Unilever contre Kraft Heinz : l’étape d’après

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Par Michel Delapierre Modifié le 6 mars 2017 à 23h36
Unilever Kraft Heinz 1

Le 17 février dernier, le géant mondial de la grande consommation Kraft Heinz (26,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires) faisait une offre à 143 milliards de dollars pour racheter un autre mastodonte du secteur, Unilever (52,7 milliards de chiffre d’affaires). Unilever rejetait sèchement cette offre, pourtant alléchante, estimant qu’elle ne présentait "aucun avantage, qu'il soit financier ou stratégique" pour ses actionnaires.

Depuis, le secteur de la grande consommation alimentaire est en ébullition

Paul Polman le PDG d’Unilever est désormais engagé dans une course contre la montre afin de convaincre les marchés, et ses actionnaires en priorité, qu’il a vraiment fait le bon choix en refusant l’offre de Kraft. En effet, une nouvelle tentative de rachat de Kraft n’est pas à exclure dans les prochains mois et les spéculations sur d’autres rapprochements entre groupes vont bon train.

Dans cette perspective, Unilever a lancé dès le 22 février une revue stratégique interne de grande envergure. Plusieurs pistes de réflexion sont à l’étude. La plus évidente serait la mise en place d’une politique drastique de réduction de coûts. Une autre initiative à caractère plus financier pourrait concerner un plan de rachat d'actions pour 10 milliards d'euros sur trois ans. Des analystes évoquent également la possibilité d’une vente de certains actifs non-essentiels ou qui ne rapportent pas assez d'argent. Enfin, une dernière option pourrait être la séparation nette les activités alimentaire et les activités d’hygiène et cosmétique. Quelque soit la ou les pistes retenues, Unilever va devoir bouger. Confronté à une baisse de la croissance dans les marchés émergents qui a réduit ses marges et ses bénéfices, le groupe est fragilisé. Une fragilité que Kraft Heinz a tenté d’exploiter à travers son OPA.

Unilever a résisté mais n’a plus le choix

L’entreprise doit, au plus vite, démontrer aux marchés sa capacité à dégager rapidement de la valeur.

Le sujet est d’autant plus sensible que depuis son entrée en fonction en 2009, le patron d’Unilever Paul Polman a insufflé une stratégie de long terme, un « modèle de durabilité » qui n’est plus guidé par la dictature des résultats trimestriels mais par une création de valeur responsable. Au fil des ans, Unilever a ainsi acquis la réputation d’une entreprise à la fois performante et soucieuse de développement durable. Or la pertinence financière de cette stratégie ne fait pas forcément l’unanimité et en particulier, elle semble avoir peu convainu Jorge Paulo Lemann le patron de 3G Capital, réputé pour être un « cost killer » aux méthodes radicales, associé à Warren Buffet au sein de Kraft Heinz.

L’affaire devrait connaître des rebondissements dans les prochains mois et au delà d’Unilever, c’est probablement un redistribution des cartes qui est en train de se jouer dans le secteur de la grande consommation alimentaire. Ce n’est pas un hasard si le cours de Nestlé a bougé à la hausse dès l’annonce du rejet d’Unilever.

Enfin, on peut aussi s’interroger sur les conséquences sociales de ces projets de mégafusion. Pour l’instant, le sujet n’a été évoqué par personne mais en France, où le groupe emploie plus de 2000 personnes, le souvenir des Fralib (Lipton et Eléphant) est encore vivace.

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