Crise pétrolière : l’onde de choc africaine

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Par Sylvain Gosselin Publié le 24 mars 2016 à 14h33
Petrole Afrique Crise
75%75 % de l'économie de l'Angola est issue du pétrole.

En l’espace de deux ans, le baril de pétrole a perdu 60 % de sa valeur. Cette chute a entrainé avec elle l’économie de nombreux pays africains, vivant principalement du commerce pétrolier. Cependant, dans ce climat de crise financière majeure, certains états parviennent encore à tenir la distance.

Le Nigéria emprunte massivement

Avec un prix du baril de pétrole qui pointe aux alentours des trente euros, le marché pétrolier n’avait jamais connu des tarifs aussi bas. Pour les pays producteurs de pétrole, la crise est abyssale. L’Arabie Saoudite accuse désormais un déficit égal à 20 % de son PIB. Fin janvier, la Russie a vu le rouble plonger au plus bas de son histoire face au dollar. Ces acteurs importants du secteur pétrolier subissent cette crise de plein fouet mais disposent encore de ressources financières conséquentes pour renflouer les caisses en attendant des jours meilleurs. L’Afrique subit également les conséquences de cette dégringolade du marché, voyant les revenus provenant d’une activité reine sur le continent fondre comme neige au soleil.

Premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigéria est en première ligne et reste grandement affaiblit par l’effondrement des cours. La croissance du pays a été de 3 % en 2015, soit le plus mauvais résultat depuis une dizaine d’années d’après les données publiées en janvier par le Fonds monétaire international (FMI).

Les réserves en dollars du pays (28 milliards de dollars contre 48 milliards en avril 2013) ne lui permettent pas de répondre à ses dépenses à court terme. Le Nigéria est aujourd’hui dans l’obligation d’emprunter massivement afin d’honorer un budget censé dynamiser une croissance molle.

L’Angola tourne au ralentit

Deuxième producteur de pétrole sur le continent africain, l’Angola fait également partie des pays pour qui les effets de la crise pétrolière sont le plus dévastateurs. Avec une économie majoritairement dépendante de l’or noir, 75 % des recettes du pays sont générées grâce au pétrole, l’Angola est aujourd’hui au plus mal.

Les caisses de l’État ont perdu pas moins de 25 milliards de dollars en 2015. En un an, le cours officiel du kwanza, la monnaie nationale, a perdu 35 % de sa valeur face au dollar. Cette dépréciation de la devise angolaise fragilise le pays qui voit son économie tourner au ralentit et tous ses projets de développement s’envoler en fumer.

Pour essayer de sortir la tête de l’eau et remettre les comptes à flot, certains pays n’hésitent pas à couper sec dans leur effectif. C’est ainsi que l’Algérie a annoncé sa volonté de supprimer un million de postes de fonctionnaires dans le pays, soit 40 % de l’ensemble des 2,5 millions de fonctionnaires algériens.

Au Tchad, Idriss Déby diversifie l’économie

Loin d’être épargné par cette tempête économique, le Tchad de son côté sauve les meubles. Le pays dirigé par Idriss Déby tire 60 % de son économie du pétrole, on pourrait donc s’attendre au même scénario catastrophe que ses voisins producteurs et pourtant. Le gouvernement en place fait son possible pour éviter que le pays ne sombre dans la faillite et pour le moment cela fonctionne. Si les budgets de l’Etat ont été significativement réduits, les emplois et les salaires des fonctionnaires ont été préservés.

Pour le Tchad, l’objectif est désormais de diversifier son économie afin de ne plus dépendre du commerce pétrolier. Il s’agira notamment de développer le secteur agricole ou encore d’exploiter les ressources minières du pays. Concernant les projets en cours, stoppés par la crise, Déby garantie qu’ils devraient reprendre très rapidement.

« La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie » disait Sénèque. En prenant les bonnes mesures au moment opportun, le Tchad a su être réactif face à une crise qui a submergé plus d’un pays. Si le pays parvient à éviter la banqueroute, il doit cependant jongler avec un marché pétrolier capricieux sur lequel il n’a, tout comme les autres pays africains, aucune emprise. Et c’est ici que réside certainement le principal défi.

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Titulaire d'un BTS et d'une licence professionnelle en génie climatique, Sylvain Gosselin a travaillé chez Management RH jusqu’en 2015. Un temps responsable d'un bureau d'étude en Aquitaine où l'essentiel de son travail consistait en la rédaction de dossiers techniques et d'appel d'offres, Sylvain Gosselin a opéré un virage à 180° en se lançant dans une carrière de conseil et audit opérationnel dans le secteur du nucléaire.

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