillon a été interrogé en ligne sur système Cawi (Computer Assisted Web Interview). Dates de terrain : les interviews ont été réalisées du 5 au 6 décembre 2012.

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Ancien chef du service politique à BFM Radio, Frédéric Latrobe est aujourd'hui directeur associé chez Tilder, un des leaders du conseil en communication pour les Directions Générales des grandes entreprises.

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