L’emploi US, une vigueur en trompe l’oeil

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Par Bill Bonner Publié le 13 décembre 2019 à 5h37
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9600 MILLIARDS $La dette des Etats-Unis augmentera de 9.600 milliards de dollars durant le mandat de Donald Trump.

Les chiffres de l’emploi américain ont provoqué une vague d’euphorie sur les marchés… mais ils dissimulent une réalité moins reluisante.

Triste nouvelle : le dernier banquier central honnête d’Amérique s’est éteint cette semaine. Nous en reparlerons.

En attendant, les marchés américains ont profité d’une « victoire écrasante sur le front de l’emploi », montrant que l’économie US est « encore vigoureuse ».

Donald J. Trump en a rajouté une couche :

« On a tout écrasé. Regardez ces chiffres industriels ; tout écrasé. »

Personne n’a mentionné que la majeure partie des emplois ne concernait pas l’industrie… et que la hausse de novembre provenait de la fin de la grève chez General Motors, non d’une croissance robuste du secteur manufacturier.

Au lieu de cela, les tendances principales se poursuivent : raréfaction des emplois bien payés dans l’industrie ; augmentation des jobs à bas salaire dans le secteur des services.

Par ailleurs, personne n’a voulu gâcher la fête en rappelant que le chômage n’est pas un indicateur avancé.

Les entreprises prennent leurs décisions d’embauche des mois avant que les nouveaux employés soient comptabilisés dans la main d’œuvre. L’emploi est toujours élevé… juste avant une récession.

Ensuite, quand les ventes faiblissent et que les profits disparaissent, les entreprises ne se débarrassent pas immédiatement de leurs employés ; elles réduisent le nombre d’heures travaillées… attendant de voir jusqu’où la situation s’aggrave avant de prendre des mesures plus radicales.

C’est exactement ce qu’elles semblent être en train de faire en ce moment. Si on regarde les « heures travaillées » au lieu du nombre d’employés, on constate la même tendance à l’affaissement qu’un peu partout ailleurs.

Un boom en fin de vie

Nous avons rapporté il y a quelques jours que le déficit commercial US se réduit… pour de mauvaises raisons. Les Américains n’achètent tout simplement plus autant à l’étranger. Ce qu’ils n’achètent pas ne n’est donc pas chargé dans des camions et des trains… si bien que les dockers, les débardeurs et les camionneurs se retrouvent sans rien à faire.

On peut le constater en regardant le temps que passent les salariés américains au travail chaque semaine. Les chiffres sont désormais négatifs – avec une chute des heures de travail dans le commerce, les transports, les services publics et les entrepôts – tout comme ils l’étaient à l’approche de la dernière grande crise, en 2007.

En d’autres termes, les chiffres de l’emploi « écrasants » reflètent plus le passé que l’avenir. Ils sont typiques d’un boom en fin de vie.

Mais plus le boom met de temps à se terminer… plus les gens commencent à se dire qu’il est éternel. Ils tentent alors de l’expliquer, examinent les verrues et les cicatrices… et les confondent avec des grains de beauté.

Plus on est de fous (endettés), plus on rit

Maintenant que le monde est profondément enlisé dans les taux négatifs, par exemple, les penseurs planétaires réfléchissent intensément aux raisons pour lesquelles les taux négatifs ne sont pas grotesques… mais attirants.

Quant à la dette, plus on est de fous plus on rit : elle peut aider à guérir les malades, nourrir les pauvres… et acheter un nouveau porte-avion !

On attendrait ce genre de sottises de la part de Kudlow, Krugman, Piketty, Lagarde, Summers et al.

Mais et tu, George ?

George Gilder, Gale Pooley et Marian Tupy sont normalement des personnes sensées.

Gilder a écrit l’un des meilleurs livres sur l’argent jamais publiés, The Scandal of Money [Le Scandale de la monnaie, NDLR]. Pooley et Tupy ont quant à eux élaboré l’analyse « temps/prix » qui nous aide à comprendre ce qu’il se passe vraiment. Comme le formule Gilder :

« Le temps/prix explique la réalité économique bien mieux que les analyses déformées des économistes conventionnels du gouvernement, avec leurs indices de prix à la consommation, subjectifs, leurs déflateurs de PIB et leurs suppositions sur la parité du pouvoir d’achat. »

Et voilà qu’ils sont passés de l’autre côté du couloir – or c’est un couloir important…

Le Meilleur des Mondes ?

D’un côté, on trouve ceux qui pensent que nous sommes dans le Meilleur des Mondes, magnifié par les progrès de la technologie et de l’expertise.

De l’autre – où se situe votre correspondant… solitaire comme un nuage – se trouvent ceux qui pensent qu’on est en réalité toujours dans le même monde ordinaire, où nous les humains commettons des erreurs et des péchés de manière plus ou moins régulière… et sommes sujets à des accès de folie collective de temps à autre.

Cela met votre correspondant en porte-à-faux avec quasiment tous les économistes universitaires, banquiers centraux, décideurs politiques… et les autres.

Ils pensent tous que le gouvernement doit dépenser plus d’argent pour « stimuler » l’économie… pour revigorer la « demande »… ou simplement pour créer plus d’inflation des prix à la consommation.

« Oubliez la dette », disent-ils… « C’est votre grand’père qui s’en soucie, pas nous ».

Ils pensent tous que nous sommes réellement entrés dans une grande et glorieuse nouvelle ère. Est-ce le cas ?

Nos banquiers centraux sont-ils plus sages que jamais ? N’avons-nous plus rien à craindre que les revendeurs de crainte eux-mêmes ? La technologie et l’innovation vont-elles nous sauver de nos dettes record… et aider notre économie à croître si rapidement que même des taux négatifs sembleront généreux ?

Nous verrons…

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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