Covid-19 : contraction de l’économie, densification de l’information

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Par Rédacteur Modifié le 3 avril 2020 à 16h17
Coronavirus Economie
1,4%Pour Moody's, la France devrait connaître une récession de -1,4% en 2020.

Malgré la baisse générale de l’activité constatée, les initiatives se multiplient pour en atténuer les effets et favoriser la reprise à l’échelle locale. Une forme de résilience favorisée par la densité des réseaux de circulation de l’information, et qui pourrait accélérer la transition vers un nouveau modèle de croissance.

Entre le confinement général et la fermeture de nombreux commerces décrétés pour combattre l’épidémie de coronavirus, peu d’activités se trouvent épargnées. Le bilan économique sera sans aucun doute lourd : la récession causée par l’épidémie sera de « beaucoup plus que moins 1 % », selon Bruno Le Maire. Pour autant, la baisse d’agrégats généraux comme le PIB ou les indices boursiers masque l’effervescence suscitée à moindre échelle par l’urgence épidémique et le fléchissement de l’économie.

Les initiatives se multiplient en effet pour venir en aide tant au système hospitalier et au personnel de santé, qu’aux plus vulnérables et à l’économie réelle. Les initiatives prises par de grands groupes sont salutaires, tels LVMH mettant à disposition ses parfumeries pour produire du gel hydroalcoolique, Pernod Ricard de l’alcool pour produire ledit gel, Safran mettant à disposition des masques de qualité militaire, ou encore Chanel prenant en charge les salaires de ses collaborateurs afin de ne pas peser sur le système d’activité partielle.

Toutefois, ces grands gestes ne sont pas les plus révélateurs d’un étonnant phénomène d’adaptation des plus petits acteurs de l’économie. Étonnant, en effet, si l’on considère à quel point la dernière crise d’ampleur avait sclérosé l’économie, laissant les ménages comme les entreprises dans un état de morosité qu’il a fallu plusieurs années pour inverser. La crise de 2008 et la récession qui s’ensuivit servirent d’exemples des failles intrinsèques aux économies libérales aux partisans d’une économie administrée.

Face au coronavirus, l’économie de marché n’a pas dit son dernier mot

Cette fois, l’économie de marché, fondée sur la convergence des initiatives individuelles vers des états de prospérité collective, semble n’avoir pas dit son dernier mot. Certes, les grandes chaînes de production internationales sont pour la plupart grippées. Mais les acteurs nationaux et locaux font montre d’une autonomie et d’une initiative inattendues dans deux domaines essentiels à la résilience de l’économie : la diffusion de l’information utile d’une part, et l’organisation de la solidarité d’autre part.

À mesure que les pouvoirs publics prenaient conscience de la gravité de la crise, les mesures économiques, fiscales et réglementaires d’assistance aux entreprises vulnérables se sont multipliées et approfondies. Ces mesures portent souvent sur des systèmes méconnus, telle l’activité partielle ou les prélèvements sociaux et fiscaux. Outre les relais officiels que constituent les chambres de commerce et d’industrie, l’on a vu fleurir des groupes Facebook d’entraide de patrons en difficulté. Les grands réseaux sociaux et de communication n’ont pas perdu leur temps, tel Whatsapp dispensant des conseils aux entreprises quant à la meilleure façon d’utiliser son application pour poursuivre leur activité.

L’économie sociale et solidaire se positionne dans la lignée de son engagement

D’autres initiatives ont été directement prises par les entreprises à destination de leurs clients et prospects. C’est le cas de Garance, une mutuelle distribuant des produits d’épargne et d’assurance, qui a mis en place, en partenariat avec un cabinet d’avocats, une plate-forme librement accessible de conseils thématiques et personnalisés à destination des entrepreneurs et indépendants. Virginie Hauswald, directrice générale, souligne l’intérêt de cette initiative : « Nos clients, artisans, commerçants, agriculteurs, professions libérales, chefs d’entreprise constituent des actifs clefs du tissu économique de proximité. Ils sont en première ligne pour tenir l’effort national de production dans la crise, mais sont également les premiers heurtés par les conséquences économiques des mesures de lutte contre la diffusion du virus. Les établissements sont fermés, les carnets de commande fondent. La distance que nous impose cette épidémie nous challenge, nous stimule pour inventer et mettre en œuvre les moyens de soutenir ceux qui nous font confiance. » Ce dispositif, mis en place en quelques jours, « se double d’une cellule d’aide d’urgence opérée par des avocats et consultants spécialistes en Droit des affaires, fiscalité, Droit social ou encore stratégie », indique Baptiste Prezioso, associé du cabinet d’avocats et de conseil Mayer Prezioso , partenaire de Garance dans la mise en place de la plate-forme. Celui-ci d’ajouter « c’est dans la crise que nous prouvons la robustesse d’une relation, avec Garance, nous essayons d’être à la hauteur de notre engagement client par le lancement de cette plate-forme gratuite ».

Mais l’exploitation des possibilités offertes par les technologies de l’information dépasse leur fonction première et s’attelle à organiser les initiatives de solidarité émanant des entreprises, salariés et associations. Ainsi la plate-forme « En première ligne » permet d’apparier les membres du personnel soignant en demande d’aide et les volontaires capables de leur fournir de quoi les soutenir, sur le plan logistique notamment. Autre plate-forme, mise en place cette fois par la collaboration du ministère du Travail et d’une start-up, « Tous confinés, tous engagés » permet aux entreprises de mettre à disposition leurs salariés désœuvrés par l’épidémie au service d’initiatives de solidarité physiquement (commissions, garde d’enfants, distribution de repas…) ou en télétravail (soutien scolaire, conseil en logistique et en communication à destination d’associations…).

À la faveur de ces initiatives, la possibilité d’un renouveau économique

Au-delà de leur utilité immédiate, ces initiatives montrent que la mise en pause de l’économie mondialisée pourrait profiter à la transition vers une économie qui serait à la fois plus humaine et moins matérielle. La fameuse « économie de la connaissance » montre de plus en plus, à la faveur des efforts récents, qu’elle constitue un modèle viable et pertinent de croissance.

Reste toutefois à voir si les pouvoirs publics sauront lui ouvrir la voie par des mesures structurantes, en matière de politique commerciale internationale notamment. Sans garde-fous réglementaires, la rentabilité financière fera toujours triompher des modèles de production écartelés entre les deux hémisphères. Les premières mentions de « plans de relocalisation » sont un signe favorable ; faire fructifier la capacité d’adaptation dont ont fait preuve nos acteurs économiques depuis quelques semaines serait une valeur plus sûre encore.

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