Augmentations, interdictions : l’industrie du tabac en guerre contre l’Etat

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 18 octobre 2016 à 6h26
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0,20 EUROLe paquet de cigarettes pourrait augmenter de 20 centimes d'euro en 2017

L'objectif du gouvernement, affiché, est de réduire le nombre de fumeurs en France. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Outre l'augmentation du prix du paquet, que les Français ont pris l'habitude de subir sans rien dire, l'Etat a mis en place le paquet neutre et veut interdire la commercialisation de certaines marques et types de cigarettes. L'industrie du tabac en a marre : c'est désormais le Conseil d'Etat qui va devoir se prononcer.

Attendez-vous à une hausse du prix du paquet de clopes

L'Etat avait annoncé vouloir augmenter le prix du tabac mais, essentiellement, celui du tabac à rouler. Moins cher que les cigarettes classiques, le tabac à rouler est très apprécié par les jeunes, principale cible des politiques du gouvernement contre le tabac. En 2017 le paquet de tabac à rouler pourrait voir son prix exploser et augmenter de 1,20 euro... soit une hausse annoncée de 15 %.

Mais les fumeurs qui espéraient être exonérés de hausse ne devraient pas y compter. S'il n'y a aucune hausse prévue par décret sur le prix du paquet de cigarettes, une nouvelle taxe vise les distributeurs qui livrent les clopes aux buralistes. Inutile de dire que ces entreprises ne vont pas se laisser faire : elles vont tout simplement augmenter le prix de leurs services payés par les fabricants.

Ces derniers, qui ne veulent pas payer pour les fumeurs, augmenteront donc le prix du paquet pour compenser la hausse du prix de la distribution. Au final ce seront bien les fumeurs qui devront sortir le portefeuille : les paquets de cigarettes sont attendus en hausse de 20 centimes l'unité en 2017.

Seita ne veut pas qu'on interdise certains noms de marques

Le conflit, qui dure depuis des années, s'envenime donc entre les fabricants et l'Etat. Ce dernier a en projet d'interdire certains noms de marque : une décision qui est devenue décret le 11 août 2016 et qui se bases sur la directive européenne de 2014, la même qui avait interdit, par exemple, d'appeler des cigarettes "light".

Le nouveau décret vise, pour le coup, plus qu'une simple appellation : il vise les marques directement. Le "Gold" de Marlboro Gold, soit, mais également les marques "Gitanes" et "Gauloises" qui, selon le ministère de la Santé, évoquent la féminité... ou encore le "Lucky" de Lucky Strike" qui signifie "chanceux" en anglais.

Pour le ministère de la Santé, selon le décret d'août 2016, ces noms veulent attirer le fumeur et l'inciter à fumer. Seita, filiale française du groupe Imperial Tobacco qui détient une partie de ces marques se dit "expropriée de ses marques". Le groupe a donc annoncé saisir le Conseil d'Etat pour faire annuler le décret.

Et le tout, espère le groupe, avant 2017 car à ce moment-là seuls les paquets neutres seront autorisés en France et Seita comme ses concurrents aimeraient au moins avoir leurs marques, vu qu'ils n'ont plus droit au design de paquets.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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