Faites chauffer les hélicoptères !

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Par Bill Bonner Publié le 13 novembre 2019 à 4h17
Paul Volcker Fed Sauvetage Economie Usa

Les peaux de banane économiques et boursières se multiplient un peu partout : ce n’est qu’une question de temps avant la chute.

Nous sommes de retour en Irlande après une rapide visite en France pour la Toussaint. Nous sommes allés à l’église, avons renoué le contact avec voisins et amis, fleuri une tombe familiale… et sommes remontés dans l’avion.

Aucune différence

« Quelle que soit le candidat pour lequel on vote, ça ne fait pas la moindre différence, à mon avis », nous a dit un ami à dîner. Il parlait de la France, mais on pourrait en dire autant des États-Unis. « Les problèmes ne disparaissent pas simplement parce qu’on élit un nouveau venu ».

Notre ami exagérait. Les problèmes causés par un dirigeant peuvent être éliminés par les urnes… ou par l’échafaud.

Le problème, c’est que les principaux obstacles auxquels était confrontée l’économie US n’étaient pas causés par le président Trump. Il les a aggravés, mais ses opposants démocrates proposent des programmes encore plus idiots.

Après avoir pris la Maison Blanche sur un coup de chance, Donald Trump avait deux défis majeurs à relever. Il devait assainir le marigot (grâce à un budget équilibré et des politiques « normales » à la Réserve fédérale)… et il devait rappeler à l’ordre le complexe militaro-industriel et le Deep State (arrêter les gabegies, mettre fin aux guerres sans victoires). Il n’a fait ni l’un ni l’autre.

Les États-Unis continuent donc leur longue, tortueuse et imbécile descente aux enfers.

Mais au moins, c’est distrayant…

SoftBank et peaux de bananes

L’argent facile invite les accidents. Et chaque jour, nous voyons un crétin pompeux glisser sur une peau de banane. Que demander de plus ?

La semaine dernière, par exemple, nous lisions que le conglomérat japonais SoftBank – avec ses investissements « visionnaires » fantaisistes – obtient ce qu’il mérite. Bloomberg :

« Masayoshi Son révèle enfin les dommages causés au SoftBank Group Corp. par les paris sur WeWork et Uber Technologies Inc.

Le géant de l’investissement japonais a rapporté mercredi sa première perte opérationnelle trimestrielle en 14 ans – environ 6,5 milliards de dollars — après avoir dû déprécier une série d’investissements de haut vol. La société a dû absorber des frais de 497,7 milliards de yen (4,6 milliards de dollars) pour WeWork, dont l’implosion spectaculaire a transformé une start-up de bureaux partagés autrefois prometteuse en risée de la Silicon Valley. »

Une tendance qui va en s’accélérant

SoftBank venait en tête. Derrière elle doivent se trouver des milliers d’autres… égarés par l’argent bizarre des banques centrales, des taux d’intérêt faussés et leur propre vanité.

Ceux-là aussi devront trouver leurs râteaux, bouches d’égouts et peaux de bananes. Ray Dalio, fondateur du plus grand hedge fund au monde, en voit un certain nombre arriver :

« Tout cette dynamique consistant à jeter par la fenêtre la finance saine va continuer et probablement accélérer, surtout pour les pays à devise de réserve et leurs devises – c’est-à-dire les États-Unis, l’Europe et le Japon, et le dollar, l’euro et le yen. »

Dalio semble aussi voir l’escroquerie qui sous-tend les politiques de « relance » de la Fed :

« Parallèlement, dans la mesure où l’argent est essentiellement gratuit pour ceux qui ont de l’argent et sont solvables, il est essentiellement indisponible pour ceux qui n’ont pas d’argent et ne sont pas solvables, ce qui contribue au creusement des inégalités en termes de richesse, d’opportunités et de politique. »

En d’autres termes, les autorités sont la cause majeure des inégalités. Mais est-ce qu’un candidat, où que ce soit, propose de résoudre le vrai problème ? Bien sûr que non.

Et voici « le roi de l’obligataire », Jeffrey Gundlach, interrogé dans le journal Finanz und Wirtschaft :

« Le PDG de la société d’investissement DoubleLine s’inquiète du développement de la dette des entreprises. Les niveaux de dette gouvernementale et des marchés d’actifs US ne sont pas soutenables non plus. Selon Gundlach, les investisseurs doivent se préparer à de considérables perturbations.

M. Gundlach, que recommanderiez-vous aux investisseurs ?
Ils doivent se positionner pour le prochain retournement mondial, parce qu’il mènera à des changements substantiels sur les marchés.

Quand le retournement se produira-t-il ?
Peu importe qu’il arrive dans un an ou dans quatre. Si vous ne commencez pas à vous préparer maintenant, vous gagnerez peut-être plus tant que l’économie se porte bien, mais quel que soit le gain que vous en retirerez, il sera laminé par des problèmes affectant vos investissements lors de la baisse.

Comment faut-il se positionner ?
Les investisseurs devraient systématiquement réduire leur risque. Ils doivent être extrêmement diversifiés, et cela n’implique pas uniquement les actifs financiers. Vous devriez être propriétaire de votre maison si vous le pouvez, votre prêt immobilier réglé. Les gens ne devraient pas posséder d’actions s’ils ont un prêt hypothécaire.

A Washington, personne ne semble s’inquiéter de la dette et des déficits.
Ils ne s’inquiètent pas parce qu’ils pensent que la Fed va la monétiser. Peut-être ont-ils raison. Les gens ont abandonné l’idée que nous allons rembourser notre dette. Je ne pense pas que quiconque y croit. Je ne vois pas comment. La dette US est si élevée que pour la rembourser, nous devrions radicalement réduire nos dépenses.

Que se passera-t-il à la place ?
On pourrait créer de l’inflation au moyen d’un revenu universel de base. Cela dévaluerait tout. Ou on pourrait faire défaut sur les allocations sociales et de retraite. Ce sont les options [disponibles]. On en combinera plusieurs, peut-être qu’on augmentera l’âge d’éligibilité de 65 à 75 ans. Je ne sais pas ce qui va se passer, mais ce que nous avons actuellement n’est pas viable. La dette n’est pas viable. Les taux d’intérêts ne sont pas viables. Les inégalités empirent à chaque instant. On a déjà dépassé le point de viabilité, et lorsque la prochaine baisse se produira, il y aura beaucoup de colère et de troubles.

La baisse sera-t-elle le point de bascule de ces changements ?
Oui, parce que la misère sera visible pour une part considérable de la population. Ce sera plutôt intense, et en réaction, on imprimera de la monnaie. Lorsque Ben Bernanke a dit que nous n’aurions jamais de déflation parce que nous avons la planche à billets, et lorsqu’il a utilisé l’expression ‘de l’argent par hélicoptère’, les gens pensaient que c’était un euphémisme, une plaisanterie. Les gens pensaient que cela ne pourrait jamais se produire. A présent, nous avons des candidats qui font campagne sur ce thème. Kamala Harris en a une version, Cory Booker aussi. Andrew Yang en a fait le point central de sa campagne. »

Nous prédisons modestement qu’une fois arrivée la prochaine crise, quiconque est à la Maison Blanche… Trump, Warren ou la Reine de Saba… fera chauffer les hélicoptères et jettera encore plus de peaux de bananes.

Pour plus d'informations et de conseils de ce genre, c'est ici et c'est gratuit.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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