Le foncier agricole, un atout stratégique à protéger

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Par Thomas Bachelerie Publié le 1 mai 2016 à 5h00
Patrimoine Foncier Terrains Agricoles Protection
1 300Chaque semaine, 1 300 hectares d'espaces agricoles sont urbanisés.

Chaque semaine, plus de 200 exploitations agricoles disparaissent en France, notamment sujettes à des spéculations étrangères.

Chaque semaine, 1300 hectares d’espaces agricoles et naturels sont recouverts de béton et de bitume. Malgré différentes initiatives françaises et européennes, parmi lesquelles on peut citer la loi d'avenir pour l’agriculture l'alimentation et la forêt de 2014, les sociétés d’aménagement foncier et de développement rural (Safer), le constat de préservation du foncier agricole reste affligeant.

Des règles faciles à contourner

« Acheter 1 700 ha de céréales en France sans aucun contrôle, c’est possible », s’inquiète la FNSafer dans un communiqué. « Ni la commission des structures, ni la Safer ne disposent des moyens juridiques pour s’assurer que le projet d’acquisition réponde bien aux objectifs des politiques publiques. »

On observe en effet un nombre grandissant de cas d’accaparements du foncier agricole par détournement des règles ainsi mises en place, comme on a pu le voir récemment avec la cession de 98% des parts sociales d’une exploitation céréalière au profit d’un groupe chinois dans l’Indre. En effet, tant que 100% des parts ne sont pas cédées, les Safer sont notifiées, mais n’ont aucun moyen d’intervention.

Comme le rappelle Emmanuel Hyest, président de la FNSafer, « La France a encore la chance aujourd’hui de d’avoir une propriété foncière entre les mains de personnes physiques », mais l’accroissement de la « financiarisation de l’agriculture » est en passe de voir les cultures familiales devenir des cultures salariales.

Des initiatives pour se défendre

Pour contrer cette menace des investisseurs avides des terres françaises et européennes, on observe certains mouvements citoyens (Terres de Liens, Initiative pour la défense de l’Economie Européenne etc.), prônant la défense de notre territoire et de l’agriculture comme actif stratégique.

L’organe politique ne semble pas avoir encore pris conscience de la nécessité de préserver notre territoire agricole et de réagir face au constat de déperdition des terres agricoles et de l’augmentation du prix du foncier de presque 40% en 10 ans. Néanmoins, les agriculteurs et une partie des citoyens ont pris conscience de cette nécessité, et de l’importance que revêt l’agriculture.

L’agriculture n’est pas une simple activité économique et ne peut être simplement abordée simplement selon une logique de marché. L’agriculture ne peut être dissociée d’une logique territoriale, d’ou l’importance du maintien des terres agricoles. En effet, maintenir l’activité agricole sur un territoire donné permet d’y ancrer une activité économique ce qui favorise son entretien et empêche ce territoire de tomber en déshérence.

Nous ne pouvons plus aborder l’agriculture sans voir les logiques de territoire, d’emploi, d’attractivité, d’art de vivre, de santé, d’autosuffisance alimentaire, d’indépendances, environnementales et bien d’autres qui y sont liées. Nous devons ouvrir les yeux, car continuer de porter des œillères lorsqu’on aborde la question agricole nous empêchera de réaliser à quel point son maintien est vital pour notre futur.

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Thomas Bachelerie est Diplômé de la Toulouse Business School et actuellement en troisième cycle de spécialisation en Stratégie & Intelligence Économique. S'intéresse particulièrement aux problématiques liées à l'énergie, au spatial et aux technologies digitales.

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