BCE : QE or not QE

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Par Alexandre Baradez Publié le 16 septembre 2014 à 3h56

Le doute plane sur les intentions à venir de la Banque Centrale Européenne...

Les marchés ne s'attendaient clairement pas à une intervention de la BCE aussi rapprochée de celle de juin. Son président et plusieurs membres avaient entretenu le doute, laissant entendre qu'il faudrait mesurer l'impact du premier train de mesures avant, éventuellement, d'accroître le soutien à l'économie européenne.

Même si l'hypothèse d'une action supplémentaire s'était renforcée lors de l'intervention de Mario Draghi au symposium de Jackson Hole, les propos de responsables politiques allemands laissant entendre que le marché avait sur-interprété les déclarations ont laissé planer un doute sérieux sur les intentions de la BCE.

Le nouveau package des mesures annoncé le 4 septembre a surpris par sa densité : nouvelle baisse de taux (refi, dépôts et facilité de prêts) et mise en place d'un programme d'achat d'ABS venant s'ajouter aux LTRO ciblés de septembre et décembre annoncés en juin, sans oublier la fin de la stérilisation du programme SMP activé lors de la crise de la dette. Mario Draghi a laissé entendre que la taille du bilan de la BCE pourrait revenir sur les niveaux de 2012...soit près de 1000 milliards € de plus par rapport au niveau actuel.

Si l'effet a été immédiat au moment des annonces lors de la conférence de presse (enfoncement des 1.3000$ pour l'euro et accélération du CAC40 au-dessus des 4500 points), il reste toutefois une question en suspens à savoir le lancement d'un QE (achat massif de dettes souveraines notamment). On peut considérer que les achats d'ABS constituent une forme d'assouplissement quantitatif mais qui s'apparente à un QE « light » et assez éloignés de celui de la FED ou de la BoJ...sachant que Mario Draghi ne l'a toujours pas exclu de sa liste d'instruments disponibles, les marchés restent vigilants sur ce point.

L'absence de poursuite de la hausse des marchés européens traduit notamment une certaine prudence. En effet, hormis la baisse des taux qui a un effet immédiat sur les taux de change, les autres mesures annoncées, même si elles vont délivrer leurs effets sur l'économie à moyen terme, mettront un certain temps à se mettre en place et à agir à court terme, dans un contexte ou l'inflation reste à des niveaux extrêmement faible et où la dynamique de reprise économique en zone euro marque le pas depuis plusieurs mois.

Prudence également alimentée par le fait que malgré les mesures prises pour faire baisser le niveau de l'euro, le prix des matières premières et notamment celui du pétrole continue de baisser en parallèle, annulant partiellement les effets de la baisse de l'euro sur l'inflation importée.

Prudence concernant la réaction des responsables allemands après les annonces de la BCE. Même si ces derniers se sont montrés jusqu'à présent moins virulents que la presse, la réaction récente de Wolfgang Schaeuble traduit l'inquiétude de voir les pays européens relâcher leurs efforts de réformes structurelles et budgétaires. On sait d'ailleurs que les décisions prises lors de la dernière réunion de la BCE ne l'ont pas été à l'unanimité contrairement aux précédentes...

Prudence enfin des après les multiples références de Draghi à la responsabilité des Etats européens dans le processus de relance de la croissance. Le sentiment laissé dans ces propos est que la BCE a délivré beaucoup en terme de politique monétaire mais qu'elle est impuissante face à l'absence de réformes structurelles, budgétaires et fiscales, les seule pouvant instaurer un climat de confiance durable et essentiel au retour de la croissance.

La hausse des taux souverains ces derniers jours et la baisse des marchés actions en Europe traduisent un certain scepticisme sur la mise en place d'un plan d'achat d'actifs massif par la BCE. Les déclarations d'Yves Mersch de la BCE, sur la nécessité de différencier les achats d'ABS d'un Quantitative Easing, ou encore celles de Vitor Constancio qui espère que le package des dernières mesures sera suffisant laissent penser que la BCE prendra le temps de la réflexion avant d'utiliser une de ses dernières armes contre l'inflation faible et le manque de dynamisme du crédit en zone euro.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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