Les dirigeants du RSI en plein déni des réalités

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 21 décembre 2016 à 9h50
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17,7 MILLIARDS €Le RSI verse chaque année 17,7 milliards d'euros de prestations

Face à la pression juridique et médiatique, les dirigeants du RSI sont aujourd’hui dans un stupéfiant déni des réalités qui leur sont opposées. Ce refus d’ouvrir les yeux est si prononcé qu’on peut se demander dans quelle mesure il n’explique pas l’incapacité du RSI à régler ses dysfonctionnements et à adopter une véritable démarche commerciale vis-à-vis de ses ressortissants.

Une pression juridique lourde à soutenir

Nous évoquions dans nos colonnes l’argumentation juridique qui est désormais opposée au RSI sur l’illégalité de sa constitution. Les premiers tribunaux à s’exprimer sur la validité de cette mise en cause liée aux formes suivies par les préfets pour créer les caisses régionales sur réunionnais. Une trentaine de « libérés » du RSI y attaquent la régularité de leur caisse.

Ces multiples assignations découlent du combat mené localement par le CSAPR (Collectif des syndicats et associations professionnelles de la Réunion). Ces «anti-RSI» ou «libérés» exigent la fin du monopole de ce régime, jugé illégal selon eux. Ils demandent simplement l’application de la directive européenne de janvier 2008 abrogeant ce monopole et permettant de quitter le RSI pour aller s’assurer ailleurs en Europe.

La décision devrait intervenir le 26 janvier 2017. Elle sera évidemment suivie de près…

Une pression médiatique de plus en plus lourde

À Besançon, c’est une simulation d’un suicide collectif qui a eu lieu dans les locaux de la caisse régionale.

Ce lundi matin, ils sont six artisans et commerçants à rentrer par surprise dans les locaux du RSI, le Régime social des indépendants à Besançon. Ils s’allongent face contre terre, aspergés de faux sang. Ils simulent un suicide collectif. Leur message : « Le RSI tue »

Ce « happening » a bénéficié d’une bonne couverture médiatique, qui illustre la percée de ce thème dans l’opinion. Pour l’institution RSI, cette impopularité grandissante constitue à la fois une menace et un défi.

L’étrange surdité des dirigeants du RSI

En réaction au « suicide collectif » de Besançon, le sous-directeur du RSI Franche-Comté a déclaré:

« Il se peut très bien qu’au moment où on doit payer les cotisations, on soit dans une situation économique moins bonne que l’année précédente. Mais ce n’est pas opaque, c’est peut être complexe à comprendre, mais ce n’est pas de l’opacité. Et puis on prend des rendez-vous et on répond à 92% des demandes au téléphone. »

Ces propos, s’ils sont conformes au prononcer, laissent perplexes. Il faut une fameuse dose de déni pour soutenir que le fonctionnement du RSI n’est pas opaque. On notera d’ailleurs la nuance sémantique: c’est complexe, mais opaque. Les dirigeants du RSI ont le sens de la nuance.

On peut leur suggérer quelques autres nuances du même ordre. Par exemple, les services sont parfois laborieux, mais ils fonctionnent bien. La qualité des prestations est parfois difficile à mesurer, mais elle est bonne. Les assurés du RSI se posent parfois des questions, mais ils adhèrent au régime. On pourrait s’amuser à rédiger, avec les dirigeants du RSI, une anthologie du déni qui permet de se persuader que tout ne va pas si mal quand le RSI fait l’objet d’un rejet viscéral de la part de ses assurés.

Protection sociale ou asservissement autoritaire?

Derrière le badigeon lexical patiemment appliqué par les dirigeants du RSI sur le mur lézardé du régime, se pose une question fondamentale. Combien de temps ce pays continuera-t-il à appeler « protection sociale » ou « régime social » un système imposé par la force et la contrainte à une population entière qui refuse avec constance la mise en place du dispositif?

L’intérêt du RSI est de révéler la véritable nature de la sécurité sociale. Sous couvert de « protéger », il s’agit bien entendu d’asservir les assurés, en distillant une culture de la déresponsabilisation et de l’obligation. Au train où va le RSI, il n’est pas impossible qu’il parvienne à susciter cette prise de conscience chez les assurés sociaux.

En tout cas, l’obstination que les dirigeants du RSI mettent à nier les évidences prouvent bien que la protection des assurés n’est qu’un enjeu secondaire par rapport à la mise sous contrôle autoritaire d’une population donnée.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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